ILLDISPOSED aura apposé, et ce depuis déjà plus de trente ans, sa patte indéfectible et bien caractéristique, au sein des plus belles heures du Death Metal. La discrétion assez manifeste de ces Danois menée par son leader caractéristique qu’est Bo Summer (l’unique rescapé du line-up originel), en fait un groupe attachant dont le style irrésistible a passé les décennies sans ciller ni trop bouger d’un iota. Peut-être nous ne citons pas assez ou plus les premières galettes de ILLDISPOSED (les "Four Depressive Seasons" (1993), "Submit" (1995), ou - mon préféré - "There’s Something Rotten… In The State Of Denmark" (1997) ) qui, si l’on prend la peine de le réécouter, constituent l’invention – en plus des fondations solides du groupe – d’un style à part.

Si ce nouvel album ne renversera pas la soupière, ILLDISPOSED nous envoie encore à la tronche quelques belles baffes et tout cela en cadence je vous prie. Maniant toujours avec brio ce Groove qui caractérise tant son Death Metal, ILLDISPOSED nous revient donc cette année en belle forme après quelques années d’essoufflement un peu trop prononcées. Premier marqueur quasi intemporel, la voix de Bo Summer. Son growl si identifiable n’a pas faibli et marque le rythme de son empreinte. Les compositions de Jakob Batten en poste depuis 1999 nous renvoient aux belles heures de "1-800 Vindication" ou de "The Prestige". Mais le ILLDISPOSED de 2024 s’est aussi « mélodicisé ». Écoutez donc à ce propos le très entêtant "Lay Low" avec son mid-tempo mélancolique, ou bien encore le très AT THE GATES "Pain Suffer Me" qui s’agite à nous faire bondir plus expressément.

Malgré tout il y a aussi dans ce "In Chambers Of Sonic Disgust", des titres moins attirants et qui captent un peu moins notre attention. Je pense notamment à "Flying Free", "Start Living Again", "And Of My Hate" qui constituent peut-être le ventre mou de l’album. Mais si ces titres sont un peu moins entraînants, ils ne sont en aucun cas faible et ont chacun quelques riffs bien sentis et poivrés. Car d’autres rattrapent et nous décochent quelques beaux tirs mélodiques ("Spitting Your Pain", "I Suffer", "I Walk Among The Living"), qui vous feront décrocher la nuque de manière impériale. Bo, notamment sur "I Suffer", nous amenant aussi quelques variations dans son chant bien senti, avec l’appui discret du chant féminin de Sandie the Lilith (DEFACING GOD) mais aussi de quelques nappes de claviers vraiment pas mièvres.

Cela fait plaisir de voir ILLDISPOSED disposer de sa meilleure forme et de nous kicker un peu la tronche avec ses riffs groovy et toujours très catchy. Acteurs historiques mais discrets de la scène Death Metal, ILLDISPOSED continue sa douce besogne et nous propose un album qui ne déçoit pas mais qui reste un peu trop convenu. L’épreuve du temps forcément ne le mettra pas au niveau des albums des années 90s ou du début des années 2000, mais cela fait plaisir de voir que nos Danois ne faiblissent pas ni ne plongent à se hasarder dans des corridors qui ne les caractérisent pas. ILLDISPOSED fait du ILLDISPOSED et sur "In Chambers Of Sonic Disgust", il le fait bien.