La musique est une matière vivante, semblant douée de sa propre volonté. Elle se forge une vie autonome dans nos inconscients, bien au-delà de l’écoute. Dans certains cas, elle s’évanouit, faute d’avoir pu s’imprimer quelque part dans nos cerveaux malades. Dans d’autres, au contraire, elle s’accroche, ayant touché une synapse sensible, prête à resurgir au moment (in?)opportun.

En ce qui me concerne, ce fut le cas concernant FIRE FROM THE GODS, formation US de Neo, fortement teinté de Reggae. Et si je devais re-noter "Soul Revolution" aujourd’hui, un an après l’avoir chroniqué, j’arrondirais probablement à la hausse mon 3,5 initial. Mais les lois Nimiennes étant ce qu’elles sont, je me contenterai de revenir sur cet album en couvrant la discographie, passée et à venir, du combo US d’Austin, tentant ainsi maladroitement de compenser mon incompréhensible fébrilité d’alors.

Forts d’un album globalement abouti, les Américains nous reviennent donc avec un petit EP acoustique qui fait du bien à papa. Quatre titres issus de la cuvée 2022, repris donc en mode unplugged, comme pour magnifier ses mélodies groovy à tendance Rastafari. Car s’il faut reconnaître un mérite au Rap ou au Reggae, c’est bien celui de savoir apporter du rythme par la voix, en sus des harmonies que peuvent trouver les chanteurs dans d’autres styles. Et c’est bien ce qu’il se passe ici. Il faut dire qu’AJ Channer est un sacré frontman, au timbre chaud et gorgé de feeling, grave mais écorché et baigné dans la Soul des pères fondateurs. Imaginez la force de caractère qu’il faut pour être black et chanteur de Metal, qui plus est au sein d’un groupe texan. Indéniablement, cela vous forge un tempérament.

Le choix des chansons extraites pour l’exercice est plutôt bien senti, même si je ne m’explique pas l’absence de "The Message", l’une des meilleures compositions du précédent LP, qui plus est parfaitement adaptée à l’exercice débranché. Trop évidente, peut-être ? Frustrant, très certainement, d’autant que "World So Cold" est peut-être la moins personnelle du combo, celle où l’on ne sent pas réellement la dimension Reggae que FIRE FROM THE GODS aime à insuffler à ses créations. Les arrangements sont de plus franchement minimalistes, ce qui en fait une piste finalement dispensable, quoique parfaitement audible.

Pour le reste, c’est du tout bon mes amis. L’éponyme évidemment, le tube "Thousand Lifetimes", ou bien entendu "Be Free", qui délivre un message basique mais universel, porté par des instruments qui viennent parfaitement soutenir le chant d’AJ Channer. La version originale était déjà excellente, elle se réinvente ici dans sa plus simple expression, offrant un écrin brut à ce chorus qui fiche les poils. Comme quoi, une bonne chanson, quelle que soit sa production ou sa revisite, reste une bonne chanson.

FIRE FROM THE GODS sait indubitablement écrire de chouettes morceaux, avec notamment des refrains qui se montrent fédérateurs sans pour autant se vider de toute substance. En ce sens, ils évoluent bien au-dessus de la plèbe Neo/Metalcore qui nous abreuve de poncifs et de mélodies de centres commerciaux au-delà du raisonnable. Sans prétention, AJ et sa bande prolongent donc le plaisir et nous offrent une petite extra-ball avec cet EP franchement sympathique. Ce serait trop bête de faire l’impasse, si tant est que vous puissiez apprécier les ambiances acoustiques et la musique jamaïcaine.