Mine de rien, ENTER SHIKARI c’est un groupe qui existe depuis un moment quand sort son premier album en 2007. La formation existant depuis 1999 sous le nom d’HYBRID et n’ayant eu aucun changement de line-up depuis (à part l’arrivée du guitariste Rory Clewlow en 2003). Donc même si on a eu droit à quelques démos et EP qui présentaient des titres connaissant leur version finale sur cet album, on peut se dire que ça va être ma foi plutôt bon non ?

Avant de répondre à ma question rhétorique qui de toute façon a déjà plus où moins sa réponse dans la note, c’est quoi ENTER SHIKARI ? Ce serait un poil compliqué de donner une définition précise parce qu’il fait partie de ces groupes qui s’amusent à constamment évoluer au point d’en devenir de bons gros caméléons musicaux. Mais sur cet album, on est sur une bonne grosse base Électronicore (à savoir Metalcore + Électro) tendance Mathcore avec un chant qui oscille entre Screamo, clair, gang vocals et quelques growls plus quelques éléments typés Pop/Rock (par moments ça me fait penser à ce qu’a pu faire le groupe anglais HADOUKEN!).

Malgré le fait que ce soit un premier album, "Take To The Skies" se montre plutôt bien foutu et plutôt créatif. Sur ses 54 minutes, à aucun moment j’ai l’impression d’entendre du remplissage et chaque morceau arrive à se rendre accrocheur et surprenant en prenant le parti d’éviter le plus possible de tomber dans des compositions faciles et automatiques. D’ailleurs, on découvre déjà sur ces débuts la tendances qu’aura le groupe à faire paraître simples des compositions riches et complexes tout en les rendant accrocheuses au possible. Cela passe bien sûr par un sens de la mélodie très prononcé, que ce soit avec le clavier ultra Pop de "Labyrinth" ou le riff Metalcore bondissant de "Sorry You’re Not A Winner" (pour ne citer que mes préférés), il y a toujours quelque chose qui capte l’attention.

Autre constante que le groupe tiendra sur toute sa discographie : l’impossibilité de fournir un descriptif précis de l’album sans être obligé de s’attarder sur chaque morceau. Parce que quand je parle de variété, c’est vraiment variété, pas juste deux trois détails insignifiants qui changent sur un ou deux morceaux. On passe vraiment du tube Pop à souhait ("Labyrinth", "Johnny Sniper") au gros Metalcore ("Enter Shikari") en passant par la ballade ("Adieu") et les ambiances du turfu ("Reprise 1") et c’est la grande force de l’album mais aussi sa faiblesse quand on le replace dans la discographie du groupe. Car si on le compare à la suite, il reste au final très timide dans ses expérimentations, c’est quand même bien au dessus d’une bonne majorité de la scène Électronicore, mais voilà quoi aujourd’hui c’est clairement pas mon album de choix quand je veux me faire du ENTER SHIKARI.

Et allez, quitte à faire un peu de reproches à l’album, autant parler de ce qui est à mes yeux son plus gros défaut : le chant. Sur "Take To The Skies", Rou Reynolds peine vraiment a se montrer convaincant, ses lignes de chant clair sont certes bonnes mais on sent une certaine imprécision dans ses notes, ses hurlements manquent encore de puissance, on a vraiment l’impression qu’il va s’essouffler en deux secondes et quant aux très rares growls ils sont… compliqués. Il arrive quand même à être bon par instants, mais l’aspect pas encore en place du chant me saute vraiment au visage à chaque fois que j’écoute l’album et c’est con, parce que Rou a une super voix, et en plus son accent britannique assez prononcé lui donne un certain charme pas déconnant.

"Take To The Skies" reste quand même un album plutôt recommandable et montre dès le début un ENTER SHIKARI qui exploite déjà beaucoup son potentiel. Et croyez-moi quand je vous dis que sur cet album vous n’avez qu’une infime vue de ce que ce potentiel peut accomplir.