Jusqu'à Bannkreis, les albums de SUBWAY TO SALLY constituaient de bons divertissement, mais ne faisaient d'ombre à personne.
Jusqu'à Bannkreis, les trouvères allemands apparaissaient comme des amuseurs forts sympathiques, tout au moins intéressants et à vrai dire loin d'être de trop.
Jusqu'à Bannkreis, c'était pas encore gagné pour l'Allemagne.

Difficile pour moi de faire la chronique d'un opus au moins indispensable, si ce n'est fondamental, que je considère comme un pied de table (je me suis dit que "pierre angulaire" faisait cliché). Difficile, car il est difficile de faire paraître pour supra-élémentaire un groupe que peu de monde connaît ; et ce non parce que STS est underground, mais plus parce que sa signature en major, et aussi peut être son léger désintéressement à la conquête, auront malheureusement évité à la formation de s'acquérir des soutiens forts parmi les fans du VERITABLE genre dans lequel ils opèrent (car il faut noter que les labels le classent dans "Metal Gothique", cherchez l'erreur).

Fort d'une variété rythmique notable, accentuant une limpidité toute nouvelle qui se ressent dans les instruments à vocations métalliques, composé avec un vrai sens du détail, toujours interprété avec brio et originalité par un Eric Fish complètement en déça des voix stéréotypiques du Folk et du Metal, ce Bannkreis est un peu le rejeton rejeté, boudé ou ignoré d'un bataillon qui aurait pourtant à mes yeux bien peu d'intérêt sans lui, et qui détient plus d'un argument pour fasciner.
L'on se retrouve dans un univers médiéval, où défilent des mélodies puisées dans différents types de musiques folkloriques, autant occidentales qu'orientales ("Kruzifix" pour le plus net), avec évidemment à l'appui une panoplie d'instruments toujours très complète (des percus aux violons, en passant par les différents instruments à cordes et toute la famille des binious et co). N'ayant pas un savoir absolu sur les différences entre chaque folklore local, je me vois incapable de vous donner plus de précisions sur lesdites influences, mais peu importe, le résultat est là, d'une richesse rare, tant d'un point de vu émotionnel qu'"objectif".

Des "Unterm Galgen" ou "Liebeszauber" font écho aux précédents albums, l'on sent pourtant une vraie détermination à ne pas tomber dans la facilité du "festif/naïf". Avec une manipulation plus sûre d'un corps Metal bien plus puissant, au son porteur, SUBWAY TO SALLY joue magnifiquement avec les contrastes, explore avec aisance des facettes révélatrices d'un genre qui à l'époque n'était pas encore des plus affirmés. "Ein Baum" est berçant autant qu'il apparaît dansant et ravive quelques souvenirs nostalgiques. Lumineux, mais marqué d'une touche plaintive très délicate et subtile. "Das Rätsel" est aussi percutant que moyen-âgeux. "Syrah" et ses voix angéliques, ses guitares aux cernes pendantes, terminent un album que je n'ai pas envie de décrire dans les moindres détails, tant il me semble capital de le vivre, tant il coule de source, tant il m'apparaît frappant de pertinence, de naturel, et comme il me paraît stupide de le segmenter alors qu'il donne l'impression très étrange d'un tout solide.

Des albums de Folk Metal comme celui-ci, j'en connais très peu, avec un répertoire varié, une vraie énergie, une force créatrice se perfectionnant dans les nuances, empêchant tout gage d'hétérogénéité de type "gros-partage-en-couilles-incohérents". Ancré définitivement dans des influences Metal désormais indispensables au groupe, qui se découvre au fil des écoutes…bref, qui a toutes les qualités pour plaire.

Essentiel, tout simplement.