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2023 The Ritual
 

- Style : Mgła, Satyricon, Uada, Dissection, Sworn

TRYGLAV - The Ritual (2023)
Par KOL le 13 Septembre 2023          Consultée 1408 fois

Moi en 2023 : (…) C’est donc bien évidemment un 4/5 direct et franc pour TRYGLAV, qui nous régale les esgourdes avec son Black Melo racé et solide. Boris Behara assoit, avec "The Ritual", la Croatie sur la carte du monde du Metal, dans un élan à la fois sombre et enthousiaste. Quelle réussite mes amis !

Moi en 2008 : pas mal du tout ce "Death Magnetic". Ça fait du bien de voir METALLICA de retour aux affaires, quels putains de tauliers. C’est quand même autre chose que ces poseurs qui se déguisent en panda et font semblant de cramer des églises au fin fond d’une obscure forêt en bêlant comme des chèvres égorgées pour se donner un genre.

"Voyage au bout de l’enfer". "Anatomie d’une chute". "The Descent". Bref, prenez l’analogie cinématographique qui vous siéra, mon moi de 2008 n’avait aucune chance d’apprécier la musique de mon moi de 2023. Il la conchiait même respectueusement, toutes proportions gardées. Alors qu’aujourd’hui, les efforts ténébreux, dès lors qu’ils possèdent un minimum d’ambition et de qualité d’enregistrement, me semblent à la limite du mainstream. Fichue accoutumance à la violence, vaine recherche d'adrénaline et du frisson supplémentaire à l’instar d’une vulgaire addiction aux stupéfiants et autres psychotropes, il convient d’exposer régulièrement à autrui ce que vous considérez comme accessible afin de saisir et d’interpréter l’effroi dans le regard de votre partenaire pour comprendre que le problème, c’est vous, et personne d’autre.

TRYGLAV n’est qu’un exemple parmi d’autres, témoin de votre déchéance sensorielle poussant vers des rivages que vous n’auriez même pas osé contempler de peur de perdre les sens et la raison. One-man band croate, le dénommé Boris y assure absolument tout, à l’exception du chant, confié à un certain Callum Wright sur ce coup-là, remplaçant Morbid qui officiait sur l’opus précédent. En cela, il s’inscrit dans une tendance récente du Black, brassant de l’Atmo à la AFSKY au Heavy de KVAEN ou d’INEXORUM. Il est d’ailleurs intéressant de noter la tendance des combos officiant dans le genre à restreindre leur line-up, les groupes comptant rarement plus de deux membres officiellement. Si l’un de nos cultivés lecteurs ou de mes confrères possède une explication un tant soit peu crédible, je suis preneur.

En ce qui concerne Boris, que l’on imaginerait volontiers sorti d’une steppe toute scandinave, il sera difficile de faire la fine bouche, tant le bonhomme sait se montrer séducteur sans pour autant trousser sa jupe devant le premier venu. Ce qui frappe en premier lieu, et ce dès le titre d’ouverture, un "The Ritual" beau comme un sou neuf, c’est la mélodicité qui émerge au milieu des blasts et de la fureur. Les leads de guitare harmonisés, succédant au tremolo picking, comme les meilleurs tubes du Melodeath jettent d’ailleurs le trouble quant à une appartenance au style. On évolue dans des sphères proches d’un MGŁA ou d’un UADA, pour ne citer qu’eux.

Loin d’être un énième clone, TRYGLAV brasse bien au-delà, piétinant à plus d'une occasion les plates-bandes du Black N’Roll du "Now, Diabolical" de SATYRICON avec une réussite certaine ("The Evocation"), en une constante : une recherche rythmique et musicale permanente. Boris nous narre ici des histoires, des épopées, qu’il imagine et illustre avec sa fougue et son talent protéiforme, martelant comme un damné, brutalisant ses cordes pour mieux laisser échapper la lumière à travers les enfers via des ponts célestes et inspirés. Le bougre nous gratifie même de quelques soli profondément élégants, exercice de par trop souvent snobé par les grands Maîtres en la matière ("The Plague").

Quand le Black se prête ainsi de ces apparats, il figure définitivement parmi des courants les plus touchants, de ceux qui procurent des émotions intenses et des envies de grands espaces, extérieurs comme plus intimes. "The Repentance" file le frisson de l’aventure, solennel et épique, porté par un chant habité qui ne fait qu’un avec des grattes se jouant l’une de l’autre, bouclant les harmonies avec une véritable déférence.

D’une durée de surcroît idéale en ce qui me concerne, 32 minutes, "The Ritual" possède cette identité classieuse, authentique et sauvage que je recherche dans ces versants extrêmes. À défaut de se montrer d’une sincère originalité, il se révèle en revanche d’une redoutable efficacité. Youtubeur de son état, Boris manie les instruments à merveille pour tirer la quintessence des gémonies et autres plaies ou rituels d’un temps ancien et nous glisse discrètement une petite perle de noirceur et de plaisirs coupables ("The Vision").

Doté d’une production admirablement équilibrée, laissant la place pour chaque instrument sans jamais écraser le rendu global, le disque possède des atouts indéniables et mérite l’attention des amateurs, dont je fais à présent bien partie, au grand dam de Madame Kol et de mes mini-Kols qui gambadaient joyeusement dans le salon avant que TRYGLAV ne lance son assaut ombragé, me laissant seul face à mon moi de 2008. Foutue déchéance.

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   KOL

 
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- Boris Behara (tout sauf le chant)
- Callum Wright (chant)


1. The Ritual
2. The Evocation
3. The Plague
4. The Repentance
5. The Redemption
6. The Vision
7. The Vengeance



             



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