TRICK OR TREAT est de retour, moins de deux ans après son album concept autour des douze Chevaliers d'Or d'Athéna, hommage au fameux manga de Masami Kurumada, "Saint Seiya". Et moins d'un an après une compilation d'inédits et de bonus tracks qui contenait quelques chouettes morceaux mais aussi - comme souvent avec ce genre de disques - pas mal de titres anecdotiques. Depuis la fin de la collaboration d'Alessandro Conti avec Luca Turilli's RHAPSODY, le combo de Modène ne chôme pas et c'est autant un atout qu'un handicap. Car si cette productivité lui permet d'occuper le terrain médiatique et de faire parler de lui régulièrement, elle l'oblige aussi à pondre des compositions en demi-teinte trop souvent.

Or, des morceaux inodores et incolores, "Creepy Symphonies" en compte quelques-uns. Trop, en tout cas, pour le placer parmi les meilleurs albums du groupe. TRICK OR TREAT a, volontairement ou non, placé ceux-ci en deuxième partie d'album mais le fait est qu'à cause de cela, on achève l'écoute de ce septième album studio sur une déconvenue plutôt que sur un sentiment positif. Pourtant, l'ambitieuse pièce de presque douze minutes qu'est "The Power Of Grayskull" était censée nous en mettre plein les yeux et les oreilles. Or, à part un refrain correct, on n'en retient pas grand-chose une fois l'écoute terminée. Et même pendant, on s'emmerde.

Pourtant, le quintette s'est cassé la tête pour faire décoller le morceau sur une ambiance sombre, embrayer sur des parties véloces où le refrain s'impose, puis sur des passages plus lents et même - pour l'un d'entre eux - sous forme de ballade. Les chœurs sont au rendez-vous aussi, mais jamais "The Power Of Grayskull" ne nous emporte dans le monde des "Maîtres de l'Univers" qui l'a inspiré. Pour un titre où l'on est censé imaginer Musclor affronter Skeletor, on n'est jamais exalté une seconde et c'est fort dommage car le potentiel était là, avec un tel sujet. Clairement, la plus longue composition de l'histoire de TRICK OR TREAT retombe aussi vite qu'elle a décollé. N'est pas HELLOWEEN qui veut.

En parlant des Citrouilles, elles sont une nouvelle fois au menu de TRICK OR TREAT sur ce nouveau longue-durée. Lui, l'ancien tribute band qui semblait s'être éloigné de ses premières amours avec "The Legend Of The XII Saints", revient à ses tics et réflexes HELLOWEENiens. Mais plusieurs des moins bons morceaux du disque n'auraient pas trouvé leur place sur les moins bons ouvrages des Hambourgeois, à part peut-être sur le piètre "My God-Given Right". Bien que musclé, "Escape From Reality" a certes du mordant côté guitares, mais n'a rien de mémorable, en dépit d'un refrain qui part bien. Le léger "Falling Over The Rainbow" est encore plus insipide, même si l'un de ses motifs de basse évoque vaguement le riff du "Bidon" d'Alain Souchon et peut faire sourire.

Au rayon des morceaux juste corrects, "Queen Of Likes" se pose là. Mais dans son cas, si la musique est sympatoche, les paroles sur la vanité des influenceuses et leur quête effrénée du clic et des followers sonnent hyper vieux jeu et presque réac. Sans dec', rentrer dans le lard des starlettes d'Instagram, c'est carrément trop facile. Et c'est so 2010, non ? TRICK OR TREAT s'y prend beaucoup trop au sérieux et ça ne lui va pas du tout d'être dans la chanson "concernée", à défaut d'être engagée. Heureusement que, sur le reste du disque, la formation italienne reste concentrée sur l'une de ses marottes : la Pop Culture. En résulte la très réussie (et très 80s) ballade "April", en hommage à l'amie journaliste des Tortues Ninja, et la quasi power-ballade "Peter Pan Syndrome (Keep Alive)", aux sonorités électroniques rafraîchissantes.

Ce dernier, placé en cinquième position dans la tracklist, vient conclure la solide première moitié de l'album. Car l'essentiel de ses bons points, "Creepy Symphonies" les tire de ce quinté fort efficace, même si très marqué par l'esprit d'HELLOWEEN. Si "Trick Or Treat" n'est qu'une introduction - qui met toutefois dans l'ambiance - elle offre une belle rampe de lancement au tube de l'album, "Creepy Symphony", parfaite compo de Power Metal à l'ancienne. Rapide, fédérateur et collant totalement à l'esprit de la fête d'Halloween, le morceau est aussi très autoréférencé et pourrait constituer une suite idéale à "Evil Needs Candy Too", le hit qui a placé TRICK OR TREAT sur la carte du Power en 2006.

"Have A Nice Judgement Day" est une très bonne chanson Heavy Metal dotée d'un refrain entraînant, qu'HELLOWEEN n'aurait certainement pas reniée. Pas plus que "Crazy" et son côté Happy Metal, qui transpire de son refrain, bien sûr, mais aussi de ses couplets et de ses soli de guitare, lumineux à souhait. Sur ces très bons morceaux comme sur les moins réussis de l'album, toutefois, l'enthousiasme du groupe exsude de chaque instrument et l'investissement de ses membres est total, chacun d'eux ayant composé ou co-composé au moins un titre. Ce qui aide à faire passer la pilule des moins bons moments. Au bout du compte, même si "Creepy Symphonies" se révèle être un album de transition, il compile tout de même quelques valeurs sûres pour les futurs concerts de TRICK OR TREAT, toujours très fun quoi qu'il arrive.