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DEATH/GRIND  |  STUDIO

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- Style : Carcass, Krabathor, Napalm Death, Pungent Stench, S.o.d., Terrorizer, Anal Cunt

MACABRE - Dahmer (2000)
Par DARK BEAGLE le 21 Mars 2022          Consultée 1171 fois

La folie d’un homme prend tout de suite des proportions inimaginables quand cet homme est un dictateur (oui, je parle bien de Vladimir Poutine). Le genre de type que l’on sait dangereux car complètement paranoïaque. Est-il capable de vraiment aller trop loin ? Il n’a pas trop la tête à lire de la SF, donc bon, on ne sait jamais. Mais, étrangement, il ne me fait pas peur, ce n’est qu’un épouvantail au sourire figé. Puis s’il faut terminer en tas de cendres ben, quand ça arrivera je n’aurai pas le temps de me dire « ah ouais peut-être que… ». Non, ceux qui me font vraiment peur, ce sont les monstres du quotidien. Des mecs comme vous et moi qui ont des pulsions meurtrières qu’ils doivent assouvir. Cela peut être votre voisin, un ami ou encore le type qui s’assied toujours à côté de vous dans le bus. Votre collègue de boulot. Jeffrey Dahmer est le genre de type qui hante mes cauchemars, véritable croque-mitaine, d’autant plus effrayant que je n’ai eu vent de ses exploits que via la presse. L’imagination a fait le reste.

Dahmer exerce une certaine fascination. Encore aujourd’hui, il suffit de voir les nombreuses références qui lui sont faites pour s’en rendre compte. Même des sitcoms le mentionnent, le transformant en gag d’un goût parfois douteux. Et même parfois dans des discussions, le jeu de mots morbide peut fuser (par exemple, ma compagne m’a demandé : « mis bouts à bouts, il a fait combien de victimes ? »). Parce que oui, il ne se contentait pas de tuer et de dévorer ses victimes (trop facile), il les démembrait, conservait certaines parties de leurs corps dans son frigo, son congélateur ou dans les tiroirs de sa cuisine. Vous connaissez l’expression « avoir un squelette dans son placard » ? Dahmer l’avait pris au pied de la lettre. Le sens propre et figuré se mélangeaient quelque peu dans sa tête et sa passion pour les films d’horreur n’avaient en rien arrangé les choses, vu qu’il avait essayé de transformer certaines de ses victimes en zombi en leur injectant des produits divers dans leurs lobes frontaux. Voilà pour l’ambiance.

Son procès a fait grand bruit. Chaque révélation était une plongée dans l’horreur absolue. Et la légende veut que nos tarés de MACABRE aient assisté aux différentes audiences. Il serait assez facile de les imaginer avec des t-shirts « Dahmer’s fanboy » dans la salle, à encourager le tueur à se livrer en lui faisant signe avec les pouces (et qui auraient ainsi inspirés Zuckerberg ?) ; il y a en effet de quoi faire plein de compositions pour une multitude d’albums à venir puisque les serial killers, c’est leur fonds de commerce. Pénétrer l’univers de MACABRE, c’est faire le pire train fantôme de tous les temps, où tous les monstres ont figure humaine. Ne vous laissez pas abuser par le petit vieux, Albert Fish était l’un des pires. Et par la force des choses, Dahmer en est devenu la figure de proue, surtout après son meurtre en prison durant l’année 1994. Imaginez, pour des musiciens dont les textes font référence aux psychopathes, ils peuvent développer une histoire qui a un début, un milieu et une fin. Et ainsi va naître ce concept album, "Dahmer", basé sur la vie de celui-ci.

MACABRE, c’est donc déjà un concept en soi. Mais là, il devient encore plus fou, puisqu’ils s’improvisent biographes. Internet n’en était encore qu’à ses balbutiements au milieu des années 90 et ils ont encore dû abattre un sacré travail pour faire ce disque, qui propose la bagatelle de 26 titres pour la modique durée de 52 minutes et qui parait sept ans après un "Sinister Slaughter" qui montrait le groupe à son apogée. Avec "Dahmer", ils vont faire bouger leur style, qui tend plus vers un Death très lourd toujours mâtiné d’éléments Grindcore. Mais on y trouve également des relents plus Thrashy, voire carrément Punk Hardcore. Ce disque brasse un sacré lot de références et quelques irrévérences bien pensées pour apporter la touche d’humour qui les caractérise. Parce que oui, à la base, MACABRE, c’est assez drôle, bien que les sujets ne le soient pas. "Dahmer", lui, propose un fond toutefois bien plus sérieux, qui laisse toutefois de la place à des délires assez… euh… délirants.

Les deux premiers titres servent à planter le décor. "Dog Guts" nous raconte les penchants morbides du jeune Jeffrey tandis que "Hitchhicker" va nous narrer le premier meurtre. La première fois de Dahmer, ce moment que l’on n’oublie jamais. Stephen Hicks a bien dû regretter d’avoir fait du stop ce jour-là (ça devient vraiment cliché, ça. Le mec est pris en autostop et paf ! il termine au fond d’un jardin, coupant la route aux taupes). Puis cela va monter crescendo dans l’horreur, mais pas forcément dans la brutalité. Il y en a, mais elle est finalement assez diffuse par rapport à la barbarie des actes répertoriés. Ils ne nous épargnent rien et l’un des moments les plus durs reste "Konerak", qui revient sur la fin à la fois atroce et loufoque de Konerak Sinthasomphone, avec deux flics qui manquaient sacrément de flair en guests et qui sont passés du rang de héros potentiels à parodie vivante des flics pas doués version Inconnus.

Puis il y a ce final tout en nervosité. Les morceaux se font plus courts, plus classiques pour MACABRE. Une petite pointe de brutalité pour "Christopher Scarver" (le type qui a réduit le crâne de Dahmer en bouillie à l’aide d’une barre d’haltère. Pour l’anecdote, cette manière très « Punisher » de régler son compte au tueur en série fait écho à la façon dont Jeffrey a tué Hicks en 1978). L’oraison funèbre vite balancée, MACABRE nous fait part d’une dernière historiette concernant ce sinistre personnage : son cerveau. Celui-ci a donné lieu à une joute policière entre le père et la mère de Dahmer, divorcés, qui n’étaient pas d’accord quant à son traitement. Sa mère voulait qu’il soit analysé, son père non. Il a fini en cendres, avec le reste de la dépouille de Jeffrey.

Entre, c’est une vie horrifique qui nous est contée. MACABRE est un groupe sordide, mais ici, ils ont réussi à décrocher le pompon. Avec un humour très noir, ils narrent les grands faits de la vie de Dahmer, en puisant dans la pop culture ("MacDahmers" est une référence à peine dissimulée à McDonald's. Après ça, vous ne jurerez plus que par Burger King, "Jeffrey Dahmer And The Chocolate Factory" reprend un air du film "Charlie et la Chocolaterie" de 1971), où du patrimoine du pays (ok, j’aurais pu caser McDo là, mais "When Johnny Comes Marching Home" sur "In The Army Now" est plus parlant. Et non, ce n’était pas une reprise de la reprise de STATUS QUO !). Bien que toujours prompt à dégainer la blague qui tue, on sent qu’ici les musiciens ont cherché à montrer une certaine respectabilité dans l’irrévérence.

"Dahmer" pourrait être considéré comme leur chef d’œuvre tant il semble abouti. Il est souvent l’album érigé comme une référence, le plus connu en tout cas, avec le profil finalement quelconque de Jeffrey sur la jaquette d’une sobriété intéressante. Et, vous l’avez compris à la note, il mérite amplement que l’on s’attarde dessus tant il est travaillé et, quelque part, tant il crée une fascination morbide à son endroit. Le sujet en or pour un groupe qui n’en espérait pas tant, peut-être. En revanche, ce disque est moins fou que ce qu’ils ont fait par le passé et plus mortifère dans l’âme. Il vient à lui manquer ce jusqu’au-boutisme dans la déconnade et la provocation un peu facile qui les caractérisait sur les opus précédents. Il faut toujours avoir l’estomac bien arrimé pour se lancer dans l’aventure MACABRE, mais ici, vu l’ampleur du sujet, ils en font parfois un peu trop, l’humour est moins grinçant et finalement, il est peut-être inexistant. Cela ressemble plus à du cynisme qu’à autre chose et seule la musique rappelle par moment la fraîcheur des opus passés.

Que dire de plus ? Bien que "Sinister Slaughter" lui soit supérieur, "Dahmer" reste le classique de MACABRE. Une ode à la Mort, humanisée en la personne de Jeffrey Dahmer donc. Le Cannibale de Milwaukee continue encore aujourd’hui à exercer une réelle fascination et cet album devient un porte-étendard. Pour les curieux qui veulent en savoir plus, lisez les paroles de l’album, c’est amplement suffisant pour se faire une bonne idée du personnage. Mais si vous voulez être réellement bouleversé, prolonger le « plaisir » en lisant "Mon Ami Dahmer" de Derf Backderf, un comics indé qui raconte la jeunesse de Jeffrey via le regard de l’auteur qui l’a connu et qui dresse un portrait de lui sans complaisance, mais qui est à la fois tragique, émouvant et révoltant. Vous ressortirez de cette lecture assurément bouleversé. Et là, vous vous mettrez le disque en vous disant « wahou ».

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   DARK BEAGLE

 
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- Corporate Death (chant, guitare)
- Nefarious (chant, basse)
- Dennis The Menace (batterie)


1. Dog Guts
2. Hitchhicker
3. In The Army Now
4. Grandmother's House
5. Blood Bank
6. Exposure
7. Ambassador Hotel
8. How 'bout Some Coffee
9. Bath House
10. Jeffrey Dahmer And The Chocolate Factory
11. Apartment 213
12. Drill Bit Lobotomy
13. Jeffrey Dahmer Blues
14. Macdahmers
15. Into The Toilet With You
16. Coming To Chicago
17. Scrub A Dub Dub
18. Konerak
19. Media Circus
20. Temple Of Bones
21. Trial
22. Do The Dahmer
23. Baptized
24. Christopher Scarver
25. Dahmer's Dead
26. The Brain



             



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