J’avoue, j’y ai cru au bon album de Metalcore.

Ca commençait de façon très convenable. Ca blastait bien, ça poutrait bien, ça arrachait bien ... C’est les trois meilleurs synonymes que j’ai trouvé pour « dévaster ». Les cassures de tempo s’enchaînent pas mal avec les gros riffs arrêtés donnant à cet album cet effet « mur de décibels pan dans ta gueule ». Evidemment, ça braille un peu pour rien et les refrains en chant clair gâchent un peu le paysage, mais ne sont-ce pas là les « codes » du Metalcore ?

« Wooouuéééé je suis quand même une ordure j’ai pas arrêté de casser des groupes de Metalcore puis finalement c’est un style comme un autre peut être l’avenir du Metal qu’est ce que t’en sais après tout puis même si y a plein de groupes à chier t’as quand même MASTODON qu’est un bon groupe un peu dans ce style-là puis maintenant CALIBAN qu’est pas mal c’aurait pu être pire merde à la fin »

Le problème avec les albums qui commencent avec leurs trois meilleurs titres, c’est que le reste a de fortes chances d’être décevant. Et The Awakening ouvre avec ses trois meilleurs morceaux. L’enchaînement “I Will Never Let You Down”, puis “Let Go” sur “Another Cold Day” déboite pas mal. De quoi être confiant pour la suite. De là à dire que le groupe est inspiré, faudrait s’accorder sur la définition de ce mot parce que CALIBAN est aussi « novateur » que Michel Drucker est objectif.

CALIBAN fait du travail honnête. Les riffs ne sont pas sortis de la Cuisse de Jupiter (dans le genre « mammouth » MACHINE HEAD est déjà passé par là il y a plus d’une décennie). Mais c’est pas bien grave. On peut sans rougir se contenter de cet album de bonne facture, carré avec option « gros son ». The Awakening peut très bien s’écouter en faisant autre chose. Tenez, la dernière fois que je l’ai écouté, je surfais sur un site d’oenologie. C’est passionnant le vin. Enfin bref, avec le nouveau CALIBAN ce qui est bien, c’est que vous pouvez l’écouter tout en lisant un truc sans trop risquer de voir votre attention se détourner.

Evidemment, une fois la moitié de l’album passée, la lassitude vous gagne progressivement. Faut dire que CALIBAN ne varie pas des masses sa recette. Ca manque de relief. Vous allez me dire que c’est facile de critiquer et de dire des méchancetés, bah non c’est pas facile. Je vais être constructif : ça manque d’émotions, de vrais riffs, de bonnes mélodies. Il était peut être temps de trouver un juste milieu (ou une alternative) entre le chant clair de tapettes et le mec qui braille. Puis bon, l’imitation de PLACEBO sur le bonus track (« I See The Falling Sky » avec Anders FRIDEN en guest) : c’est pas gentil de se moquer. Ca va que le titre est destiné aux japonais.

Pourtant, ils ont essayé de varier un peu les mecs de CALIBAN. C’est juste que deux ou trois samples en fond et un passage un peu atmosphérique ne constituent pas des innovations suffisantes face à l’immensité du chantier. C’est la bonne qui astique les cuivres du Titanic. Innovation doit rimer avec Inspiration. Et cohérence pendant qu’on y est poil au nez.

A croire que le Metalcore est un genre intrinsèquement décevant.

Note : 2,5 / 5

Morceaux préférés : (les trois premiers) "I Will Never Let You Down" "Let Go" et "Another Cold Day".