Y a des albums qui se font aimer rapidement. Ils produisent cette étincelle, qui vous ravage la forêt en quelques heures en ne laissant égoïstement que des brindilles à mâchouiller aux survivants. En écoutant pour la première fois ce mélange d'ambiances à couper au couteau, de mélancolie mélodieuse, d'orchestrations simples en renfort à des compos jouissant d'une forte teneur en protéines au détriment des lipides, il est ardu de ne pas crier VICTOIRE ! une fois encore pour les Finlandais de WOLFHEART. Le plus Finlandais des Deatheux qui semblent avoir tété des nénés de Göteborg !

J'écris ça, mais la bande à Tuomas Saukkonen possède une aura plus forestière que les cuirettes urbaines de Suède. Un peu à l'image de leurs compatriotes de KALMAH, ces doués de la gratte et des fresques forestières sanglantes originaires de Lahti savent envoyer une sauce en apparence basique, mais bourrée d'épices boréales et de manifestations grandioses les propulsant vers la cime des conifères. Inspirés par la nature et ses bêtes, les guerres véritables et intestines, les croqueurs de WOLFHEART ont trouvé leur niche depuis 2013. Jouant dans l'ombre de nombreuses pointures, ils ont produit en moyenne un album aux deux ans, ce qui est très impressionnant étant donné la compétition et l'historique du genre Death Mélo scandinave. Ces bourreaux de travail adorent aussi les vidéos ; ils s'en sont payés quatre pour ce septième skeud ! Quatre ! On se croirait dans la Pop ! Certains se méfient des albums Metal dont on tire trop de singles, or…

"Draconian Darkness" ne trahit aucune panne sèche chez les Finlandais, que j'attendais au coin de la rue avec une masse, au cas où ils me décevraient encore. Avec le « revers » qu'était pour moi "King Of The North", après trois albums inspirés qui assassinaient avec volupté, il fallait absolument que ça rebondisse et vite fait ! Sur "King", il n'y avait pas autant de formidables moments, loin de là. Petites intros et nappes au synthé ici (wow, "Scion Of The Flame", "Grave"!), refrain aérien là, les loups se font plaisir comme à l'époque de "Tyhjyys" et raccommodent nos blessures.

Que dire de ce titre tremplin, "Ancient Cold", sur lequel le maître des manettes et orchestrateur invité Saku Moilanen montre l'étendue de son talent et WOLFHEART se fait les dents avec brio ! Si vous kiffez ce bouillonnement à la production nickel, vous êtes mûrs pour un foutu détour vers le cimetière.

Knife like edge of ice
Cuts with cold to the bone
Freezing breeze like a gale of nails
Cause of the searing wounds

Sharp claws of the cold will sever
The nerves from the spinal cord
The pain sense to exist
Paralysed peripheral receptors

Si c'est pas de la pwésie, je me demande ce que c'est ! Allez, lâchez DT et autres vieux croûtons dont le Death Mélo ne tient qu'à un refill de binouze et… Ah non, je m'étais promis de ne plus me mêler des goûts d'autrui… Suis-je sot !

WOLFHEART a retrouvé sa superbe en coupant neuf minutes au compteur et en nous défonçant les pavillons avec des riffs bien gras et pourtant si énergiques, baraqués pour pourfendre un géant, et des envolées assez jolies pour séduire une princesse autochtone. Oh que oui, the whole fucking naturalistic deal ! À part peut-être "Evenfall", que je trouve quelconque, mais je chipote, je chipote…

Seul vrai reproche à formuler, aussi minime soit-il, est cette manie de foutre des fade-out un peu partout à la fin de morceaux coup de poing, comme si on était dans les années 80. Je déteste. Je dépose une motion pour que les fade-out soient bannis du Metal ! WOLFHEART devrait achever ses massacres avec un uppercut de tous les diables, car il nous matraque la gueule pendant 39 minutes de toute manière. Pas besoin de nous ménager, les gars, pulvérisez-nous pour de bon, qu'on serve de compost ossu pour les loups ! Ouais, hum, bon, c'était violent comme image, j'en conviens…

Sinon, même les pièces montées de manière plus classique telles que "Burning Sky" ou la clôture plus « douce » "The Gale", surpassent le test haut-la-main tellement l'osmose est complète sur "Draconian Darkness". C'est possiblement sa plus grande qualité. Ça et la luminosité fusant de chaque interstice ; belle contradiction avec cette noirceur autoritaire qu'on ressent itou chaque fois que WOLFHEART s'emballe.

Je sais, cette chronique est chiante à mourir, je l'hais aussi, alors cessez de lire et foncez écouter ce que le Death Mélo sapinier (©MefistoDico 2024) a probablement de mieux à offrir en cette bonne vieille année MMXXIV.

Podium : (or) "Trial By Fire", (argent) "Scion Of The Flame", (bronze) "Grave" – "Ancient Cold".

Indice de violence : 3/5.