À certains moments, il arrive que l’appréciation d’un album dépende de son contexte, de son environnement, ou des émotions ressenties au moment de son écoute. Je m’étais tapé "Time Of My Life" une dizaine de fois au moins. Le résultat était désespérant : je m’emmerdais ferme sur cette galette. Je l’écoutais parfois sur la route, quelquefois en surfant sur le net et régulièrement en faisant du sport. Rien n’en ressortait, tout était mécanique et facile. À bout de patience, j’allais finalement en conclure que 3 DOORS DOWN avait sorti un truc indigeste et coller une seule étoile à cette galette en pensant que, de toute manière, peu de lecteurs de NIME allaient crier à la trahison.

Puis, le bon "timing" s’est produit : en plein hiver, alors que la température frôle les -30 degrés Celsius à l’extérieur. J’étais dans mon sous-sol, tranquille, en train d’allumer le poêle à bois afin de ne pas mourir complètement gelé lorsque ma femme et ma fille sont descendues me rejoindre. La petite est venue jouer tranquillement à mes côtés. Perdu dans mes pensées entre deux bûches de bois à mettre à l’intérieur du poêle, je me suis alors rappelé qu’il faudrait bien que j’écoute une toute dernière fois ce "Temps de ma vie" car la chronique devait paraître bientôt. Autant lui donner une toute dernière chance avant le lever du rideau.

Ainsi donc, je mets la galette en marche et la voix de Brad Arnold déboule. Laurie, ma fille âgée d’à peine 18 mois, bouge la tête et commence à danser. Ma blonde, qui déteste le Metal (la vilaine), sourit en tapant dans ses mains. On écoute le disque, on rigole et on s’amuse parmi les jeux de colliers, d’aquarelles, de saut sur le matelas et du tapis d’éveil. Un beau petit moment que je vais retenir pendant encore longtemps.

Cette petite anecdote sert à expliquer que, dans un certain contexte, "Time Of My Life" est recommandable et franchement plaisant. On passe un beau moment avec ce Post Grunge hyper commercial bien qu’un air de déjà-vu ponctue régulièrement le cinquième album de 3 DOORS DOWN. La musique du groupe est toujours aussi légère, positive, léchée. J’aime bien le refrain de "Race For The Sun" ou la balade de "What’s Left". La fin de l’album, malheureusement, est un ramassis d’auto-pompage et de Rock mou du genou. La palme du mauvais goût revient à "She Is Love" avec son refrain extrêmement désagréable à l’oreille et qui est répété beaucoup trop souvent.

Il est clair que 3 DOORS DOWN est satisfait de son Post-Gunge hyper propret qui va plaire aux ondes radio. Malheureusement, il y a longtemps que les fans de la première heure ont décroché. Le temps de "The Better Life" et "Away From The Sun" sont déjà loin derrière. Dommage, parce que j’aimais le côté mélancolique/nostalgique du groupe. Aujourd’hui, il n’y a plus grand-chose à dire à propos d’eux. Brad Arnold n’a plus aucune émotion dans la voix et enchaîne les refrains sans y croire.

"Time Of My Life" est donc un album de plus pour 3 DOORS DOWN, histoire de partir faire une tournée et amasser le fric. "Time Of My Life" n’est qu’un album parmi tant d’autres dans cet océan de galettes fabriqué pour la masse. On peut cependant dire que, dans un certain contexte, le disque peut nous faire passer un beau petit moment malgré tout.

Morceau préféré : "What’s Left".