Après un premier album absolument époustouflant et sublime sorti en 2013 et salué par la critique – le bien-nommé "Origin" – ENSHINE s’est fait assez rare et moins bavard. La sortie deux ans plus tard de "Singularity" tout aussi intéressant mais moins exceptionnel, nous laissait l’espoir d’un rebond palpitant. Les années passèrent et puis toujours rien… jusqu’à ce qu’en l’an 2021 les soubresauts tant attendus rejaillissent le temps de la sortie d’un single suivi de près par cet EP "Transcending Fire". Jari Lindholm refaisait enfin surface et il était temps. Si vous ne connaissez pas ce sbire, peut-être que si je vous souffle le nom de SLUMBER, de petites étincelles apparaîtront dans vos yeux et derrière vos paupières. Si tel n’est pas le cas je vous renvoie à son unique album "Fallout" qui avait fait grand bruit en 2004. Avez-vous pris connaissance aussi de cet autre projet ATOMA, et de cet intergalactique album qu’est "Skylight" ? Jari y assure une partie des guitares, et ces dernières ont des sonorités loin d’être étrangères avec celles de ENSHINE. Encore une fois, et à l’instar de SLUMBER, un seul album sera concédé à nos oreilles, mais à nouveau cette sortie sera un coup de maître.

Alors lorsque Jari s’est associé pour former ENSHINE avec Sébastien Pierre, un Frenchie officiant dans différents autres groupes de Death Mélodique et Atmosphérique (notamment FRACTAL GATES), son ambition suprême était de faire jaillir des torrents émotionnels au sein des riffs et des ambiances. Pari réussi avec "Origin" - vous le savez ou le saurez dorénavant – mais quid de ce très attendu "Transcending Fire" ? Dès les premiers arpèges du morceau éponyme qui introduit cet EP - concédons-le – nous sommes saisis à froid, à chaud et dans tous les sens. La Beauté s’invite et prend place côte à côte avec la Mélancolie, et ces deux déesses nous font accourir vers elles pour que nous les embrassions. Cet EP d’un peu plus de vingt minutes ne lâchera pas d’une semelle notre désir d’introspection, de ce désir d’un retour en soi pour aller explorer dans l’intimité l’ensemble de ces mélodies entêtantes, mirifiques et savamment inspirées. ENSHINE nous convie à nouveau, et pour notre plus grand bonheur, à voyager dans nos profondeurs ou à quitter ce monde par la voie céleste. Le growl doux et profond à la fois de Sébastien porte et emporte notre sensibilité à se mouvoir autour des riffs lumineux et tristes de Jari. Les claviers ont cette présence discrète qui permet d’ériger des ambiances aériennes et de prolonger les murs sonores. "Awake In Void" qui succède au premier titre éponyme reste d’une qualité prodigieuse avec ces tourments, ces emportements, ces envolées mélodiques, ces rêveries. Le rythme général est également plus emporté et laisse entrevoir l’accomplissement de ce Death/Doom Atmosphérique ravissant.

Lorsque survient "Ascend", ENSHINE nous fait découvrir un au-delà, mais un au-delà terrestre. Comme si avec nostalgie nous regardions - coincés quelque part dans un nuage de gaz - les restes de notre planète. Ce titre instrumental s’épanche sur des variantes Post Metal, avec des effets sonores flirtant vers de l’Électro côté IDM je vous prie, rassurez-vous. Je l’apprécie énormément, j’aime le voyage qu’il propose, la méditation soudaine qu’il sous-entend. Les leads poignants et saillants qui clôturent le titre sont majestueux et donnent envie que l’on soit embarqué avec eux aux confins des décibels. Voilà donc ce que je retiendrai de ce "Transcending Fire". Je mets un peu de côté le dernier titre acoustique "Constellation" non dénué d’intérêt, avec son piano espiègle et sa guitare teintant un peu à la manière d’une belle Neo Folk. La basse ronronnante se fraie un chemin dans cet épilogue poétique…

Ainsi s’achève cet EP de ENSHINE, serait-ce donc l’ultime sursaut ? Les années passent et le scénario de l’après "Singularity" se répète. Six ans avaient passé alors armons-nous encore un peu de patience et tentons de remarquer à la faveur des cieux nocturnes, le retour du vaisseau de Jari Lindholm. Rêvons encore alors « c’est déjà ça » !