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TOMORROW'S EVE - Tales From Serpentia (2008)
Par HAPLO le 30 Mai 2023          Consultée 478 fois

Sombres et généreux.

Si il y a bien des notions qui définissent au mieux nos sympathiques Teutons de TOMORROW’S EVE et le Metal Prog touffu qu’ils délivrent depuis 1999, ce pourrait être ce mélange unique d’ambiances lourdes et marquées additionnées à une richesse instrumentale dont le côté géométrico-germanique n’a d’égal que l’aspect tellement dense qu’on termine une écoute en ayant l’impression d’avoir couru un 110m haies sur un faux-plat avec un sac à dos rempli de cailloux sur les épaules !
Car pour ces fans de Heavy nourris aux romans d’Isaac Asimov et autres Franck Herbert, le fond narratif galactico-épique se veut en outre tellement indissociable des riffs et autres structures alambiquées au point qu’ils cherchent (et trouvent !) le nom du combo dans ce qu’il convient d’appeler l’un des premiers récits de science-fiction écrit au XIXème siècle par un écrivain français dont la renommée ne survivra pas à la popularité d’un illustre contemporain nommé Jules Verne… Bref, TOMORROW’S EVE parvient à concilier son amour immodéré des mondes imaginaires et la rugosité d’un Metal compact aux arabesques tant massives qu’accrocheuses… Ceci dans la plus pure tradition germanique d’un grand frère comme VANDEN PLAS qui les inspire mais ne les effraie pas ni ne les enferme.

Et c’est vrai que depuis leur joli cri initial de la fin du millénaire poussé avec "The Unexpected World", ces Allemands rêveurs ne se sont pas privés d’illustrer leur musique par la projection puis le développement d’un univers narratif futuriste marqué par l’eugénisme avec lequel un scientifique sans scrupules tente de réaliser son rêve de société parfaite ("Mirror Of Creation" en 2003) puis par la quête éperdue de son identité oubliée dans laquelle se lance l’un de ces (sur)hommes devenu amnésique ("Mirror Of Creation 2 - Genesis II" de 2006). L’ambiance glauque et éprouvante des Miroirs de la Création s’imbrique ainsi parfaitement aux riffs acérés soutenus par une base rythmique en béton armé comme aux mélodies hargno-accrocheuses qui forment la signature auditive si reconnaissable de ce fantasque combo d’outre-Rhin. De plus, c’est avec un line-up (enfin) stabilisé, plus particulièrement avec le remarquable frontman qu’est Martin LeMar (ex BROKEN GLASS, LALU…) à l’empreinte vocale tant râpeuse que puissante, que TOMORROW’S EVE aborde ce quatrième opus studio qui nous intéresse aujourd’hui.

LeMar, qui a d’ailleurs rejoint ses complices sur le chapitre précédent s’est en effet complètement intégré et approprié l’univers science-fictionnesque des Miroirs de la Création, allant jusqu’à les enrichir en concevant l’intrigue et les textes du chapitre deux ! Tant sur le fond que sur la forme, la symbiose est parfaite (et tu trouveras bien le temps de consulter la kro correspondante sur ton webzine préféré ô lecteur méticuleux !). Il n’en demeure pas moins qu’avec ce "Tales From Serpentia" qui paraît en octobre 2008, nos Teutons d’outre espace lâchent (temporairement) les péripéties futuristes du jeune héro génétiquement optimisé au centre du récit des Miroirs de la Création pour s’aventurer dans un univers bien plus trouble lié à la souffrance ainsi qu’aux addictions et à tous les maux qui peuvent en découler… TOMORROW’S EVE nous propose ainsi de parcourir une sombre galerie peuplée de portraits un chouïa torturés illustrés par leurs péchés dont le fil rouge repose sur les rêves et les regrets nourris par un homme suite au décès de sa compagne et où viennent s’intercaler des mini-dialogues / monologues chargés d’alourdir un peu plus l’ambiance s'il en était besoin… Ces plongées successives dans ces obscurités individuelles conviennent d’ailleurs parfaitement au style tant rageur que plombo-tarabiscoté servi par le combo allemand dont le style global s’inscrit dans la parfaite continuité du très bon opus précédent. La formation y déploie un Metal dense, chargé, ambitieusement immersif, où les lignes rythmiques abrasives et finement ciselées de l’ami Rainer Grund sont portées aux cieux par la voix puissante comme accrocheuse d’un Martin LeMar réellement habité… Le tout étant cadré par un socle basse-batterie irréprochable à la densité justement équilibrée par des claviers dynamiques ainsi que des mélodies qui sonnent juste et facilement mémorisables.

Cette visite en eaux profondes se fait ainsi par petites touches successives, chaque titre contribuant à remplir la toile d’un tableau composé de peines, de regrets ou encore de plaisirs artificiels. Aussi, de très belles pièces de Prog jalonnent notre descente dans les entrailles palpitantes de la détresse dépeinte par les Allemands, à l’image du somptueux "Succubus" à la rythmique tranchante comme un rasoir déboulant sur un solo guitare explosif pour être rejoint par les synthés… sans oublier le nerveux et oppressant "The Years Ahead" dont les mélodies fédératrices reprises par les chœurs lancent victorieusement l’album ; ou encore le (très) inspiré "Faces", fort de ses échappées instrumentales ou de ses belles accélérations… Ici, pas vraiment de débat : TOMORROW’S EVE maîtrise magistralement son sujet et s’érige au sommet de son art. Les musiciens y confirment leur style et, preuve ultime de maturité, s’amusent également à l’enrichir.

Cependant, pris par leur fond narratif et leur souci de bien faire, LeMar et ses complices ont une nette tendance à charger la mule et lestent ainsi ce "Tales From Serpentia" d’une densité qui s’avère un tantinet pesante sur la durée totale d’un album quand bien même si, pris individuellement, certains titres sont réellement lumineux. La masse critique s’avère en outre cruellement linéaire ce qui rend la digestion compliquée car devant s’exercer à chaque moment d’une écoute qui peut finalement se révéler laborieuse. Sans pour autant nous servir du gros Heavy gras qui tâche, TOMORROW’S EVE semble arriver aux limites de son modèle, certes servi par une exceptionnelle générosité, mais qui finit imperceptiblement à tourner un peu en rond. Des titres comme le très conventionnel "Dream Diary", le premier des deux "No Harm" (le solo extatique de Grund sauvant la seconde mouture) ou encore le pâlichon "Warning" pédalant en bas de peloton, mettent en évidence cette tendance à ne pas savoir suffisamment se renouveler pour finalement basculer dans un mode de pilotage automatique dont la lourdeur et la répétition des figures de style appelle un début de commencement de soupçon de lassitude pour l’examen des méandres les plus sombres de l’âme humaine… N’en jetez plus de votre grosse déprime, je me rends !
Le titre final qui s’étire sur près de vingt minutes, et malgré des passages réellement attrayants, ne fera que me confirmer cette impression générale.

Bon album reflétant une réelle qualité de composition et une maîtrise instrumentale indiscutable "Tales From Serpentia" fait également preuve selon moi d’une légère surcharge pondérale ainsi que d’une petite absence d’originalité ou de surprise par rapport à son prédécesseur. TOMORROW’S EVE s’y investit pourtant complètement, les musiciens donnant généreusement tout ce qu’ils ont dans les tripes : une générosité en forme de grand déballage de fin d’époque qui explique peut-être le silence musical de dix ans qui s’en suivra pour ce combo jusqu’alors si productif. Donner tout sans réserve peut avoir un prix…

Titubant pour rejoindre mon lit dans cette chambre d’hôtel sombre et enfumée, je m’écroule sur le matelas souillé tout en parvenant à sauver le contenu de ma vieille bouteille de whisky. Torturé par mes nombreux démons parmi lesquels le remord occupe une place de choix, j’inscris d’un doigt crasseux sur le mur sale derrière le lit un lâche 3/5 que seuls mes amis les cafards pourront admirer… Symbole futile de ma frustration pour un "Tales From Serpentia" que je n’ai manifestement pas dû apprécier à sa juste valeur.

- pour jouir avec le Diable : "Succubus",
- pour l’ouverture en fanfare : "The Years Ahead",
- pour les pirouettes instrumentales : "Faces".

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   HAPLO

 
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- Martin Lemar (chant)
- Rainer Grund (guitare)
- Oliver Schwickert (claviers)
- Chris Doerr (basse)
- Tom Diener (batterie)


1. Nightfall
2. The Years Ahead
3. Dream Diary
4. No Harm
5. No Harm
6. Succubus
7. Warning
8. The Curse
9. The Tower
10. Faces
11. Muse



             



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