MYSTECHRON vous connaissez ? Très peu d’entre vous certainement, mais il est bien temps de vous rattraper. Et si Jack Bollenbacher alias Choronzon, retenez bien son nom, est cet étudiant en physique computationnelle ordinaire, notre Américain possède un sens inné de manier les riffs au service express d’un Black/Death Mélodique polymorphe et sacrément talentueux. L’on pourrait croire Chuck Shuldiner ressuscité ou le jeu de l’hologramme d’un Dan Swanö tant Jack Bollenbacher sait composer avec talent des architectures mélodiques à la fois suaves et agressives dignes des plus grands. Ce sentiment d’écouter une forme de « génie » en construction se renforce d’autant plus que "Cosmic Entropic Iconoclasm" n’est que son premier album et que Jack y compose tout.

Et je dois dire que même s’il n’est pas le premier à faire preuve d’une maturité de composition exceptionnelle à un âge où l’on pourrait surseoir toute forme d’accomplissement, Chroronzon manie avec brio la guitare autant qu’il nous adresse des vocaux aux tessitures quasi impeccables, et cela me scie le fondement. Citant des influences du Tech Death tels que EQUIPOISE et FIRST FRAGMENT, adulant BEHEMOTH et s’enivrant des FLESHGOD APOCALYPSE, CARACH ANGREN et SEPTIC FLESH, le projet MYSTECHRON décompose et recompose ce kaléidoscope d’influences variées pour former un magma bouillonnant et fertile où croît un herbier reprenant vie. Et si je dois aller plus précisément dans mon propos, je l’étayerai, par exemple à la lueur du titre "...And Viðarr Whispered". Et ce n’est vraiment un exemple car il serait de bon ton de disséquer chaque titre pour vous en faire parvenir aux narines la substantielle fragrance ou à la bouche la prodigieuse moelle. Dans ce titre vous y trouverez un Death très DEATH peut-être, mais aussi des lignes de Hardcore aux entournures, des leads d’un Dark Heavy, un growl acerbe (Jack Bollenbacher est un chanteur classique de formation), une basse rutilante, et une ambiance agressive bien au taquet.

Faut-il que je vous dresse le portrait de la très Mélodeath "Obfuscation Of Reality" ? Ou bien encore de la ballade assez épique que pourrait composer "Coronzon" avec son mid-tempo et ses claviers impromptus, et son superbe soli terminant le titre ? Mais aussi de l’interlude acoustique "Jett Black Reverie" sonnant comme un havre de paix et joliment composé, ou de la très originale "Humanity Is Dissolved As The Cosmic Serpent Uncoils Its Scales Amidst The Nebular Abyss" ? Peut-être bien en effet. Notamment ce dernier titre qui démarre par un Flamenco endiablé jusqu’à ce qu’une basse grondante et des leads superbes viennent s’emparer de l’âme du titre afin de l’amener par les cordes sur les rives tourmentées du Death Metal. Le solo magnifique à la fin du titre apporte sa pleine puissance émotionnelle, mais chacun des breaks mélodiques et symphoniques (je pense à la toute fin du morceau) participera à élargir cette palette émouvante qui nous laisse un contentement béat d’une pleine satisfaction lorsque s’arrêtera à brûle-pourpoint (est-ce un défaut d’enregistrement ?) cet incroyable "Cosmic Entropic Iconoclasm". Je fais un vœu pour que Choronzon trouve un batteur afin qu’il puisse nous sublimer à nouveau sa musique. Voilà mon seul souhait.

C’est en écoutant ce genre d’album que je trouve du sens à ce que je fais en tant que chroniqueur et que je voue encore et toujours un culte au Metal extrême qui a ce don de progresser, d’évoluer, et de toujours me fasciner sans me faire éprouver l’once d’une lassitude. Tout n’est donc pas vain, et comme Choronzon qui compose sa musique comme il tient son journal, à l’instar d’un processus passif ou d’un tropisme, il est bien nécessaire que ces maigres lignes aient comme seul dessein et destin peut-être de vous attraper au vol, où que vous soyez, pour vous faire vivre à nouveau, encore, vos vestiges émotionnels vertigineux qui nous lient tous à l’heure où, votre regard croisera les lignes de cette chronique.

Note réelle : 4,5/5.