Avant de sortir son premier album, ISIS a un peu enchainé les EPs. Le premier méfait en date fut l'écrasant "The Mosquito Control" suivi de près, un an plus tard, par ce petit "Sawblade" sur lequel il n'y a en fait pas grand chose à dire.

Quand on sait qu'ISIS deviendra une référence dans le Sludge Atmosphérique, cela fait toujours un peu étrange de tomber sur ses enregistrements plus anciens et encore plus celui-ci je dois dire. Non pas qu'il soit particulièrement violent, mais sa tracklist en surprendra plus d'un. "Sawblade" est en effet composé de deux morceaux assez axés Drone (Doom) et de deux reprises de deux groupes non moins cultes : GODFLESH et BLACK SABBATH. La reprise de "Streetcleaner" de GODFLESH est selon moi du même niveau que l'original, si ce n'est meilleure : une batterie totalement malmenée, Turner ne ménage pas sa voix et envoie lui aussi du pâté au milieu de tout ce vacarme de guitares et de distorsions. Lourd, monolithique et presque tribale ici, la chanson des parrains de l'Indus se fait encore plus apocalyptique qu'elle ne l'était au départ, terrassant l'auditeur, le mettant à terre sans ménagement. Le pire c'est que c'est addictif cette merde !

Alors quelques-uns faisaient déjà les gros yeux pour GODFLESH mais vous devez être nombreux à avoir pris peur quand vous avez vu que le combo reprenait une chanson de BLACK SABBATH : "Hand Of Doom". Et bien messieurs, dames, sachez qu'elle est en réalité très réussie ! ISIS insuffle une sorte de groove totalement destroy et un son de gratte qui croustille sous les frappes de cymbales. Titre presque décadent, auquel la production qui paraîtra un peu approximative ne fait que rajouter un charme fou (merci Kurt Ballou). Ça riffaille, ça chante clean (B. C. Meyer au chant) et ça contraste carrément avec la folie apocalyptique d'avant. Sans compter que le groupe rallonge un poil le morceau, originalement de sept minutes (ici de huit), agrémenté d'un solo qui résonne entre deux baffes sonores en provenance de la batterie (surmixée comme d'habitude mais on l'aime bien comme ça). Le titre clopine, rongé par les accords acides de Turner et Gallagher.

Alors bon ouais ces deux titres démontent pas mal. Mais c'est sans compter l'opening track et la dernière chanson de plus de dix minutes. Toutes deux très orientées "Drone (Doom)" et qui sont très loin d'être captivantes. Le premier titre, plutôt "court" fait tourner un riff lourd durant toute sa durée, pas si moche que ça, elle a le mérite de nous immerger directement et de nous tranquilliser (certains diront "endormir") avant le déluge de décibels à venir. Quant à la dernière piste, "House Of Low Culture", elle déballe un Drone inoffensif et loin d'être vraiment évocateur... qui se mue toutefois lentement en une avancée larvesque et crépitante aux tintements étranges mais pour le moins pas passionnante. Pour la petite anecdote, "House Of Low Culture" est aussi le nom du side-project Dark Ambient / Drone d'Aaron Turner qui a vu le jour en l'an 2000.

En définitive, un EP qu'il faut quand même avoir écouté une fois en entier, on se contentera des deux reprises ma foi fort sympathiques pour les écoutes suivantes. Et un EP juste pour deux reprises et deux morceaux Drone c'est assez faiblard quand même, quelque soit la qualité des reprises.

Note réelle : 2,5/5.