Tout émoustillé comme un ado prépubère au moment de la montée annuelle de la sève hormonale, j’ai été faible…
J’ai cédé aux sirènes des plateformes qui sortent des pseudo formats digitaux pour appâter le chaland. N’y voyez pas le mal en moi, juste une énième faiblesse face à mon affection indéfectible pour ce projet délirant et fun proposé jusqu’alors par Tim Lambesis.

Et je ne le regrette absolument pas, à la découverte de ce quatrième L.P car il me permet de vous proposer un bilan mi-figue, mi-raisin… Tout aguiché que j’étais, le bosquet était donc l’arbre qui masque la forêt...

Dix ans après "Triple Brutal", c’est donc "Quad Brutal" qui déboule. Le type n’est pas resté sans rien faire (sic), il a signé un bail de quelques temps avec le système pénitencier californien… Depuis, son affection pour le culturisme, la muscu et les hormones stéroïdiennes ont clairement pris le pouvoir chez Lambesis… et le reste a quitté l’aventure.

Comprenez d’emblée que tout le fun et le délire du projet hommage au plus célèbre des Autrichiens aux États-Unis, en lien étroit avec sa filmographie et ses répliques désormais cultes ont foutu le camp, à notre plus grand regret. Il ne reste que quelques rares et malheureuses tentatives de nous rappeler le passé glorieux du concept, le plus souvent bien peu audible. On est loin des pistes délirantes, des dialogues savoureux : ici, c’est en second voire troisième plan, dans un déluge de décibels que vous arriverez à surprendre ce type d’interventions. Le groupe renonce donc à ses principes de base : de l’humour quasi potache, des imitations vraiment truculentes et donc des clichés à gogo. Forcément, avec un tel constat, la chute va être dure, vous vous en doutez...

Tim Lambesis est de retour, accompagné par Brandon Short (batterie), Cory Walker (guitare/chant), Mark MacDonald (guitare), ainsi que d’autres guests tout au long de l’album : les grogneurs Craig Golias, Ricky Hoover (OV SULFUR), Dany Lambesis (HELLBØRN) et Rob Bailey. Les guitaristes Angel Vivaldi, Clayton King (DESIGNING CREATION), Joey Alarcon (BORN THROUGH FIRE, WOLVES AT THE GATE) et Dylan Burcombe viennent compléter l’armada recrutée ici.
Si techniquement, le travail d’accompagnement semble assurer (vous allez voir, c’est la thématique de la galette), c’est bien le fil conducteur des morceaux qui dénote : certes, vous arriverez à faire le lien avec encore certains aspects de la carrière d’Arnold mais tout est connecté désormais à la salle de muscu ! "Hey Bro Can You Spot Me?" est la phrase-type usitée dans les lieux dédiés à la fonte : vous demandez à un "bro" de vous assurer, de vous parer, de rester en veille à vos côtés, "au cas où" en terme de sécurité lorsque vous vous attaquez depuis votre banc à une barre chargée.

Est-ce donc la seule raison pour laquelle "Quad Brutal" n’est pas fun du tout ?
Non évidemment. C’est surtout côté musical que l’évolution est encore davantage prégnante. Le Metalcore fun est devenu un Death bas du front. Une sorte de Metalcore/Deathcore féroce, burné et agressif comme il n’est plus si commun de croiser. Pour rappel, "No Pain No Gain" accueille en guest Craig Golias (chanteur/bodybuilder) et Angel Vivaldi à la guitare, mais également Cory Walker, Mark MacDonald et Brandon Short.

"Ahhnold m’a dit de le rendre plus lourd" déclare Tim ! Il s’exécute !
En effet, la base Thrash de l’influence du gaillard gagne en brutalité et on est clairement ici entre un Metalcore bourrin voire un Deathcore Mélodique. Les cervicales sont mises à rude épreuve pour notre plus grand bonheur. "Don’t Be Lazy" fracasse à 280bpm tout en étant mélodique avec un "Destroy The Machine" de la même veine.

Il est surprenant de constater donc que le reste de l’album, inédit jusqu’alors, se révèle sans grande inventivité, si ce n’est celle de vouloir encore davantage sortir les muscles. C’est bien simple, la voix de Tim est désormais gutturale typée Death Metal sans aucune ambiguïté, majoritairement. Le pire, c’est que le bougre excelle ici également ! Le reste des titres de "Quad Brutal" sont sans concession et sauront maitriser vos cervicales : "Everybody Pities The Weak", "MeatGrinder" (avec son "You son of a bitch"), "Conquer", "I Never Quit", tellement broutal et massif, laisse sortir quelques imitations de Schwarzy mais tellement en second plan qu’il est impossible de retrouver le plaisir d’antan, du début à la fin de ce quatrième opus.

Trent-quatre minutes, dix titres et pas de fun.
Musicalement, c’est intéressant mais loin des attentes posées jusqu’alors avec le reste de discographie.
Le changement radical de l’individu qui a tenté de faire assassiner sa femme, puis qui a divorcé après dix-huit mois de mariage avec la seconde en raison de son addiction aux stéroïdes (a priori) avant de faire ici participer sa dernière moitié en date nous amène à nous interroger sur la stabilité/instabilité artistique qui en découle…

Musicalement réussi, sans cette démarcation qui donnait tout son attrait au projet, AUSTRIAN DEATH MACHINE se contente de devenir AUSTRIAN DEATH METAL en somme. Pas une tare en somme, mais un sentiment de déception au final vous l’autre senti. Hors contexte, un 3,5 aurait été à l’ordre du jour.

Verdict : un bien gros 2,5/5, arrondi à la note supérieure car c’est un bon album objectivement.

Top : "No Pain No Gain", "Don’t Be Lazy", "Destroy The Machines".