Le groupe le plus original de l'histoire pour les titres d'album est de retour ! Le groupe qui a fait de l'asphyxie spatiale et des boîtes à rythmes cauchemardesques son pain et son beurre ! Le groupe qui, au contraire de sa vilaine manie de mal titrer ses disques, représente parfaitement son style avec son nom ! Le groupe qui, à moins de venir des mêmes lointaines galaxies dépeintes sur ses quatre briques, n'a pas besoin de se présenter en détails à vos oreilles. DARKSPACE, c'est du Black Atmo/Indus de l'Espace. Voilà.

DARKSPACE, C'EST l'Espace. Voilà.

DARKSPACE, c'est NOIR. C'est dense, intense, dément à la rigueur. C'est violent, mais si froidement « poétique » qu'il est inutile de crier au loup ; on n'a qu'à basculer confortablement et se laisser enchaîner à cette navette.

DARKSPACE, c'est un son singulier, créé par des atmosphères étouffantes, mais pas psychédéliques, car ces guitares et surtout, ce synthé, sont tout sauf abstraits. Ça ne prend pas des heures avant de piger leur truc. Et c'est peut-être une des raisons des succès de ce groupe underground suisse : annoncer très tôt ses couleurs, ici le noir décliné en diverses teintes, et plonger l'auditeur dans une expérience jamais entendue, respectueusement jamais copiée, donc non égalée. Tant mieux.

Oui, tant mieux, car je n'imagine pas deux monstres cosmiques cohabitant sur cette foutue planète. Car voyez-vous, DARKSPACE est lourd. Et un lourdaud, ça piétine. Déjà sur l'énorme "III", on sentait que la formule s'essoufflait malgré la grandeur de la création. Un album parfait dans son genre, qui nous foutait les jetons et nous impressionnait, nous soufflait jusqu'à nous réduire en miettes. Mais merde, il était difficile de croire que le trio arriverait à se renouveler et à trouver de nouveaux riffs, de nouvelles nappes de synthé mystiques qui décontenancent le plus résistant.

Force est de constater, avec une certaine joie pimentée de déception que j'avais tout vrai. DARKSPACE répète les mêmes canevas, le même son immense et saturé servi par une production minimaliste géniale. Tout est identique. J'ai reconnu des passages des skeuds précédents, c'est dire ! C'était si prévisible que c'en est comique. Un deuxième "III", qui lui, accentuait la recette de "II", qui lui, avait au moins le mérite de succéder à une surprise.

Alors qu'est-ce que le chroniqueur vous prescrit ? Si vous ne connaissez pas, vous serez comme les initiés au début : bouleversé. Ça va hurler à l'album de l'année ! Si vous êtes accroc, foncez, DARKSPACE répète les mêmes schémas, vous serez gâtés. Si vous êtes comme moi par contre, ce nouveau chapitre de la guerre des mondes version spatiale et dépressive ne vous fera ni chaud ni froid. Je ne considère pas que les Suisses ont évolué, non, ils fournissent seulement une énième démonstration de qualité.

DARKSPACE, c'est fort. DARKSPACE, ça emberlificote les neurones. Ça peut devenir malsain, dans tous les bons sens du mot. Mais comme toutes les drogues, son effet s'estompe.

Dans le fond, j'aurais pu écrire cette chronique il y a des années. Et la note aurait été la même, cruellement, fatalement. Et je me prends à souhaiter tel un gros égoïste que le groupe en restera là.