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1966 Fresh Cream
1967 Disraeli Gears
1968 Wheels Of Fire
 

1966 Fresh Cream
1967 Disraeli Gears
1968 Wheels Of Fire
1969 Goodbye
1970 Live Cream
1972 Live Cream Volume Ii
 

- Style : Bad Company, Mountain, Dewolff, Cactus, Rosalie Cunningham, Greta Van Fleet, Rival Sons, Led Zeppelin, Grand Funk Railroad, Free, The Firm, Smile
- Membre : Public Image Limited
- Style + Membre : The Yardbirds, Bbm

CREAM - Wheels Of Fire (1968)
Par DARK BEAGLE le 4 Juillet 2022          Consultée 1753 fois

J’ai un attachement particulier avec l’album "Wheels Of Fire" de CREAM, aussi je ne peux pas être honnête et objectif le concernant. J’aurai toujours un aveuglement de subjectivité car il me rappelle de nombreux souvenirs de jeunesse et me procure toujours des frissons de plaisir dès que "White Room" s’échappe par les enceintes. Pour moi, il est l’un de ces essentiels de la Musique, dans sa grande généralité. Là, je n’ai pas peur d’utiliser le terme de chef d’œuvre pour le définir tant il comporte tout ce qu’il faut pour s’incliner humblement devant. Ne pas avoir écouté ce disque au moins une fois dans sa vie est une erreur et si vous êtes dans ce cas, je vous invite à la corriger. Si vous n’aimez pas parce que pas assez violent, je ne pourrai hélas rien pour vous.

La magie a opéré un été de ma jeunesse. Je n’étais pas bien vieux, peut-être six ans, sept au maximum. J’étais quelques jours en vacances chez ma tante que je surnommais « Jeanne de la Ville » en opposition à mon autre tante que je surnommais « Jeanne de la Jungle ». La différence résidait surtout dans un jardin plus luxuriant pour l’une que pour l’autre. Mais chez Jeanne de la Ville, il y avait mon cousin et ses collections de BD et de disques et quand il n’était pas là, je pouvais passer des heures dans sa chambre à lire les illustrés et à regarder les pochettes des premiers MAIDEN ou METALLICA. Mais quand j’avais envie d’écouter de la musique, j’attendais avec impatience son retour. Mais il ne se faisait jamais prier pour me faire découvrir des choses nouvelles ou plus anciennes.

Et un soir, il sortit ce "Wheels Of Fire" de sa collection. La pochette tranchait avec ce qu’il écoutait habituellement. Elle faisait très San Francisco hippie. Quelques années plus tard, je l’associerai avec le style de lettrage qu’affectionnait Crumb, mais là, vous comprendrez que j’étais encore trop jeune pour seulement savoir ce que Rob faisait ! Puis il a posé le disque sur la platine, il y a eu ce souffle craquant propre au vinyle et la magie a très vite opéré. "White Room" reste un de mes morceaux préférés encore aujourd’hui. Quand il est passé durant le film Joker, j’étais comme un dingue. Quand HELLOWEEN l’a repris, j’ai été super critique alors qu’étrangement, la version qu’en a fait APOCALYPTICA ne me déplaît pas.

Et j’ai écouté l’album religieusement. Mon cousin a également passé les titres live et je pense sincèrement que Clapton a tout donné sur cette version dantesque de "Crossroads". Plus tard, quand je souhaitais m’initier à la guitare sous l’impulsion d’une passion peu commune pour Rory Gallagher, le jeu de Clapton (1) devait également me hanter. Avec de telles références, il n’est pas étonnant que j’ai vite abandonné l’idée de triturer cet instrument. Bizarrement, l’envie de plaquer du gros riff ne m’intéressait pas plus que cela, je préférais écouter des mecs le faire tandis que je voulais jouer de façon plus suave, plus belle, plus profonde. Peine perdue.

Ce disque, paru en 1968, d’abord aux USA puis plus tard en Grande Bretagne préfigure grandement ce que fera LED ZEPPELIN quelques mois plus tard. Vous avez là toutes les bases du Hard Rock, à commencer par du Blues, suivi par le Rock Psyché et de la Folk, interprété avec beaucoup de force et de conviction. "White Room" ouvre donc le bal et pourtant la chanson est très imparfaite ! Oh, musicalement, elle tient très bien la route, entre Clapton et sa pédale Wah Wah qui fait des merveilles et ce jeu de batterie de Ginger Baker qui a dû écœurer bien plus qu’un apprenti batteur à l’époque. Mais c’est là que Jack Bruce montre toutes ses limites au chant, ses aigus n’étant vraiment pas maîtrisés. Mais qu’importe ! Une magie opère ici même si l’entente au sein du groupe est plutôt mauvaise.

Jack Bruce a pris le leadership de la formation et son caractère irascible d’Écossais trouve du répondant avec celui non moins dégueulasse de Ginger Baker, réputé être très dur à vivre. Slowhand sera cantonné au rang de simple exécutant. Mais combien de groupes de cette époque auraient signé pour avoir Eric Clapton « juste » comme guitariste ? Pour lui rendre justice, il sera responsable du choix des deux reprises qui émaillent ce "Wheels Of Fire" et à ce niveau, il a des goûts sûrs et il transcende complètement les originaux avec son jeu précis et furibard. Ses interventions sur "Sitting On The Top Of The World" ne sont pas sans rappeler ce que Jimmy Page fera un peu plus tard au sein du Dirigeable.

Et bien que l’ambiance au sein de CREAM ne soit pas au beau fixe, il existe tout de même une alchimie instrumentale entre les musiciens qui trouvent facilement le moyen de se répondre l’un l’autre. Ginger Baker déploie un jeu monstrueux, puissant mais non dépourvu de groove (ce dernier s’illustrera beaucoup à ce niveau par la suite), Bruce est le point pivot, celui qui fait le lien entre la rythmique exigeante de Baker et la guitare acérée de Clapton et son chant, pas aussi impressionnant que celui d’un Robert Plant, convient très bien aux relents Bluesy que développe CREAM. Et surtout, il s’adapte.

On le sent parfaitement à l’aise sur le Folk "As You Said" (n’y voyez-vous pas les prémices d’un "Led Zeppelin III" ici ?) ou sur le plus énervé "Those Were The Day". Et que dire de la production aux petits oignons de Felix Pappalardi (futur MOUNTAIN) qui assure également une bonne partie des instruments subsidiaires tels les claviers ou les cuivres qui se font entendre sur une bonne partie de l’album ? Écoutez donc l'étrange "Pressed Rat And Warthog" pour vous faire une idée. Pour l’époque, la prod' est vraiment excellente, le moustachu sait mettre en valeur chaque musicien (sérieusement, penchez-vous sur le son de batterie sur "White Room", ça a de quoi filer le tournis, encore aujourd’hui).

Les neuf morceaux qui forment le pendant studio de "Wheels Of Fire" se suffisent à eux-mêmes. Le disque est varié, il épouse plusieurs genres avec beaucoup de bonheur, sans que sa ligne directrice ne paraisse absconse. L’alliance entre Jack Bruce et le poète Pete Brown fonctionne à merveille. Les textes sont particulièrement bien ciselés et contribuent à la force de ce disque (et là encore, je citerai "White Room", dont le premier vers est particulièrement indélébile – « In the white room with black curtains near the station ») et sur lesquels Bruce va vraiment s’appuyer pour apporter une conviction qui va faire la différence. Ces ratés sur les aigus ? On s’en fiche, ils font partie du truc et tant pis si ce n’est pas parfait, ce qui compte ici c’est l’engagement de chacun.

Il reste le disque live. Enfin, juste quatre titres, mais quels titres ! J’évoquais plus haut l’intensité du jeu de Clapton sur "Crossroads" et aujourd’hui encore, je me prends une claque chaque fois que j’écoute cette version précise, absolument dantesque. Mais il y a aussi ces improvisations qui font que l’on ne reste pas indifférent aux titres proposés ici. Si "Spoonful" voit Clapton s’illustrer à travers des soli sur lesquels Bruce et surtout Baker peuvent s’appuyer pour apporter de la densité, comment garder sous silence le solo de batterie sur "Toad" ? Ginger donne une véritable leçon sur une dizaine de minutes tout en réalisant l’exploit de ne jamais être chiant, un travers dans lequel sont tombés pas mal de ses collègues à travers le temps.

Chaque fois qu’il m’est donné l’occasion d’écouter "Wheels Of Fire", je me remémore le gamin qui, assis sur le lit, écoutait l’album pour la première fois, la bouche ouverte, sans savoir quoi dire. J’estime avoir eu de la chance d’avoir pu connaître ce disque aussi jeune et d’avoir su l’apprécier, d’avoir été capable de rester concentré tout ce temps. Et, quelque part, je regrette que ce ne soit pas mon père qui me l’ait fait découvrir, cela aurait été un souvenir encore plus fort. Malheureusement ses goûts sont totalement opposés à ceux que développent les musiciens ici et la musique n’a pas une place aussi importante dans son cœur que dans le mien. Ajoutez à cela une certaine rudesse qui l’éloigne de ces moments de complicité, mais c’est une autre histoire. Oh puis merde. Cet album est un chef d’œuvre, fichez-moi la paix, je sèche mes larmes.

(1) Et personne ne comprenait ma blague "dans la famille Pton, j'ai toujours préféré Cla à Ti". En la lisant aujourd'hui, je comprends mieux pourquoi.

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- Jack Bruce (chant, basse)
- Eric Clapton (guitare)
- Ginger Baker (batterie)


1. White Room
2. Sitting On The Top Of The World
3. Passing The Time
4. As You Said
5. Pressed Rat And Warthog
6. Politician
7. Those Were The Days
8. Born Under A Bad Sign
9. Deserted Cities Of The Heart

1. Crossroads (live)
2. Spoonful (live)
3. Traintime (live)
4. Toad (live)



             



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