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- Style : Saligia, Djevel

TAAKE - Over Bjoergvin Graater Himmerik (2002)
Par POSSOPO le 16 Décembre 2006          Consultée 12485 fois

Que le ciel pleure sur Bergen ! Pour peu qu’on connaisse le vieux norvégien, et c’est déjà beaucoup, on pourrait s’attendre à un disque gris et archaïque, empli d’une triste mélancolie. Gris mais anthracite, triste mais revanchard, mélancolique mais barbouillé à la haine. Archaïque, oui. Car TAAKE constitue cette relève que les vieux gardiens du temple n’attendaient peut-être plus. Elevé au bon grain de Norvège, TAAKE se pare de tous les attributs nécessaires pour prendre place dans la glorieuse guérite. Son maquillage est outrancier, son œuvre produite aux studios Grieghallen, responsables du son d’une armée de disques référentiels dans le monde du black metal. Il respecte et rend hommage à ses origines (le titre de ce nouvel album, le nom même du groupe qui évoquerait le brouillard encerclant les sept montagnes de sa ville natale). Il possède, autre atout majeur afin de ne pas totalement sombrer dans l’oubli une fois sa garde terminée, son petit truc à lui et rien qu’à lui, qu’il chérit à la manière d’un doudou humide, TAAKE s’intéresse aux runes. Deux de ses membres ont même récemment fait de la prison, afin que la prochaine copie rendue soit encore plus parfaite. Ceux qui s’inquiétaient du dépérissement d’un genre musical peuvent donc souffler. Les trentenaires partis voguer vers de nouveaux horizons tous différents, le petit nouveau a les épaules suffisamment larges pour permettre la survie de l’espèce.

Il faudrait faire preuve d’une plus grande précision. Auquel des plus valeureux guerriers scandinaves TAAKE ressemble-t-il le plus ? Comme tout combattant de valeur présente avant tout sa propre personnalité, la question relève de la colle. Ulvhedin Høst, tête pensante et unique membre permanent d’un orchestre au line-up terriblement instable, n’emprunte son caractère à personne. Je ne me permettrais donc de n’évoquer aucun nom, je n’oserais pas parler des courtes similitudes que présente cet art nouveau avec le travail d’EMPEROR.

Le respect absolu de l’orthodoxie black ne doit pas empêcher les forces créatrices de voguer en tous sens, TAAKE l’a compris et les brides qui engonçaient "Nattestid Ser Porten Vid" dans une doctrine peut-être un peu étroite ont été intelligemment arrachées. Le chemin est désormais plus tortueux, les écarts nombreux et toujours savoureux. Le premier album n’aurait pu accueillir une guimbarde qui fait naître un léger sourire à l’écoute de la troisième plage mais dont on comprend assez vite le sens de la présence. Celle-ci apporte une odeur de démence à un titre aussi particulier que tous les autres. Car chaque morceau se suffit à lui-même, chaque morceau débite un propos différent et original sans, qu’à aucun moment, une désagréable impression de melting-pot mal agencé puisse ne serait-ce que nous effleurer l’esprit pour identifier ce formidable ouvrage. Même constat pour la plage introductive et ses claviers que ne pourraient renier nos chers amis de DEMO BURGER. Et là encore, une demi grimace laisse place à une parfaite reconnaissance de l’à-propos de la chose. Comment ne pas dire deux mots sur une dernière fantaisie délicieuse, la dernière partie de la quatrième plage, danse frénétique et extravagante qui a tôt fait de remuer les corps les plus amorphes ? Et la suite n’est que malice, riffs astucieux et écriture remarquable, la fin un sanglot magnifique.

"Nattestid Ser Porten Vid" était sous noté mais sa linéarité ne m’avait pas définitivement convaincu. Cet opus marque une évolution sensible et sait conserver dans un même élan une ligne de conduite irréprochable. Je me dois donc cette fois d’applaudir et de quitter ma traditionnelle moue boudeuse. L’avenir du black metal n’est finalement peut-être ni dans le viking, ni dans le cyber, ni dans n’importe quel cirque improbable. L’avenir du black metal ne réside peut-être même pas dans un quelconque pays d’Europe orientale. Enfin si, mais cet artiste racé a failli un quart de seconde me faire changer d’opinion, sacrée performance.

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- Høst (vocaux, guitare)
- C. Corax (guitare)
- Keridwen (basse, piano)
- Mutt (batterie)


1. Over Bjoergvin Graater Himmerik I
2. Over Bjoergvin Graater Himmerik Ii
3. Over Bjoergvin Graater Himmerik Iii
4. Over Bjoergvin Graater Himmerik Iv
5. Over Bjoergvin Graater Himmerik V
6. Over Bjoergvin Graater Himmerik Vi
7. Over Bjoergvin Graater Himmerik Vii



             



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