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ISIS - In The Absence Of Truth (2006)
Par VIVI le 29 Janvier 2007          Consultée 7008 fois

Mes chers compatriotes, je suis en ce jour dans l’obligation de vous annoncer une bien triste nouvelle. Depuis Oceanic en 2002, tout semblait aller pour le mieux chez les post-coreux d’ISIS. Tout était beau et parfait dans leurs productions. Pas une seule faute de goût, pas un seul écart de conduite. Non, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Logiquement, je n’étais pas spécialement inquiète pour la sortie de In The Absence Of Truth, leur nouvel album. Je l’attendais avec impatience, mais sans inquiétude. Mais après l’avoir écouté en boucle pendant des semaines, je dois vous annoncer le pire: In The Absence Of Truth est une terrible déception, un disque fade, presque inconsistant. In The Absence Of Truth m’a ramené aussi sec sur terre que Panopticon m’avait élevé au-dessus de la stratosphère.

Et pourtant, tout avait bien démarré. Pas l’once d’un brin d’inquiétude ne m’a interpellée à l’écoute de « Wrists Of Kings ». Batterie mise en avant, à la couleur organique (d’ailleurs je dois reconnaître que le jeu de batterie est un des points forts tout au long de l’album), claviers aériens et froids, embranchements multiples, sensation d’évasion et gros lâché de guitares sur la fin avec double pédale à l’appui : « Wrists Of Kings » sent à plein tube la suite logique de Panopticon et avec beaucoup de réussite. J’enchaîne donc la suite sans trop d’appréhension : « Not In Rivers, But In Drops ». Et curieusement, une petite pointe de frustration commence à poindre : la guitare se veut résolument orienté post-rock : elle joue sur la clarté du son, ce qui n’est pas sans rappeler un certain EXPLOSIONS IN THE SKY. Le riff gras et si personnel d’ISIS est donc relégué au second plan, ce qui me manque allégrement compte tenu de la marque de leur riff. Ce qui me surprend ensuite, c’est que si Aaron Turner a un très bon chant hardcore, son chant clair l’est beaucoup moins : hésitant, peu mélodique et peu expressif. Et pourtant, il en abuserait presque sur ce titre. « Rien de bien grave » me dis-je, le titre est juste moins bon que le précédent. D’ailleurs, « Dulcinea » viendra dissiper tous mes doutes. C’est probablement le grand titre de ce disque et résolument un très grand titre d’ISIS. Un morceau à l’envergure imposante avec une batterie très engagée, et un excellent équilibre entre les parties claires/saturées et calme/explosion.

Alors, mes chers compatriotes, vous devez vous dire, que pour l’instant, le disque commence sur les chapeaux de roue et que le reste doit suivre. Mais non justement, car c’est à partir de « Over Root And Thorn » que ça se met à sentir le pâté. Disparition quasi-totale du riff saturé et donc abus de guitares claires, mais aussi déséquilibre flagrant entre le temps de la montée en puissance et l’explosion en elle-même. On sait que le combo aime prendre le temps de poser une ambiance pour mieux la décupler sur les dernières minutes. Ici, on sent toujours cette marque de fabrique, mais boudiou, que c’est mal exploité ! « Over Root And Thorn » est la chanson la plus symptomatique de ce défaut récurrent à l’album.
Les mélodies se fondent en un terreau propice à l’explosion, les crescendos sont longs et préparent l’auditeur à une dose d’adrénaline finale jouissive. Et au moment où l’on se croit libéré, c’est une mini-éjaculation de guitares, une pichenette ridicule qui vous éclaboussent à peine. Le son commencera alors un long chemin vers les abîmes de la banalité, qui ne sera pas forcément rattrapé par des maladresses en tout genre : filtre électronique hideux sur la voix d’Aaron Turner (« 1,000 Shards »), pistes d’aération creuses avec « All Out Of Time, All Into Space », et « Firdous E Bareen » qui trouve tout de même le moyen de faire du remplissage pendant presque 8 minutes ! >_<
Dans cette marre d’approximation, « Holy Tears » semble être une des rares survivantes de ce que ISIS fait de mieux (avec les morceaux en début de disque) : un riff gras et accrocheur, utilisation du chant clair largement plus justifié que sur les autres titres, et surtout un final très bien amené, à la fois puissant et rageur. Quant à « Garden Of Light », elle est un regain d’espoir qui combine de façon judicieuse les nouveaux éléments mis en place par le combo.

Alors mes chers compatriotes, je sais que certains d’entre vous ne seront pas d’accord avec moi, car au vu des différentes critiques, In The Absence Of Truth suscite la polémique. En revanche, tout le monde semble d’accord sur la grossièreté de l’artwork, un des plus moches qu’il m’ait été donné de voir depuis bien longtemps.
ISIS, qui semblait avoir trouvé sa personnalité vient de balayer toutes ses qualités majeures en même pas neuf titres. Car à force d’emprunter divers chemins toujours plus alambiqués, on n’en vient à ne plus suivre ses propres embranchements à force d’en créer de nouveaux. ISIS m’a tout l’air de s’être perdu en route et n’arrive plus à retrouver la case départ. Leur son s’est foncièrement banalisé au profit d’une évolution post-rock classique comme beaucoup de groupes actuels le font.
En ce sens je n’ai pas envie de jouer la carte de l’indulgence, ce n’est pas quatre bonnes pistes qui vont sauver les meubles. Même si je reconnais des qualités à In The Absence Of Truth (le jeu de batterie notamment), il est dans son ensemble bien trop bancal, inconsistant, frustrant et en deçà de ses grands frères. Et pour toutes ces raisons, le groupe écope d’un vilain 2/5 mention « chiant ».

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   VIVI

 
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- Aaron Turner (guitare, chant)
- Ichael Gallagher (guitare)
- Bryant Clifford Meyer (claviers, guitare)
- Aaron Harris (batterie)


1. Wrists Of Kings
2. Not In Rivers, But In Drops
3. Dulcinea
4. Over Root And Thorn
5. 1,000 Shards
6. All Out Of Time, All Into Space
7. Holy Tears
8. Firdous E Bareen
9. Garden Of Light



             



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