Un album parmi les premiers à unir le heavy post-revival et le hard FM léger, le tout relevé par une production aérienne. Et voila qu’un espoir insoupçonnable s’ouvre au monde. Encore deux albums de la même trempe, avec cette mixture mieux digérée qui étonne les oreilles, on parle alors de révélation. Et puis la chute. L’album qui semble démontrer que le groupe a déjà tout dit, que sa marge d’évolution a été rognée en quelques années. Une remise en question s’impose alors. Il faudra désormais sortir les albums avec des impératifs reconsidérés à la baisse, oublier ses velléités de conquête et fidéliser cette précieuse frange d’amateurs restée fidèle. Voila comment je conçois la démarche consentie par CRYSTALL BALL entre un « Virtual Empire » somptueux, un « Hellvetia » prétentieusement agencé et un « Time Walker » réajusté. Les Suisses ont buté sur une cote trop abrupte pour eux et l’album suivant est sorti comme un repenti. Non, CRYSTAL BALL ne tenterait plus d’atteindre ces sommets qui se sont refusés à lui. Oui, CRYSTAL BALL prolongerait sa carrière avec de nouvelles compos à la surprise ou l’enthousiasme délestés, mais à l’accroche et la séduction demeurées intactes. En toute simplicité. Voila.

Avec ce nouvel album, CRYSTAL BALL cristallise son savoir-faire, jette à ceux qui n’ont pas quitté le chemin quelques compos décomplexées et séduisantes. Comme ce « Minor Kexy » aussi simple que touchant, entre flânerie nostalgique et prise de conscience à moitié assumée. Le timbre chaleureux de Mark Sweeney constitue l’un des points forts de ce titre bien amené et intelligent dans sa gestion des rythmes et sa façon de varier les thèmes. « Destiny » procure des sensations identiques, à ceci près qu’il s’égrène à un rythme égal, presque répétitif, mais avec cette accroche naissante qui transforme la rengaine en entêtement. A leurs côtés, « Moondance » évolue dans un registre pas si éloigné, même si la rythmique plus sautillante aurait tendance à faire croire le contraire. Hard rock classique nanti d’un refrain typiquement speed mélodique, il séduit là encore dans sa capacité presque humble à peindre un paysage avec tout juste ce qu’il faut de couleur, tout juste ce qu’il faut d’effets. CRYSTAL BALL démontre toute son efficacité, s’affranchit du moindre gaspillage. Encore une fois, la nostalgie de temps meilleurs se ressent pleinement. Petite digression avec « Wings Of Firte » qui voit les Suisses se gonfler d’agressivité. Une agressivité somme toute légère mais que les musiciens et le chanteur en éclaireur n’hésitent pas à relancer par endroit. Enfin, je ne peux terminer ce rapide tour d’horizon des clefs de cet opus sans citer la power ballade « Dreaming Of You », petite perle de mélancolie, où Mark Sweeney chante sa peine avec une retenue exemplaire, presque de la pudeur. Une ballade qui évite le mélo, une ballade qui touche par sa simplicité, ça ne se refuse pas.

Un bon album pour un groupe toujours aussi agréable. Les retrouvailles régulières n’ont rien perdu de leur force, même si peu à peu, l’impatience de mettre le nouveau CD dans la platine a quitté la partie. Ce nouvel album des Suisses se découvre comme son prédécesseur et probablement son successeur. Il suffit de trouver un moment opportun fait de calme et de spleen vaporeux pour l’enclencher et redécouvrir une formation attachante, adroite et intelligente. Et quelques compos qui ne sont pas loin de s’avérer sinon bouleversantes, tout du moins émouvantes. C’est déjà beaucoup.

Note : 3,5 / 5