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BLACK MÉLODIQUE  |  STUDIO

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2016 Devoid Of Light
2018 1 Cult Of A Dying Sun
2020 Djinn
2023 Crepuscule Natura
 

- Style : MgŁa [mgla], Tryglav, Dissection, Sworn

UADA - Crepuscule Natura (2023)
Par KOL le 26 Septembre 2023          Consultée 789 fois

La Lune, blafard astre rocailleux, est le point de départ d’innombrables mythes et légendes qui troublent nos nuits, nos rêves et nos angoisses, ainsi qu’une source d’inspiration inépuisable pour les artistes depuis la nuit des temps. Elle commande le sommeil comme la marée, les humeurs comme les transformations fantasmagoriques, offrant à l’être humain une opportunité de contempler sa propre existence à travers un prisme pas si déformant. Il n’est dès lors que peu surprenant que certains musiciens se tournent vers elle telle une muse, pour tenter d’incarner son message et de lui apporter substance et spiritualité. À l’instar de tant d’autres, UADA en a fait son obsession, y distillant par son biais son Black Metal depuis bientôt dix ans.

Tel l’implacable cycle céleste, Jake Superchi et sa bande nous reviennent donc avec leur quatrième LP, "Crepuscule Natura", pile poil trois ans après un "Djinn" qui m’avait plutôt séduit, faisant évoluer quelque peu le son des Américains, en adjuvant quelques passages Heavy Rock (la seconde partie du titre éponyme, par exemple) à l’habituel registre Black Mélodique auquel ils nous avaient habitués. Ceux qui espéraient un brin de stabilité niveau line-up en seront une nouvelle fois pour leurs frais, puisque le co-fondateur James Sloan a profité de la pandémie pour se faire la malle, tout comme le batteur Josiah Babcock. Nous aurons donc le droit à un renouvellement à 50% des zikos, et à un quatrième frappeur en… quatre LPs. Faut-il pour autant craindre (ou espérer, c’est selon) un profond changement dans la musique prodiguée par le combo ?

Coupons d’emblée tout suspense, pas vraiment, ce n’est pas le genre de la maison, tant le gang de Portland semble finalement plus relever d’une entité intégralement à la botte de Superchi que d’un groupe à part entière, troquant ses contributeurs à sa guise année après année. En cela "Crepuscule Natura" s’inscrit totalement dans la continuité de la discographie de UADA, pour le meilleur comme pour le pire, et nous délivre une nouvelle partition de Black ultra-accessible, porté par un chant oscillant entre le Death et le Black, et surtout par des lignes de guitares harmonisées inspirées et bien (trop ?) mises en avant. C’est simple, certains plans auraient pu être issus des derniers IRON MAIDEN qu’on ne verrait pas la différence (Steve Harris piquerait bien le motif de "The Dark (Winter)" d’après les bons tuyaux d’Antonio Fargas), d’autant qu’elles sont déclinées à l’envi, jusqu’aux limites de l’écœurement voire au-delà ponctuellement ("Through The Wax And Through The Wane" n’en finit plus d’en finir…).

Tirant son patronyme du latin "Hanté", le groupe nous partage pour l’occasion de nouveaux titres longs et pénétrants, faisant la part belle aux atmosphères épaisses, couvrant des cieux aux enfers, au cours des 41 minutes de l’album, sans discontinuer. Le voyage est une fois de plus classieux, par moments épique, et l’on traverse suffisamment de paysages désolés pour y vivre une aventure, sonore, imaginaire et émotionnelle, d’autant que Jake et sa clique nous épargnent ici certains interludes superflus, outrancièrement présents sur "Djinn". Bien évidemment, il faut apprécier les morceaux qui prennent leur temps, la moyenne des pistes titrant au-delà des huit minutes tout de même. Les amateurs de Grind passeront volontiers leur chemin, et je ne saurais leur en tenir rigueur.

Cette dévotion mystique constitue cependant un véritable facteur différenciant par rapport à un MGŁA auquel ils sont souvent, à raison, comparés. En forçant le trait, on pourrait même soupçonner une filiation avec DISSECTION, la diversité en moins. C’est grâce à ce petit supplément d’âme qu’UADA échappe aux procès en contrefaçon, se forgeant une identité propre et à même de crédibiliser leur musique, très souvent aérienne voire quasi-chamanique pour qui se laissera aller sans parti pris. Les grattes assurent clairement le gros du boulot quand il s’agit de toucher du doigt les étoiles, et, sans se montrer révolutionnaires, font particulièrement bien le job de manière simple mais extrêmement efficace.

Malheureusement, cela ne va pas sans camoufler le chant pourtant intéressant de son leader, à l’évidence relégué au second plan du mix de manière abusive en cette cuvée 2023. Dommage, car la voix de Superchi figurait parmi mes éléments favoris de la recette concoctée par les Ricains, apportant par ses hurlements déchirants à la fois frissons et émotions. Peut-être que celui-ci était pour le coup moins éclairé, en témoigne sa fâcheuse tendance ici à suivre de la glotte la basse, tel le jeune OZZY OSBOURNE des débuts (si, si, souvenez-vous, ou réécoutez : "Aïeee Am Iron Maaaan…"). Je ne sais pas pour vous, mais c’est le genre de gimmick qui m’irrite au plus haut point, témoignant d’un manque d’imagination ou de recherche, pour ne pas dire de la plus élémentaire des fainéantises.

Avec "Crepuscule Natura", UADA peaufine sa formule, gagnant quelque peu en concision mais perdant également au niveau de l’équilibre général, voire d’intensité, ce qui est plus problématique encore. S’il réussit à maintenir ses aspirations d’évasion et de découvertes, il ne parvient pas à se réinventer et évolue assez peu au final d’une sortie à l’autre, répétant notamment inlassablement la même erreur d’étirer son propos au-delà du raisonnable. Des espoirs initialement placés sur ce jeune et fougueux poulain ne subsiste plus grand-chose, et il faut à présent admettre que la formation semble toucher son plafond de verre depuis deux disques et évolue tout compte fait sans doute en seconde division du genre. Loin d’être un déshonneur au demeurant, ce constat n’en reste pas pour autant moins douloureux, tant il semblait être promis à des lendemains plus aboutis. "Shoot for the stars, and you’ll land on the moon" qu’on dit au pays de l’oncle Sam. Pas certain qu’ils y parviennent un jour à ce rythme…

Note réelle : 2,5/5. Ensemble correct, mais pourrait tellement mieux faire.

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- Jake Superchi (chant, guitare)
- Nate Verschoor (basse)
- Kevin Bedra (guitare)
- Josh Lovejoy (batterie)


1. The Abyss Gazing Back
2. Crepuscule Natura
3. The Dark (winter)
4. Retraversing The Void
5. Through The Wax And Through The Wane



             



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