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HEAVY METAL  |  STUDIO

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1990 2 Tattooed Millionaire
1994 2 Balls To Picasso
1996 1 Skunkworks
1997 2 Accident Of Birth
1998 1 The Chemical Wedding
2005 1 Tyranny Of Souls
2024 2 The Mandrake Project

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2001 The Best Of Bruce Dickinson

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2006 Anthology
 

1990 Tatooed Millionaire
1994 Balls To Picasso
1996 Skunkworks
1997 Accident Of Birth
1998 The Chemical Wedding
2005 Tyranny Of Souls
2024 The Mandrake Project
 

- Style : Machine Men, Blaze Bayley
- Membre : Iron Maiden, Samson, Rock Aid Armenia, Gogmagog, Smith/kotzen

Bruce DICKINSON - The Chemical Wedding (1998)
Par DARK BEAGLE le 28 Mars 2024          Consultée 2778 fois

Bruce DICKINSON bat le fer tant qu’il est encore chaud. À peine la claque administrée par "Accident Of Birth" a cessé de cuire la joue qu’elle a frappée, voilà que Air Raid Siren en administre une autre et cette fois-ci, sans le moindre ménagement. "The Chemical Wedding" est un disque fort, pour ne pas dire impressionnant. Cependant, il ne faut pas s’arrêter sur sa pochette ou se délecter de son contenu de façon informelle, il s’agit d’un album qui mérite une exploration approfondie de la part de l’auditeur qui, en creusant, va découvrir un univers d’une richesse insoupçonnée.

J’ai un attachement plus que certain pour ce disque. La pochette m’avait tout de suite interpelé à sa sortie. L’utilisation de "Ghost Of A Flea", une peinture de William Blake, n’y est pas étrangère, il s’agit d’un artiste que j’aime beaucoup. J’allais passer un BTS et mon professeur de français voyait très bien que la poésie française rentrait par une oreille pour rapidement prendre la fuite par l’autre ; aussi m’avait-il passé deux recueils, le premier de Lord Byron, le second de William Blake. Et là, je ne sais quelle magie opéra, mais j’appréciais les vers, cette langueur crépusculaire nimbée de mysticisme et d’une certaine ferveur religieuse pour le second qui m’intriguait alors que je ne suis pas adepte des bondieuseries. Je suis progressivement entré dans l’univers torturé du poète, entre un symbolisme chrétien et une fantasmagorie pré-lovecraftienne au niveau de son art graphique. Aussi, cette pochette d’album que tout le monde autour de moi trouvait laide représentait une sacrée promesse de la part de l’ancien chanteur de la Vierge de Fer.

Et cette promesse a été tenue. Outre son aspect très Heavy, c’est l’ambiance que dégage ce disque qui fait mouche. Dickinson verse dans un occultisme bien moins crétin que celui de VENOM, avec une bonne dose de mysticisme. Ce n’est pas vraiment une surprise de sa part, on se souvient aisément de certains sujets qu’il a déjà abordé au sein d’IRON MAIDEN ("Revelations", "Powerslave") et qu’il survolait déjà sur ses précédents essais solo (enfin, nettement moins sur "Tattooed Millionaire"), il livre là des textes finement ciselés, n’hésitant pas à reprendre le poème "Jerusalem" de Blake et d’y rajouter quelques lignes de son cru. D’ailleurs, Bruce a fait valider les textes de l’album par la William Blake Society vu qu’il y fait référence à plusieurs reprises. Il va nous parler d’alchimie, de religion, explorer des voies plus ésotériques et proposer un opus vraiment très exigeant.

Cela commence déjà par la musique. Si "Accident Of Birth" avait quelques accents Maidenesques très perceptibles, celui-ci va encore en avoir, mais bien moins. Adrian Smith est toujours de la partie et il assure cette patine mélodique qui lui est propre. Le « dynamic duo » qu’il forme avec Bruce fonctionne toujours merveilleusement bien, leur complicité est indéniable sur "Killing Floor" et "Machine Men" qu’ils ont écrit en collaboration. Sinon, c’est Roy Z qui impose sa patte et en compagnie de Bruce, il va varier le propos, jouant très grave, lorgnant parfois du côté d’un BLACK SABBATH de la grande époque, se montrant résolument moderne dans son approche. L’album est dense, oppressant, les rythmiques sont lourdes mais elles font montre d’un certain groove malgré tout. Et surtout, c’est sombre. Très sombre.

"King In Crimson" annonce la couleur si je puis dire. Au détour d’un riff que n’aurait pas renié Tony Iommi, Bruce commence à dévoiler l’univers de ce disque foisonnant et riche, il enchaîne avec un title track magnifié par des guitares soignées, "The Tower" viendra encore proposer quelque chose de différent, avec un refrain superbe sur lequel Dickinson montre toute l’étendue de son talent. Mais c’est bien sur les pièces les plus longues, les plus ambitieuses, que ce talent explose littéralement. "Book Of Thel" est une petite merveille, qui libère des élans épiques entre ses parties calmes et ses cavalcades Heavy, "Jerusalem" dégage une ambiance médiévale de toute beauté, que la partie plus traditionnellement Metal ne parvient pas à éclipser, "The Alchemist" apporte ce côté dramatique que Dickinson aime bien placer en fin d’album. D’ailleurs, encore une fois nous pouvons remarquer qu’il a conservé quelques-uns de ses meilleurs titres pour la seconde partie du disque, quand la majorité des groupes font l’inverse.

Nous assistons donc à une belle montée en puissance tout le long. Les musiciens sont parfaitement à leur place, Bruce est impérial derrière le micro et "The Chemical Wedding" vient brasser son lot d’émotions, portées par les ambiances très travaillées. Si "Accident Of Birth" se voulait plus varié et, quelque part, plus direct, celui-ci joue sur l’alchimie des paroles en corrélation avec la musique, ainsi que sur le mysticisme induit par l’omniprésence de l’œuvre du Blake sur l’album. Nous pouvons bien entendu en faire abstraction, l’ignorer totalement, d’autant plus lorsque nous sommes ignorants de l’œuvre, ce qui n’est pas une tare, l’auteur étant rarement, pour ainsi dire jamais prescrit pour les lycéens. Mais quand nous sommes réceptifs ou que nous avons lu la prose du poète, de nouvelles portes de compréhension s’ouvrent à nous, ainsi qu’un plongeon dans des abîmes spirituels bien définis.

Il y a plus d’ambition dans n’importe quel morceau de ce disque que dans l’intégralité de "Brave New World", qui sonne bien générique à côté. En solo, Bruce jouit d’une plus grande liberté et il ne se fixe pas d’œillères, il a la possibilité d’affiner ses idées, de tenter des choses, de s’approprier des ambiances et des motifs qu’il avait initié au sein de MAIDEN dans les années 80 ; il récupère son propre héritage pour construire des compositions marquantes et variées où il est libéré des carcans imposés par la Vierge de Fer, ou au moins par la vision de Steve Harris. J’avoue également que l’absence de Derek Riggs et de son Edison, mascotte ratée reprenant les attributs de Mr Punch n’est pas pour me déplaire, l’artiste n’arrivant plus à développer des illustrations marquantes depuis des années.

Avec "The Chemical Wedding", Dickinson flatte notre imagination et notre intelligence en offrant un album audacieux et complexe sans pour autant être cryptique. Il s’agit ni plus ni moins d’un chef d’œuvre, qui rivalise aisément avec les grands disques d’IRON MAIDEN. Varié, aventureux, riche en références, cet album. Bien entendu, Bruce n’est pas le premier artiste à rendre hommage à William Blake dans le domaine de la musique, mais il est peut-être celui qui en aura livré la vision la plus juste, mystique et grandiose. Un disque de partis-pris courageux et gagnants.

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Par JULIEN




 
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   (2 chroniques)



- Bruce Dickinson (chant)
- Adrian Smith (guitare)
- Roy Z. (guitare)
- Eddie Casillas (basse)
- Dave Ingraham (batterie)


1. King In Crimson
2. Chemical Wedding
3. The Tower
4. Killing Floor
5. Book Of Thel
6. Gates Of Urizen
7. Jerusalem
8. Trumpets Of Jericho
9. Machine Men
10. The Alchemist
11. Return Of The King



             



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