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BLACK ATMOSPHÉRIQUE  |  STUDIO

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ABDUCTION - Toutes Blessent, La Dernière Tue (2023)
Par STORM le 29 Janvier 2024          Consultée 2214 fois

L’année 2023 aura été une belle année pour la France avec notamment le retour magistral de EPHELES. Apportant avec "Promesses" un souffle glacial et givrant sur la scène Black Metal - la figeant d’un coup d’un seul par une rhétorique saisissante et une envolée de mélodies funestes tel un balai de corneilles perçant un ciel couvert - voilà qu’entre en scène le dernier album d'ABDUCTION pour la clôturer d’une touche finale exceptionnelle. Et ce "Toutes Blessent, La Dernière Tue", ne fera qu’épaissir les nuées d’une torpeur romantique à la française sans jamais se compromettre à un quelconque azur facile, ou à l’inverse à un pathos tempétueux de tiers rang.

Fascinant et métaphorique, cette œuvre emporte l’imagination à travers les sinuosités d’une pensée réflexive qui peine à ne pas se perdre en elle-même et à déraisonner. Labyrinthique, l’album entame sa navigation dans les méandres sinueux d’une poésie musicale et textuelle, et contextualise notre présence face aux ordres du temps présent. Les multiples interrogations scandées par François Blanc sonnent comme autant de vers devançant l’expression même d’une pensée qui vacille. À l’image de ce magnifique tableau de Hubert Robert, La Promenade Solitaire, qui orne la pochette, nous voici conviés à gagner aussi les rêveries d’un J.J Rousseau (le peintre dessinera d’ailleurs sa sépulture établie à Ermenonville) ou à y apercevoir les prémices visionnaires des pérégrinations forestières du jeune Gérard De Nerval en pays de Valois. Face à ce tombeau ou cette stèle, nous voici à l’instar de cette femme, figés par une mélancolie lascive que des arbres déchiquetés par le temps encadrent. En proie aux pensées amères qu’une nostalgie accompagne, le frémissement des feuilles par le vent brisent le silence et s’accommodent de la singularité de ce recueillement.

ABDUCTION est à l’image de ce tableau émouvant et captivant, le groupe sous l’impulsion de Guillaume Fleury, tisse des paysages sonores délicats où s’entremêlent un Black Metal véloce, conteur de la lie de l’humanité, et des mélodies pugnaces majorées par des leads dentelés du plus bel effet. L’ambiance poétique se cache, se déploie ou prend le contrôle de chacun des titres de "Toutes Blessent, La Dernière Tue". Un romantisme noir s'exhale prudemment des compositions et forme comme un halo spectral. Une forme d’aura entoure l’album et le protège pourtant des assauts voraces du spleen tout en laissant la douce lumière des souvenirs devenir souveraine. Les paroles versifiées nous ramènent aux heures les plus belles de la littérature française du XIXème Siècle, où les rimes accouchaient des plus belles émotions. Il y a des Mémoires d’Outre-Tombe de Chateaubriand dans ce quatrième album de ABDUCTION, comme il pourrait y avoir la prose des Poèmes Saturniens de Verlaine. FORBIDDEN SITE, LES DISCRETS, notamment semblent apparaître aux entournures de certaines lignes de chant clair mais la comparaison s’arrêtera là, car elle ne saurait se suffire et pourrait faire preuve d’une pointe de dédain à l’originalité exemplaire du groupe. Certains y verront des accointances avec VÉHÉMENCE mais j’en resterai à nouveau là, sans plus de détails. Les deux groupes partageant un seul élément commun : l’excellence.

La fragilité de souvenirs profonds tout autant que les impressions intenses d’un imaginaire intime paraissent se mettre en branle et instiguer l’origine des compositions. Chaque titre est habité par maintes émotions poignantes et il serait déraisonnable d’en préférer certains au détriment d’autres tant chacun d’entre eux semblent être le marchepied du suivant et forme un ensemble cohérent, qui corrompt le temps, tant l’écoute de cette quasi une heure de musique ne semble pouvoir être distraite. Nous montons ainsi au fur et à mesure que s’égrène cet album dans les étagères de cette bibliothèque sonore majestueuse aux effluves d’un bois de chêne. ABDUCTION s’écoute comme on lit un livre passionnant dont le point final ne ferait qu’animer la fierté d’avoir vécu une expérience. Et d’ailleurs les paroles savamment inspirées rendent honneur aux lignes complexes des guitares. La production légèrement éteinte gagerait à être davantage galbée pour magnifier quelque peu la dynamique de cet album, à défaut il vous faudra monter de quelques crans le potard du volume et ainsi profiter de la foultitude de détails qui émaillent "Toutes Blessent, La Dernière Tue". La basse et la batterie légèrement en retrait dans le mix bataillent avec diligence à armes égales autour du jeu ravageur de François Blanc qui manifeste une rage contenue dans son style vocal affirmé. L’alternance des rythmes et l’interposition de chants screamés, parlés ou clairs forment le socle d’expression de ABDUCTION.

L’album est varié et habite invariablement l’âme comme un fait exprès. Il fait émerger un entre-deux nourri et inondé de mélodies sans faille, charriant autant d’atmosphères épiques qu’atmosphériques, et teinté d’éléments progressifs. Sa singularité et le travail complexe qu’il transpire, potentialisent son caractère raffiné et lui donne la lumière suffisante pour que brillent du plus bel éclat les paroles de Mathieu Taverne et la densité de leurs propos. Que flotte haut le drapeau de notre culture, de notre France, des Lumières, du génie de notre art passé et à venir et surtout de ceux comme ABDUCTION qui en sont les dignes descendants. Un album incroyable comme un voyage en Rêverie.

Note réelle : 4,5/5.

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- Guillaume Fleury (guitare)
- Mathieu Taverne (basse, paroles)
- François Blanc (chants)
- Morgan Velly (batterie)


1. Toutes Blessent, La Dernière Tue
2. Disparus De Leur Vivant
3. Dans La Galerie Des Glaces
4. Les Heures Impatientes
5. Par Les Sentiers Oubliés
6. Cent Ans Comptés
7. Contre Les Fers Du Ciel
8. Allan (mylène Farmer Cover)



             



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