C'est officiel, Avantgarde Music mérite toutes les bénédictions du monde. Une distribution ne dépassant pas les cinq cents exemplaires à chaque album pour un groupe aussi talentueux, il y avait de quoi crier au scandale. Maintenant que DARKSPACE bénéficie d'une couverture honorable, attardons-nous sur leur deuxième album, en attendant le troisième, qui devrait sortir dans un peu plus d'un mois à l'heure où j'écris ces lignes.

La cuvée 2005 de DARKSPACE apparaît dans un format plus compact : Dark Space I était long, très long, Dark Space II est ramené à une durée tout de même importante de 54 minutes et s'étale sur trois longues pistes. La première et la troisième dépassent les vingt minutes et restent dans le style de l'album précédent, la deuxième est uniquement atmosphérique, délaissant la violence au profit d'une froideur bruitiste.

La recette ne change guère. DARKSPACE a visiblement préféré ne pas prendre de risques inconsidérés : parvenir à créer une musique aussi riche était en soi un exploit. Alors, au lieu de bouleverser le tout, le groupe consolide sa création, approfondit une facette atmosphérique encore perfectible auparavant. Dark Space II est moins agressif que son aîné, moins black metal, même. Les guitares abrasives et les cris à glacer le sang sont toujours de la partie, mais la batterie se fait plus réservée, les passages de pure violence deviennent plus rares. Pour autant, ces trois chansons n'en deviennent pas plus accessibles : le mur de son engendré par les guitares et les cris est presque labyrinthique, plus massif et sinueux que jamais, et de nombreuses écoutes sont nécessaires pour discerner chaque détail, ces détails qui permettent une attention constante, nécessaire au vu de la durée des morceaux.

DARKSPACE parvient donc à évoluer dans un domaine dangereux, à rendre crédibles ses expérimentations, s'autorisant des chansons dont la longueur constitue un défi. Et pourtant, l'ennui ne s'installe pas une seconde tant on est happé par cet univers à la force évocatrice prodigieuse. On distingue toujours aussi mal les paroles, les chansons n'ont toujours pas de titre. Qu'importe, la musique se suffit à elle-même, sans habillage aucun.

Difficile de s'étendre davantage, l'effet de surprise de Dark Space I est passé et les ingrédients restent fondamentalement les mêmes. Pourtant, Dark Space II est bel et bien supérieur. Plus mature, plus nuancé et recelant une deuxième piste dépassant le cadre limitatif du black metal. Un petit bijou de noirceur et de froid dont on attend la suite avec impatience.