Le titre est tiré d’une célèbre citation du Hamlet de Shakespeare, il est utilisé depuis lors comme un proverbe invoquant l’existence d’un problème persistant aux contours flous et se nappant dans l’ombre. Nul doute que nos Danois n’y voient qu’un ricanement puissant à assourdir brutalement d’un foutre collant et poisseux. Sortant de la lourdeur d’un "Submit", l’album précèdent de 1995, aux growls gutturaux profonds, écœurant de riffs barrés accordés plus bas que l’outre-tombe, voilà que nos Danois performent leur Death Metal déjà bien Groovy par des salves mélodiques de haute volée.

Et ce n’est pas un ni deux mais bien dix coups de bambous que nous prenons sur le coin de la gueule - je mets de côté la track espiègle et déjantée "Horsens Highway" : dix bons parpaings assommants d’un Death Mélodique à consonance Trashy et Groovy à la fois. Et ce style ambitieux est parfaitement assaisonné sur cet album et frise la perfection. La guitare rythmique arrose nos esgourdes comme jamais ce qui a pour effet de faire headbanguer notre cérumen (la cochonne !) sous les coups de boutoirs de riffs affriolants. Mais c’est bien toutes nos sécrétions qui rapidement de mettent en branle et se déchargent dans une orgie de fluides boostés à la dopamine.

Bo Summer, le growler, est remonté d’une octave et l’effet imbriqué à sa voix la rend à la fois débonnaire et ponctuée de miasmes exquis que le mix nous divulgue avec délectation. Je ne m’étalerai pas sur la haute technicité des autres musiciens, les leads, la batterie et la basse font corps avec une énergie d’une belle vitalité, provoquant ainsi un album plaisant, amusant et doté d’une belle aura. Explorez des titres comme : "Near The Gates", "Life: An Evaluation" ou bien encore le title-track, et le sourire sur votre visage vous animera pour ne plus vous quitter. À vrai dire, ILLDISPOSED sort un brûlot avec cet album qu’aucun autre groupe ne pourra imiter tant l’originalité est marquée et l’identité des Danois se conforte tout du long de ces quasi quarante minutes de bonheur. Nous pouvons ressentir toute la satisfaction qu’ils ont eu à construire ce "There’s Something Rotten… In The State Of Denmark", tant le groove l’anime et trempe l’ambiance dans une solution remplie de soli agréables et fonceurs qui galvanisent le moral de l’auditeur. La reprise de MEGADETH, "Wake Up" me sied à merveille tant son coup de fouet brutal, son coup de pied au derche me convient bien davantage. Elle me rappelle aussi cette autre reprise spectaculaire, toujours selon moi, de IRON MAIDEN "Seventh Son Of A Seventh Son" par leurs compatriotes de INFERNAL TORMENT. On ne se refait pas ! La douceur du Heavy Metal fait passer très souvent et surtout très rapidement mon cerveau en mode veille…

Cet album de 1997 pourrait être cela : un disque pour entamer sa journée, pour se sortir de l’ornière, pour se donner du courage et de la force, pour s’engager à l’affrontement d’autrui ou tout simplement se mettre la banane au coin de la bouche. Un opus plus qu’honorable car habilement construit de bout en bout, pas un des titres n’est médiocre, tous font bomber le torse et permettent de parader tranquille pépère au milieu de la foule, le pas bien fier et l’esprit animé. "There’s Something Rotten… In The State Of Denmark" sera dans la discographie bien féconde des danois, le plus audacieux et le plus inattendu des albums. D’autres incroyables suivront, je pense notamment à "1-800 Vindication" et "The Prestige" qui d’une certaine façon sont plus conventionnellement attachés à un Brutal Death Metal Mélodique d’excellente facture où la voix sourde de Bo Sommer fait des ravages.

Note réelle : 4,5/5.