Bouh ! Comme le spectre annonciateur d'Halloween, je profite d'une nouvelle apparition de la Sorcière Acide pour sortir d'outre-tombe.

Les riffs de la nuit m'ont clairement emportée dans ce "Rot Among Us". Par exemple, dès cette intro soigneusement travaillée, qui sent bon l'inspiration "Midnight Movies".

Ou avec "5508 Martin St". Qui semble faire référence à une rumeur d'apparitions maléfiques autour d'une maison située à cette adresse. Et qui serait toujours en vente au moment où j'écris ces lignes. Un journal de Détroit (1) a d'ailleurs publié les témoignages des habitants qui, après avoir été témoins d'activités paranormales, ont quitté la maison, terrifiés. On ressent bien dans cette ambiance sinistre, créée par ce penchant bien Doom du titre, l'image de maisons, comme le 112 Ocean Avenue. Seule l'adresse suffit pour désigner la peur. Et puis on retrouve avec joie ces petites exclamations de diablotins sous cocaïne qui faisaient le charme de "Evil Sound Screamers".

Tandis qu'à l'écoute de "Psychedeathic Swampnosis", c'est un plaisir nostalgique qui nous renvoie à l'époque de "Witchtanic Hellucinations". Notamment grâce à ces discrets claviers qui font "bleup bleup" et ces riffs Heavy Death. Mais autour desquels s'intègrent de la flûte façon JETHRO TULL et des nappes de claviers aérées. Histoire de donner au morceau une ambiance façon trip au psylo dans un marécage démoniaque. Où tout flotte, mais impossible de dire si c'est en haut ou en bas… Après tout, ces notions de haut et de bas, selon comme on est défoncé, ça change tout.

Toute cette finesse de composition, ça s'entend également sur "Devil's Night Doom", qui comme son nom l'indique nous gratifie d'un Heavy Doom SABBATHien et growlesque à l'ancienne. Mais aussi sur "Evil Dad (Dad By Dawn)" avec ces samples, ce chant et ces rires un peu plus gnomesques. Ou encore sur "The Sleeper". Titre qui délivre un pur moment de Stoner teinté des influences Hard Rock de l'expérience "Midnight Movies". Il y a toujours du kitsch dans cette musique souvent dans le chant, les maintenant discrets arrangements, ou encore les samples de films d'horreur/de nanars.

Mais on sent que la sorcière cherche à donner plus de place à sa musique qu'à ses élans de folie. Elle a envie de lui donner un style plus proche de "Dr Jekyll & Mister Hyde" que de la famille dans Massacre À La Tronçonneuse. Et c'est plutôt réussi sur une grande partie du skeud. Notamment avec le titre éponyme qui illustre très bien ce savant mélange entre ses origines et ses nouveaux terrains de jeux musicaux. Mais ça rend parfois certains morceaux un peu plus conventionnels, sans ses surprises façon train fantôme qui ont toujours fait la patte d'ACID WITCH. Je pense par exemple à "Tommyrotters", même si on apprécie ces claviers qui contribuent à l'ambiance. Ou encore à "Chelsea Didn't Come Home Last Night". L'intro dans son style "Halloween Dancefloor" crée la surprise mais le Stoner-Death-Doom traîne un peu trop en longueur par la suite.

Mais c'est vraiment pas un gros défaut. L'album dans son ensemble est très qualitatif. La sorcière a vraiment transformé sa cave humide pleine de moisissures en un studio d'enregistrement. Et ça se ressent sur la prod qui laisse toujours flotter cette odeur de souffre, mais contrairement à celles des débuts du groupe, permet de distinguer de manière beaucoup plus nette et précise chaque instrument, chaque ligne de chant et de profiter de l'ensemble ("Gundella The Green Witch").

Enfin même si selon moi, ce "Rot Among Us" ne détrône pas "Evil Souds Screamer", il propose quand même une nouvelle bande-son très sympa pour Halloween. Que l'on se transforme en zombie pour faire la fête, où en choisissant d'enchaîner les bédots devant la trilogie "Evil Dead", dans les deux cas ça fonctionne. D'ailleurs en parlant de fumette, il faut noter la campagne marketing de génie du groupe qui a propose des bundles comprenant le skeud et divers accessoires pour se mettre bien (briquet tempête, grinder, plateau et feuilles à rouler). Le petit clin d'œil malicieux de la sorcière qui nous dit que son album, il est encore meilleur avec des fèves au beurre et un excellent Chianti.

(1)
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