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MELOBLACK  |  STUDIO

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2016 Devoid Of Light
2018 1 Cult Of A Dying Sun
2020 Djinn
2023 Crepuscule Natura
 

- Style : MgŁa [mgla], Tryglav, Dissection, Sworn

UADA - Devoid Of Light (2016)
Par KOL le 16 Décembre 2022          Consultée 795 fois

« Le Poulpe, pour l’attendrir, il faut taper dessus ». Telle était l’accroche du roman de Jean-Bernard Pouy, adapté au cinéma en 1998 par Guillaume Nicloux et narrant les absurdes déambulations de son personnage principal Gabriel Lecouvreur, aka « Le Poulpe », incarné par l’inénarrable Jean-Pierre Darroussin sur grand écran. Un film qu’il est bien de découvrir (ou de revoir) à l’occasion. Là, tout de suite, le rapport avec le Black Metal mélodique des Ricains de UADA ne saute pas aux yeux, je suis tout à fait prêt à l’admettre. Pourtant l’analogie ne saurait être plus pertinente. Mais nous y reviendrons ultérieurement.

UADA (qui signifie « hanté » en latin), originaires de Portland dans l’Oregon, est le fer de lance auto-proclamé de l’American Black Metal, genre qui n’en est en fait pas un en tant que tel, nous sommes bien d’accord. J’ai presque envie de qualifier le combo de Meloblack, tant sa musique est un habile mélange de Black norvégien et de Heavy très typé NWOBHM, comme le Melodeath d’appellation d’origine contrôlée Göteborg mâtinait son Death de ces subtiles lignes leads mélodiques de twin-guitares harmonisées, à la façon d’un IRON MAIDEN (ou vice-versa). Les membres sont plus ou moins anonymes, se cachant le visage derrière des hoodies noirs de fortune.

Le groupe, formé il y a à peine une petite dizaine d’années s’est rapidement forgé une petite réputation dans le milieu, et "Devoid Of Light" est son premier LP. Cinq pistes, 34 minutes, je vous laisse faire un rapide calcul : autant dire que nous sommes assez loin de la concision d’un NAPALM DEATH. Les chansons ont une tendance, fâcheuse ou heureuse selon affinités, à s’étirer sur la longueur, posant le plus souvent des ambiances à la fois violentes et aériennes, du fait de cette lignée Heavy que je décrivais précédemment.

Souvent comparés à MGŁA, ils diffèrent des Polonais en proposant une musique moins monolithique et des passages plus éthérés, même s’il serait de mauvaise foi de balayer d’une traite une quelconque filiation, tant les deux formations évoluent dans des univers proches. Le chant de Jake Superchi est également plus varié que celui de M., passant aisément d’une voix typée Black à des growls plus souvent associés au Death, ce qui apporte un certain relief à leur interprétation du genre. En revanche, nul ne peut nier une esthétique proche, une capacité d’agression alliée à un certain raffinement, ainsi qu’une légère odeur de soufre borderline dans ses accointances politiques, sans pour autant qu’aucune preuve réelle n’ait été portée à notre connaissance à ce jour. Si tel était le cas, ne doutez pas une seconde que cette chronique n’aurait jamais été publiée sur NIME. Après tout, même Lemmy (je n’ai pas besoin de préciser le groupe il me semble) a joué sur certaines ambiguïté et régulièrement tutoyé les limites acceptables.

Se dire tout cela, c’est bien beau, mais qu’attendre donc de cet essai séminal ? Et c’est précisément là que je reviens à mon céphalopode introductif. Le savoir-faire de UADA réside dans sa capacité à asséner de violentes charges sonores, assez typiques du Black (et sans grand génie intrinsèque), pour mieux laisser percer les mélodies et les atmosphères, pour le coup plutôt bien pensées. Les murs de sons et de désespoir vont et viennent, au rythme de la lune, véritable emblème et obsession tant graphique qu’ésotérique, pour régulièrement laisser place à la touche de lumière apportée par les grattes.

L’ensemble n’est certes pas bien original, mais il est suffisamment brut et bien exécuté pour susciter l’attention, et ainsi atteindre l’objectif recherché. Certes, les titres ont parfois tendance à se ressembler dans leur construction, et peuvent manquer de personnalité, au-delà des vocaux pré-cités. Mais pour un premier LP, la production se montre ma foi équilibrée, même si l’on perçoit certaines maladresses au niveau du mix, le chant passant brutalement du premier plan au fond du spectre, sans que cela ne semble se justifier au niveau de l’écriture. Ces petits soucis seront rapidement corrigés avec le très bon "Cult Of A Dying Sun" qui verra le genre deux ans plus tard.

Le titre-track représente une belle démonstration de ce que UADA peut proposer de bon, incorporant également une certaine théâtralité à la DIMMU BORGIR bien intégrée en l’occurrence et de solides passage mid-tempo. Ce dernier point préfigure également d’un virage qui sera plus marqué sur le troisième album, "Djinn", plus Heavy encore dans son approche tout en conservant la touche progressive des chansons. Certes, les Américains s’inspirent beaucoup de leurs illustres aînés, mais encore faut-il savoir manier avec talent ce savant dosage, et pour ma part, c’est ici le cas.

Au contraire de mon comparse Positron, UADA me procure de réelles sensations, et c’est finalement tout ce que je demande à la musique. Si les répétions des motifs pourront en lasser certains, il est également tout à fait possible de se laisser embarquer par ce voyage, pour peu que l’on puisse faire preuve de lâcher-prise dès que la matraque est mise de côté. Loin d’être un chef d’œuvre, "Devoid Of Light" est un trip à tendance introspective bien foutu, et pour un premier opus, c’est déjà beaucoup.

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- Jake Superchi (chant, guitare)
- James Sloan (guitare)
- Mike Beck (basse)
- Trevor Matthews (batterie)


1. Natus Eclipsim
2. Devoid Of Light
3. S.n.m.
4. Our Pale Departure
5. Black Autumn, White Spring



             



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