Le troisième album passe pour être celui qui marque la maturité d’un groupe. Dans le cas d’ELVENKING, je suis au regret de dire que ce n’est pas tout à fait le cas… étant donné que « Wyrd » témoignait déjà d’une maturité et d’une maîtrise excellentes. Et « The Winter Wake » s’inscrit dans la continuité parfaite du précédent opus : ELVENKING continue de nous enchanter avec son heavy teinté de folk, parfaitement exécuté, et s’éloignant du côté festif et « gnan-gnan » de formations comme TUATHA DE DANANN par exemple, même si par ailleurs j’apprécie ce dernier groupe. C’est juste que le côté « happy métal » à tendance à me lasser à la longue, et je pense ne pas être le seul dans ce cas. Au contraire, « The Winter Wake » tourne sur ma platine depuis 2 mois et c’est toujours un ravissement.

Je parlais plus haut de continuité avec « Wyrd », mais n’allez pas penser pour autant que ce nouvel album n’est qu’un copier-coller de son prédécesseur. Au niveau du chant, on note le retour de Damnagoras qui reprend la place occupée par Kleid sur « Wyrd », et malgré la performance vocale tout à fait honorable de Kleid à l’époque, c’est un vrai bonheur pour moi de retrouver le timbre plus ‘personnel’ de Damnagoras, qui fait des merveilles sur les alternances de chant entre la douceur et un côté plus «abrasif» (« Swallowtail » par exemple).
Ce qui me plaît le plus chez ELVENKING, c’est leur façon tout à fait personnelle de donner un cachet unique à leur musique ; autant la matière de base – heavy et folk – peut donner lieu à des mariages plus ou moins heureux, autant ce groupe parvient à traiter cette matière de manière à éviter les poncifs et à créer une musique fraîche, entraînante et très prenante. Ainsi, la recette de base, mélange efficace de riffs mélodiques ou agressifs avec des instrumentations folk, principalement le violon de l’excellent Elyghen, qui soutiennent la base heavy ou l’aèrent par des breaks bien sentis, l’ensemble conférant par un délicieux contraste une variété au sein de l’album et des morceaux tenant à l’écart tout ennui.

Les riffs énergiques et aisément mémorisables, les refrains prenants et soutenus par des chœurs masculins s’impriment facilement au fond de nos crânes (« The Rats Are Following », « Trows Kind », « Devil’s Carriage » ; …) donnent une pêche d’enfer à la musique ; la variété est assurée par quelques petites douceurs comme l’intro aux synthés de « The Winter Wake », par ailleurs un de mes titres préférés, ou par la ballade « On The Morning’s Dew », à la guitare acoustique, au violon et à la flûte, merveilleusement folk et emmenée par un duo entre Damnagoras et une très jolie voix féminine.

Il est dommage que cette belle créativité et ce talent soient entachés par quelques fautes de goût, à savoir les trois derniers titres qui, quoique agréables, m’ont peu marqué; le chant sur « Rouse Your Dream » et la mélodie du refrain sont magnifiques, le refrain et le break de « Neverending Nights » sont sublimes également, mais le reste des titres ainsi que « Disillusions Reel » (encore un chant superbe) sont malheureusement en deçà de la qualité des morceaux du début de l’album, même si l’ensemble reste, je le maintiens, très agréable.

Pour ne pas finir sur une note négative, le son est d’une excellente qualité et la pochette une des plus belles des pochettes métal de ces dernières années à mon goût. Et une dernière fois, le chant de Danmagoras est vraiment génial :)

En conclusion, un excellent album à se procurer d’urgence pour les fans du groupe, de métal folklorique et de heavy en général.