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- Style : Aura Noir
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GEHENNA - Ww (2005)
Par JULIEN le 29 Janvier 2006          Consultée 4078 fois

Trajectoire singulière que celle de GEHENNA : Se lançant d’office dans la trilogie des « Spells », qui le verra durcir progressivement le ton depuis son premier Ep de Black atmosphérique mid-tempo dominé par les claviers (« First Spell ») jusqu’au magistral et déjà plus corsé « Malice (Third Spell) », en passant par l’étape intermédiaire de l’excellent « Seen Through The Veils Of Darkness (The Second Spell) », GEHENNA semblait suivre une voie « logique » : les claviers s’asséchaient sans disparaître, les guitares prenaient des biceps, la brutalité s’invitait de plus en plus fréquemment… Du coup, l’on pouvait concevoir que le groupe, refermant sa trilogie Black, en viendrait à flirter avec le Thrash et le Death (le terrible « Adimiron Black »), avant de mordre très franchement sur le territoire du Metal de mort et négliger les claviers (« Murder »). La carrière de GEHENNA finissait ainsi par se prêter à l’exercice de la vaticination. Jusqu'à « WW » !

Là où, en effet, il eut été légitime de supputer une exacerbation du caractère massif et rudoyant de « Murder », et guetter de ce fait un album 100 % Death Metal, GEHENNA négocie un virage radical et s’enfonce tout droit... dans une tourmente Black norvégienne ! Oubliez les guitares chargées à la testostérone, les basses envahissantes et les antres caverneuses pour karaoké pré-historique. GEHENNA se barbouille de cendres et nous emmène avec lui au sein de l’enfer de la guerre… « WW » pour World War ? A scruter la pochette terreuse et à y déceler bellicistes et silhouettes d'avions larguant leur pluie de bombes menaçantes, l’on est en droit de le suggérer !

Et la guerre est bel et bien là, au creux de ce Black froid et impitoyable. Riffs acérés ou tournoyants assez proches du SATYRICON récent (voire de BURZUM ici ou là), batterie implacable et dépouillée assurée par Frost (encore SATYRICON), chants malsains ce qu’il faut (et mobilisant toujours les deux timbres subtilement différents de Sanrabb et Dolgar, l'un d'eux évoquant celui d'Abbath, vocaliste de feu IMMORTAL), ambiance âcre imperméable au moindre rayon de soleil, « WW » instaure le règne de ténèbres empestées d’une odeur de charnier et de sang. Et que GEHENNA sonne la charge, implacable ("New Blood", "Abattoir"), ou s’achemine pesamment au milieu des morts et des éclats de fer hérissant boue et terre brûlée ("Flames Of The Pit", l'impressionnant "Pallbearer"), le climat reste inhospitalier, les poumons crispés par les remugles de la dévastation, et l’oreille saturée par la morbidité rongeant la moindre fibre de ces trente sept minutes sinistres.

Concises et ne dépassant les quatre minutes et demi qu’en deux occasions ("Werewolf" et "Pallbearer"), les huit compositions de « WW » composent un véritable manifeste belliqueux. Mais le caractère puriste de la chose, pour autant, ne vient pas taper à la porte du garage : Les musiciens savent manier leurs instruments, la production est puissante sans être aseptisée, et l’on sent l’expérience d’un groupe qui agrémente ses morceaux de changements de riffs et autres variations de rythmes suffisamment nombreux pour que l’attention ne vienne pas à chuter ("Grenade Prayer", le break pesant de "Death To Them All", le terrible "Silence The Earth", les deux facettes de "Werewolf"). La texture des guitares et à la trame relativement simple des compositions, quant à elles, participent d'un pouvoir hypnotique et tarissent les derniers espoirs d'un accrochage mélodique.

Je regrette tout de même que, la surprise du changement stylistique une fois digérée, l'ensemble s'avéra manquer de surprise et d'approfondissement par instants, se reposant trop sur les vertus méphitiques de ses munitions : Une fois établi son campement, GEHENNA donne ici l'empression de conquérir finalement peu de terrain, bien qu'il disposât des moyens de le faire. A défaut donc de révolutionner l’univers Black, GEHENNA semble ici attaché à asseoir l’intégrité de son engagement du côté des forces musicales obscures. Ce nouvel album de qualité, totalement norvégien dans l'esprit, s'en veut le garant sincère, et hisse à nouveau GEHENNA au-dessus de la mêlée. Nonobstant l'injuste confidentialité du groupe, gageons donc qu’il saura trouver son public…

Note : 3.5/5

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   JULIEN

 
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- Sanrabb (chant, guitare)
- Dolgar (basse)
- Amok (guitare)
- Kine (claviers)
- Frost (batterie)


1. Grenade Prayer
2. Death To Them All
3. New Blood
4. Flames Of The Pit
5. Silence The Earth
6. Werewolf
7. Abattoir
8. Pallbearer



             



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