La pandémie de Covid a contrarié les plans d'à peu près tout le monde... Les Israéliens n'étaient pas les derniers à être impactés et ORPHANED LAND, qui avait prévu de fêter son trentième anniversaire en grande pompe, suite à la proposition du chef d'orchestre Alon Stern de donner un concert avec orchestre symphonique. Recourant à plusieurs arrangeurs, le travail en vue de cet évènement fut déplacé puis annulé suite aux contraintes liées à la pandémie. Et c'est presque par miracle que ce chapitre de l'histoire d'ORPHANED LAND pourra s'écrire et se dérouler non pas à Jaffa en extérieur comme prévu à l'origine, mais à Tel-Aviv, dans une salle de spectacle (on est plus près de la salle Pleyel que du Transbordeur) dont la capacité devait au départ être réduite, et qui finalement sera comble suite à l'assouplissement des règles de sécurité sanitaire.

Ainsi ORPHANED LAND dont on a peu entendu parler depuis la sortie de "Unsung Prophets & Dead Messiahs" a l'occasion de sortir un témoignage incluant deux albums supplémentaires depuis la réussite de "The Road To Or-Shalem". Filmé à l'origine pour être diffusé en livestream (le logo des trente ans ne quittera donc pas le bas de votre écran), la qualité DVD suffit bien vu le type de caméras employées. C'est le point le plus dommageable dans le cadre d'une sortie vidéo. Mais visiblement il a fallu faire des choix pour permettre à cet évènement d'être viable. Ainsi "A Heaven May Create" se présente comme un Live d'ORPHANED LAND avec un DVD proposant l'intégralité du show. Ce combo permet de penser le DVD comme un quasi bonus, ce qu'il n'est pas car, non seulement n'y est pas amputé, et vu le nombre d'intervenants, on a quand même envie de voir à quoi ça ressemble. Un peu l'impression que les Israéliens devaient sortir quelque chose, et ont un peu fignolé le produit à l'arrache (l'une des caméras de face a même un rendu particulièrement dégueulasse, même si on sent qu'il a été tenté de masquer ça à l'édition, nous privant de jolis plans d'ensemble, dommage).

Mais venons-en à ces arrangements. Alors ça donne quoi ? Et bien les résultats sont divers, du transparent, à la valeur ajoutée, en passant par le trop-plein ("Ocean Land" particulièrement). ORPHANED LAND ayant pris le réflexe depuis longtemps de recourir à des samples pour les parties Folk, les claviers et les orchestrations, il faut bien dire que l'orchestre ne se démarque pas particulièrement plus sur certains titres (notamment ceux du dernier album en date ou encore "All Is One"). Après ça reste toujours agréable d'avoir ce rendu live, plus organique, qui fait d'ailleurs des étincelles sur "The Flood" où les cordes se divisent par exemple. Intéressant d'ailleurs d'avoir commencé le concert par cet enchaînement de titres de "Mabool" pas parmi les plus plébiscités, même si j'ai toujours beaucoup aimé cet échange de soli de guitare sur la grille reprise d'ORPHANED LAND qui vient ajouter de la mélancolie. Mais d'un autre côté, cela nous fait rentrer de façon assez virile dans un concert où la dimension Prog va commencer par s'exacerber dans la première moitié du show (avec un "The Cave" particulièrement réussi), avant de laisser la place aux tubes.

Mais recourir à un orchestre a des vertus, et les arrangeurs en charge de "Birth Of The Three", de "Sapari" ou encore de "All Knowing Eye" méritent une mention puisqu'ils transcendent le travail d'ORPHANED LAND. Et pour le premier on en tient la version définitive, portée en son final par le Hellscore Choir de Noa Gruman ; une Noa Gruman (SCARDUST) qui vient remplacer les vocaux de Shlomit Levi avec efficacité. Le retour d'un clavier sur scène (comme au temps de "Mabool") est à remarquer également, et Sharon Mansur semble tellement heureuse d'être là comme en témoigne son sourire désarmant, mis sous les projecteurs habilement pendant "Norra El Norra" pour un petit solo aux avant-postes.

On peut cependant regretter, outre la mise en production un peu chaotique et sans doute assez contrainte budgétairement et logistiquement, une production et un mixage certes clair, mais très plat de la part du guitariste Idan Amsalem, que le mastering du Fascination Street n'a pas pu trop masquer. Un abus de compression assez audible parfois, qui, au visionnage du DVD peut être déroutant, l'énergie délivrée sur scène ne se ressentant pas du tout à l'audition. Une chance tout de même que le public soit bien repris et audible aux sollicitations de Kobi Farhi, dont on ne comprendra une nouvelle fois pas un seul mot, le sous-titrage étant une nouvelle fois absent. "A Heaven You May Create" aurait pu être une deuxième éclatante réussite, mais avec son côté "ni fait ni à faire" symptomatique de notre époque, il tire du côté du moyen, quand bien même la musique reste bonne (et quels progrès de Kobi Farhi, devenu un véritable chanteur à l'ambitus particulièrement développé.

Note réelle : 2,5/5.