Dimanche 20 Novembre 2005 : AFTER FOREVER vient encore de nous éblouir avec un concert à la Loco en compagnie (encore une fois) des frenchies de NIGHTMARE (festival VIBES IN PARIS). La belle Floor et ses sbires ne se sont pas privés pour nous familiariser avec ce dernier album, Remagine, dont c'est le sujet ici, quitte à passer à la trappe nombre d'autres classiques. L'album précédent avait décontenancé pas mal de fans de la première heure, semble-t-il (c'est le seul album qui me manque). Remagine semblerait être l'album du consensus, en proposant une grande variété. Il s'avère être aussi un disque à examiner dans ses moindres détails. Je parle musicalement car la pochette simpliste à la photo très moyenne dessert plutôt le groupe ... surtout Floor qui n'apparaît pas sous son meilleur jour.

"Enter" n'est pas vraiment un morceau mais une introduction grandiose et sombre qui nous met dans l'ambiance. Le premier vrai morceau, "Come" nous rassure quand à l'état de santé des hollandais. Quelques petites touches modernes se noient dans le metal lourd et lyrique habituel du combo. Lyrique, tel est le mot qui vient à l'esprit quand Floor reprend comme au bon vieux temps les vocaux "cantatrices" ... mais a-t-on vraiment besoin de cela, quand sa voix naturelle suffit à nous envoûter (même constat que pour NIGHTWISH) ? Une des raisons (en plus de la meilleure tenue des compositions et des atmosphères) qui font que je préfère largement un Decipher à un Prison Of Desire. Un orchestre est présent aux côtés du groupe pour renforcer l'aspect majestueux ; qu’on se rassure, ses interventions n'empiètent pas sur le metal chaud des bataves. Le côté lyrique se dégage aussi des chœurs qui sont pas mal présents, amenant l'emphase nécessaire à la musique du groupe sans pour autant estomper la lourdeur et la dynamique dans les morceaux.

La meilleure preuve est le tonitruant "Living Shield", assurément un des titres les plus efficaces du skeud. Il faut dire que les guitares aiguisées de Bas Maas et de Sanders Gommans (responsable également des growl vocals caractéristiques du groupe) arrachent bien en général. Idem sur un "Face Your Demons" assez entraînant qui oscille entre envolées positives et passages plus dark, où un "No Control" avec des moments qui lorgnent parfois vers le death metal mélodique (la voix y est pour beaucoup évidemment). Tout en contraste.
Alors que "Come" jouait sur le côté majestueux, "Boundaries Are Open" possède un rythme un peu plus proche du metal gothique, et Floor lance son refrain avec le talent qu'on lui connaît, soutenu par la rythmique béton d'Andre Borgman. Les rythmiques tout au long du disque sont très variées, allant de la plus lourde à la plus saccadée. AFTER FOREVER se montre redoutable encore une fois en prouvant qu'il sait manier les atmosphères et proposer des ambiances différentes : "Attendance" fait dans le martèlement continu, quelques touches modernes, quelques chœurs et la voix de la grande Floor qui sait se faire plus enchanteresse que jamais, les vocaux enroulées dans les draps des mélopées. Une grande chanteuse. "Free Of Doubt" revient dans un trip connu, avec passages aux rythmiques bourrines où s'illustrent les claviers tragiques du jeune Joost Van Den Broek. "Only Everything" démarre sur une touche plutôt moderne avant que le morceau ne monte soudainement en puissance, et rappelle des structures que l'on retrouvait sur Decipher. "Face Your Demons" est très sympa et accrocheuse elle aussi, une des plus dynamiques du disque.

Ce qui n'empêche pas AFTER FOREVER (à l'instar d'un WITHIN TEMPTATION et de son "Stand My Ground") de proposer une ballade de toute beauté avec la voix douce de Floor et des guitares qui surgissent dans un moment poignant ("Strong") et un titre formaté pour faire un bon single facilement assimilable. Son nom est "Being Everyone" et nul doute qu'il pourrait aisément passer en radio entre EVANESCENCE et LACUNA COIL. Un refrain facile qui se retient tranquillement. Exercice périlleux, mais le groupe s'en sort plutôt bien. Sans pour autant que "Being Everyone" soit l'incontournable de l'album, il arrive à proposer une bouffée d'oxygène dans un ensemble relativement complexe. Il faut dire qu'AFTER FOREVER n'est pas vraiment réputé pour faire des chansons simplistes non plus. Et c'est un peu ce qui fait qu'il est difficile de juger sur pièce et dans les premières écoutes un album comme Remagine, surtout lorsque l'ombre d'un chef d’œuvre comme Decipher plane encore dans les esprits. Nul doute que ce Remagine bonifiera comme le bon vin au fond de son tonneau car on sent que cette cuvée 2005 d'AFTER FOREVER possède des arômes qui ne demandent qu'à se laisser découvrir.

Une édition spéciale "boîtier carton" propose également un DVD documentaire sur le groupe. On retrouve nos compères pour un documentaire « making of » Remagine de 48 minutes, qui a le mérite de montrer qu’en dépit d’un travail de haute volée et d’une musique plutôt puissante et grandiose, AFTER FOREVER est une bande de joyaux lascars qui profite de la moindre occasion pour déconner. Le sous-titrage peut être paramétré mais seulement en anglais. A côté de ça, les photos des sessions de l’album, pas franchement indispensables …