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ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

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1966 Fresh Cream
1967 Disraeli Gears
1968 Wheels Of Fire
 

1966 Fresh Cream
1967 Disraeli Gears
1968 Wheels Of Fire
1969 Goodbye
1970 Live Cream
1972 Live Cream Volume Ii
 

- Style : Bad Company, Mountain, Dewolff, Cactus, Rosalie Cunningham, Greta Van Fleet, Rival Sons, Led Zeppelin, Grand Funk Railroad, Free, The Firm, Smile
- Membre : Public Image Limited
- Style + Membre : The Yardbirds, Bbm

CREAM - Disraeli Gears (1967)
Par DARK BEAGLE le 3 Novembre 2019          Consultée 2540 fois

Qui l’eut cru ? Eric Clapton, malgré tout ce qu’il s’est envoyé dans le nez, aura survécu à Jack Bruce et à Ginger Baker. Le batteur légendaire nous aura quittés en ce début octobre, laissant derrière lui une carrière bien remplie, même si elle n’a pas été des plus productives. Parmi les albums qui méritent que l’on se penche dessus, il y a ce "Disraeli Gears", second opus de CREAM, qui va opérer un virage dans le style du groupe et ouvrir de nombreuses portes aux musiciens, dont celle des États-Unis.

Nous sommes en 1967 et Jimi Hendrix avait provoqué un séisme dans le monde du Rock avec "Are You Experienced?". La réponse britannique allait arriver quelques mois plus tard, dissimulée derrière une pochette tellement psychédélique qu’elle pique quand même les yeux. Avec un nom d’album qui est une blague faisant référence à Benjamin Disraeli, un homme politique qui avait squatté le 10 Downing Street à deux reprises durant le XIXème siècle, CREAM va casser cette image tranquille qu’il véhiculait sur la pochette de son premier album. Et pour le coup, il n’y a pas tromperie sur la marchandise, Clapton et sa bande vont franchir un pas en termes de créativité.

Sur "Disraeli Gears", CREAM semble avoir canalisé la créativité de ses musiciens, secondés il est vrai par Felix Pappalardi qui va se charger de la production, mais qui va également intervenir dans l’écriture de certains morceaux. Le futur bassiste de MOUNTAIN va d’ailleurs s’illustrer d’entrée de jeu sur "Strange Brew", ouverture psychédélique en puissance, qui va clairement indiquer la direction prise par le groupe sur cet album. Il y a toujours de forts relents Blues dans la musique, Clapton étant celui qu’il est, mais sa guitare se veut plus incendiaire, influencée par le jeu d’HENDRIX qui avait eu un fort impact sur Slowhand.

Mais c’est "Sunshine Of Your Love" qui va définitivement asseoir la réputation de CREAM. Ce titre, qui repose sur une guitare agressive pour l’époque, est le genre de morceau qui a traversé les époques. Tout le monde le connaît, tout le monde ne sait pas forcément quel groupe l’a engendré. L’interprétation est exceptionnelle, chacun est parfaitement à sa place et surtout, personne n’essaie de tirer la couverture à lui. Il y a une espèce d’osmose qui se crée, Baker impose un rythme parfaitement accompagné par la basse tandis que Clapton pond LE riff irrésistible. Le chant de Bruce, ici secondé par Showhand est agréable, la mélodie vocable est imparable et on tient là ce qu’il convient d’appeler un classique immédiat.

Deux titres, deux tueries. Ce n’est pas si mal. Quand CREAM ne se disperse pas, qu’il ne se perd pas dans ses influences diverses, il devient plus précis, plus dense également. Le groupe va ainsi aligner des perles tout le long de l’album, entre le splendide "Dance The Night Away", l’allumé "Tales Of Brave Ulysses" ou le plus rugueux "SWLABR" qui serait l’acronyme de "She Was Like A Beared Rainbow" (elle est comme un arc-en-ciel barbu), qui tend lentement vers du Hard Rock très primaire. "World Of Pain" se voudra quant à elle plus intimiste, avec un son un peu plus étouffé qui la rend étrangement fragile.

En tant qu’auditeur, nous nous en prenons plein les oreilles. Chaque musicien est au somment de son art. Ginger Baker, qui était déjà un vétéran à cette époque, possède un jeu monstrueux, ses parties sont imposantes, il ne joue pas à l’économie et préfigure ces batteurs aux frappes lourdes et puissantes qui feront les beaux jours du Hard Rock et du Heavy Metal qui se profilaient à l’horizon. Jack Bruce, quant à lui, s’impose tout en élégance, tandis que Eric Clapton est égal à lui-même, délivrant des soli à la wah-wah comme si de rien n’était, durcissant le ton quand il le faut. Mais…

Mais, étrangement, les musiciens, aussi brillants soient-ils, vont faire des choix artistiques étranges et personne ne va trouver à redire dans leur entourage immédiat, pas même Pappalardi. Et sur vinyle, ça fait tâche. Ainsi, la face A se termine par "Blue Condition" et "Blue Condition"… Ah merde ! Ginger Baker est mort et je vais devoir dire des trucs pas très gentils à son sujet. Parce que c’est lui qui a composé ce qui est souvent considéré comme le pire titre de CREAM ; c’est relativement quelconque, mais c’est surtout très paresseux dans le rythme et pire ! la voix de Ginger est insupportablement plate, insipide.

Et le plus drôle, ou le plus lamentable, c’est qu’ils vont renouveler l’exploit en face de face B. "Take It Back" ne décolle jamais et même Jack Bruce semble être peu concerné par son chant. Quant à "Mother’s Lament", il s’agit d’une chanson populaire anglaise ici reprise à trois voix qui n’apporte strictement rien à l’ensemble. Mais cela va contribuer à ternir un album qui aurait pu être tout simplement exceptionnel. Malgré son talent, le trio n’est pas à l’abri de choix étranges et déplorables dans le fond comme dans la forme.

Alors bien sûr, l’influence du jeu d’Hendrix aura été importante pour la conception de cet album et le style de Clapton va littéralement s’enflammer, propulsant CREAM dans une nouvelle direction, s’écartant du style plus traditionnel de Blues Blanc pour embrasser le mouvement psychédélique qui explosait alors, mais en y apportant une rudesse des faubourgs londoniens, le goût du pavé et l’odeur des clubs de Soho. Et le succès sera au rendez-vous, propulsant CREAM au rang des légendes du Rock. Bien qu’imparfait, "Disraeli Gears" va placer le trio sur d’excellents rails, ouvrant une voie royale pour "Wheels Of Fire".

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- Jack Bruce (chant, basse)
- Eric Clapton (guitare, chant)
- Ginger Baker (batterie, chant)


1. Strange Brew
2. Sunshine Of Your Love
3. World Of Pain
4. Dance The Night Away
5. Blue Condition
6. Tales Of Brave Ulysses
7. Swlabr
8. We're Going Wrong
9. Outside Woman Blues
10. Take It Back
11. Mother's Lament



             



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