Les gais lurons de MACABRE reviennent dès 1994 avec un petit EP, "Behind The Wall Of Sleep" à la pochette… euh… pour le moins dégueulasse. "Sinister Slaughter", paru l’année précédente, avait été, à son échelle, un sacré pavé dans la mare du bon goût manifeste. Jeff Kanji, qui corrige nos écrits (grâce lui soit rendue, parce que parfois, on abuse niveau fautes) prépare toujours un sac à vomi quand il voit un disque de MACABRE arriver dans sa pile de copies. La décence voudrait que je le prévienne en avance que son sandwich thon-mayonnaise risque de faire le grand huit dans son bide, mais voyez-vous, j’oublie. Sinon pensez bien qu’il se mettrait à la diète trois jours avant.

Allons directement vers le point culminant de cet EP : la reprise de BLACK SABBATH qui lui donne son titre. Là, autant vous le dire de suite, l’effet de surprise est énorme puisqu’elle se veut très respectueuse de l’originale. À chaque fois que je l’entends, je suis sur le cul d’ailleurs. Nos tarés jouent lentement, sans forcer, il n’y a pas de cris stridents ni de growls caverneux, juste une imitation étrange d’Ozzy qui fait sourire (on évite de trop rigoler de ses gars ; vu leurs passions, on ne sait pas trop ce qu’ils sont capables de faire s’ils prennent la mouche). Pour un peu, on crierait presque au scandale. Où est passée l’irrévérence ? L’ode au mauvais goût assumé ? Et Lovecraft, il compte comme un Serial Killer ? Hein ? Non ? C’est bien ce que je pensais. Il n’empêche, en prenant tout le monde à contre-pied, les musiciens parviennent à interpeler et montrent un autre visage, pas franchement déplaisant.

Et l’enrobage de la cover reste parfaitement meurtrier. Comme si les mecs étaient vexés de ne pas avoir été retenus pour la compilation "NIB", la même année. "Fishtales", par exemple, est l’occasion de faire quelques jeux de mots sur Albert Fish (1), un de leurs chouchous, dont la spécialité était de manger des gosses (les sévices qui précédaient étant du domaine du sordide). Un gars plutôt connu et qui est devenu avec le temps une référence dans la Pop Culture (JOHN 5 a composé au moins deux chansons basées sur ce sinistre personnage et Ginger Fish avait basé son pseudonyme sur lui). Ici, le titre est une ode à la violence la plus viscérale. Il faut moins de deux minutes à MACABRE pour en tirer un portrait pas forcément complaisant, mais pétri d’un certain humour noir.

Autre substance douteuse dans cette soupe à l’immondice, "Freeze Dried Man" est un nouveau clin d’œil à Jeffrey Dahmer, durant lequel le groupe nous explique que le psychopathe a essayé de lyophiliser un type. Oui, dit comme ça, c’est drôle. Quand on se penche sur la bio du gaillard, ça l’est moins, mais là, la musique prend également une tournure étrange. Déjà, le morceau en lui-même est long. Quatre minutes. Rigolez pas, les types de MACABRE sont du genre à faire très court. Mais cela ressemble presque à la musique d’une vieille comédie en noir et blanc, la distorsion en plus. On imaginerait presque Chaplin découper la Môme dans "les Temps Modernes" et la passer dans une machine. Presque.

Puis c’est tout. Ah si, il y a également "Slaughter Thy Poser", mais hormis sa ligne de basse, le morceau n’a pas vraiment grand intérêt (grosso modo, ils sont plus marrants quand ils font des biographies décalées de monstres abjects). "Behind The Wall Of Sleep" est posé là comme une récréation, un goûter truffé de lames de rasoir histoire de nous faire patienter un peu. Et franchement, il faut vraiment être un saint pour attendre comme un con pendant six ans jusqu’à voir un nouvel album débouler. Sérieux, il y en a qui ont découpé leurs voisins pour moins que ça. Sinon, l’intérêt de la chose ? Assez minime en somme, mais les collectionneurs seront à l’affût.


(1) Note pour Jeff Kanji : ici, Wikipedia n'est absolument pas ton ami.