Recherche avancée       Liste groupes



      
METAL PROG  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Style : Spiral Architect
- Membre : James Labrie , Seventh Wonder, Powerwolf
 

 Myspace (1170)

ZERO HOUR - Agenda 21 (2022)
Par FREDOUILLE le 20 Août 2022          Consultée 1516 fois

En voici un retour presque inespéré et tout à fait inattendu ! Moi qui suis un grand fan de Metal Progressif depuis toujours, un groupe comme ZERO HOUR me parle bien évidemment (j’ai d’ailleurs déjà écrit sur le groupe sur les colonnes nimiennes) et le fait d’apprendre la sortie de leur nouvel album "Agenda 21", m’a fortement enthousiasmé. Ayant découvert le groupe californien en 2001 avec le monstrueux "The Towers Of Avarice", j’étais resté un peu orphelin depuis "Dark Deceiver" sorti en 2008, certainement l’album le plus noir, et le plus virulent musicalement des Américains, avec non seulement un univers quelque peu torturé, mais également un mur sonore dense, épaisseur triple couche, à coup de riffs syncopés et de rythmiques pachydermiques à décorner un taureau.

Car c’est cela aussi ZERO HOUR. Des compositions progressives ultra complexes en général, puissantes voire cliniques, assez longues la plupart du temps, pour ne pas dire labyrinthiques, multipliant les variations et faisant valoir une technicité hors-pair que ce soit à la basse, batterie et donc à la guitare, Jasun Tipton réalisant bien souvent un travail tout à fait prodigieux (c’est encore le cas ici sur "Agenda 21" avec sa six-cordes). Forcément, en matière de Metal Progressif, ZERO HOUR est un poil atypique pour ne pas dire unique, et n’est donc pas à mettre entre toutes les oreilles (ça peut même faire mal à la tête pour les novices peu habitués à du déballage technique de cet acabit), mais le combo américain a su au fil des albums créer sa marque de fabrique, cimenter un son et une patte reconnaissables entre mille.

Fondé en 1993 par les Frère Tipton, ZERO HOUR a donc jeté l’éponge peu de temps après la sortie de "Dark Deceiver", car Troy Tipton le bassiste a alors beaucoup de problèmes avec son bras gauche. Son nerf cubital est atteint et coincé, Troy n'a plus aucune sensation dans son bras… Nécessité d’opérer puis récupération difficile, l’empêchant finalement de jouer et rejouer dans ZERO HOUR. Alors devant la difficulté, les frères Tipton, passionnés de musique ne s’en sont pas laissés compter puisqu’ils ont depuis, monté ensemble quelques autres projets. Parmi ceux-là ABNORMAL THOUGHT PATTERNS (fondé en 2011, avec le batteur Mike Guy présent sur l'ensemble des disques de ZERO HOUR), CYNTHESIS (fondé en 2010, avec Erik Rosvold le chanteur sur les deux premiers ZERO HOUR et le batteur d’ENCHANT Sean Flanagan – CYNTHESIS délivre un Metal Prog’ plus atmosphérique que celui de ZERO HOUR) et également A DYING PLANET (fondé plus récemment en 2017 et cette fois sans Troy Tipton), groupe que j’espère vous présenter amis lecteurs prochainement sur NIME (avec l'album "When The Skies Are Grey").

Les frangins Tipton ne se sont donc pas vraiment ennuyés durant les dix, douze dernières années. Mais ça faisait déjà quelque temps (depuis 2020 pendant la période du COVID) que l’idée de remonter ZERO HOUR titillait Jasun Tipton. C’est donc chose faite avec néanmoins un line-up fortement remanié, puisque c’est donc Andreas Blomqvist (SEVENTH WONDER) qui remplace Troy Tipton à la basse, Roel Van Helden, (POWERWOLF) qui remplace Mike Guy derrière les fûts. Enfin, ce n’est autre que Erik Rosvold qui revient derrière le micro en lieu et place de Chris Salinas, sacré chanteur néanmoins et qui avait su insuffler de la puissance et une énergie nouvelle à ZERO HOUR. Avec Erik Rosvold, le dépaysement n’est donc pas de mise sur "Agenda 21" puisque c’est lui qui chantait sur "Metamorphosis" et sur "The Towers Of Avarice", disques desquels "Agenda 21" se rapproche naturellement le plus.

"Agenda 21" est bien évidemment moins virulent que l’album "Dark Deceiver" (qui tapait très fort mine de rien), et aucunement teinté de noirceur comme l’était son prédécesseur. Les couleurs de l’album sont moins sombres, bien plus claires si l’on prend l’atmosphère générale du disque, ambiance bien plus éthérée, contrairement à celle de "Dark Deceiver" limite étouffante. De fait, ZERO HOUR ne nous surprend pas le moins du monde sur "Agenda 21", et c’est peut-être d’ailleurs l'un des seuls défauts du disque. En effet, peu ou pas de surprises sont à souligner au final, mais qu’il est tout de même bon de retrouver ZERO HOUR à ce niveau, intact, efficace et pour qui les affres du temps n’auront eu que peu d’impact finalement. Car pour le coup, nous sommes sur ce nouveau disque en territoire archi connu et bien dans le registre auquel le groupe nous a habitués par le passé. La patte du groupe est par conséquent et toujours reconnaissable entre mille (ouf !) et n’a donc finalement pas changé d’un iota. Les morceaux, tous composés par Jasun Tipton (Erik Rosvold est quant à lui crédité des textes) restent bien évidemment longs pour la plupart (l’opener "Democide" atteint même les quatorze minutes, "Patient Zero" les dix minutes !), intelligents le plus souvent (oui force est de reconnaître que c’est toujours habilement composé) et relativement aérés, ce qui est un plus non négligeable (on respire bien sur ce disque, ce qui n'a pas toujours été le cas sur le suffocant "Dark Deceiver"). On appréciera surtout et somme toute les montées progressives des différents morceaux qui sont relativement astucieuses ("Agenda 21", "Democide", "Patient Zero"), exception faite de "Memento Mori", titre qui s'apparente plutôt à un très joli morceau d'accalmie - une sorte de ballade atmosphérique en quelque sorte !).

Les compositions oscillent donc et généralement entre cinq et dix minutes et possèdent leur lot de riffs syncopés si caractéristiques, de multiples variations/changements rythmiques que le groupe maîtrise à la perfection, variations qui arrivent toujours au bon moment et qui permettent très régulièrement d’insuffler aux compositions un nouvel élan. Tant et si bien que l’on ne s’ennuie jamais lors de leur écoute. Sans compter les passages presque atmosphériques placés intelligemment ici et là (l’intro de "Patient Zero" son ambiance feutrée et délicate et sur laquelle Jasun propose quelques notes tout en douceur avant que quelques samples / bidouillages électroniques ne donnent le tempo puis le fassent accélérer ; des samples / claviers qui donnent au morceau une tessiture tout à la fois sombre et moderne) avec quelques claviers un brin planants, sur lesquels Erik Rosvold se montre particulièrement probant. C’est particulièrement flagrant sur le passage atmosphérique de "Stigmata" où son chant clair mis en valeur et se faisant presque dramatique, tape en plein dans le mille. Car s’il y a bien une prestation à saluer en premier lieu sur le disque c’est bien celle d’Erik Rosvold. Ses vocalises pour le moins atypiques (parfois dans les phrasés aussi), tour à tour puissantes, rageuses et captivantes (sur les véloces "Agenda 21", "Technocracy" titre qui parle de la drogue qu’est devenu le numérique ; après une intro des plus mélodiques, Erik déboule avec ces paroles : "the digital drug is the lobotomy"), dramatiques ("Stigmata"), délicates (sur "Patient Zero" et ses passages atmosphériques et feutrés - cela en est presque apaisant), émotionnelles aussi, varient donc judicieusement au gré des ambiances et rythmes versatiles proposés par les compositions. La performance est notable et constitue incontestablement une des grandes réussites de "Agenda 21".

Parmi les autres réussites de l’album, outre la production qui est claire et de qualité (mixage et mastering par Kai Stahlenberg - POWERWOLF, BENIGHTED, CREMATORY, VIRON...), les arrangements sont subtils mais efficaces (voix féminine sur "Patient Zero"), il y a beaucoup de relief dans les atmosphères ("Patient Zero"), et l’ensemble des instruments est mis en valeur comme il se doit (on perçoit clairement par exemple la basse d'Andreas Blomqvist et les enchaînements à la batterie de Roel Van Helden - sur "Stigmata" notamment), on retiendra bien évidemment l’intelligence des compositions qui, si elles ne possèdent pas à mon goût suffisamment de fulgurances, restent néanmoins ingénieuses dans leur progression, dans les passages techniques aussi (le groupe évite le déballage trop démonstratif, en tout cas on n'a jamais l'impression qu'il y a branlette de manche par exemple, les enchaînements ou avalanches de notes sont plutôt bien dilués dans les compositions), dans leur variété aussi, proposant donc de multiples paysages, entre passages nerveux et véloces avec des riffs lourds ("Agenda 21"), lancinants même ("Stigmata") et parties claires / atmosphériques ("Agenda 21", la fin de "Stigmata" complètement planante, "Patient Zero") où Jasun Tipton y ajoute de subtiles mélodies avec bien souvent de jolis arpèges. "Democide" est certainement le morceau qui représente le mieux ce que je viens de décrire puisque du long de ses quatorze minutes, il varie les plaisirs avec une certaine fluidité, entre accalmies et montées progressives le tout assemblé de façon toujours très cohérente. Bien évidemment, "Stigmata" fort de son atmosphère captivante et de ses enchaînements particulièrement brillants et "Patient Zero" épopée de dix minutes qui clôture le disque brillamment (la fin atmosphérique est de toute beauté avec un Erik Rosvold magistral), ne sont décidément pas en reste et font aussi partie de cette catégorie.

Après quatorze ans d'absence, ZERO HOUR signe avec "Agenda 21" un très solide album et du même coup un retour gagnant même si ces six nouvelles compositions n’apportent en fin de compte que peu d’eau au moulin. Pour celles et ceux qui connaissaient déjà ZERO HOUR, vous ne serez assurément pas surpris à l'écoute de ce "Agenda 21", tant l'univers délivré par le groupe en 2022 vous apparaîtra finalement un tantinet familier. Il n’en reste pas moins que ces six compositions révèlent un très beau travail d’écriture, plutôt homogène au niveau qualité avec surtout un très bel équilibre entre les parties calmes (qui ont été travaillées assurément plus que de coutume) et passages plus véloces conférant aux compositions une certaine richesse et in fine une certaine élégance aussi ("Patient Zero"). Ravi en tout cas de voir que ZERO HOUR ait repris du service, j'avoue que les Américains me manquaient un peu.

Note réelle : 3,5/5 arrondi à 4/5.

Morceaux préférés : "Stigmata", "Patient Zero", "Agenda 21".

A lire aussi en METAL PROG par FREDOUILLE :


A PRISON CALLED EARTH
Rise Of The Octopus (2011)
Tout simplement éblouissant !




VENTURIA
The New Kingdom (2006)
Une perle rare de metal progressif!


Marquez et partagez




 
   FREDOUILLE

 
  N/A



- Erik Rosvold (chant)
- Jasun Tipton (guitare, claviers)
- Andreas Blomqvist (basse)
- Roel Van Helden (batterie)


1. Democide
2. Technocracy
3. Stigmata
4. Memento Mori
5. Agenda 21
6. Patient Zero



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod