Mon expérience des boîtes de nuit et autres soirées dansantes menées au rythme d’une musique Électro des plus frénétiques n’est clairement pas la plus fournie. Tout au plus le souvenir vaguement alcoolisé d’avoir dansé sur un tube de l’été sur une piste de danse à moitié couverte du sang d’un type qui s’était éclatée par terre après avoir fait un malaise (véridique). Alors du coup, quand un groupe de Metal se lance dans ce genre d’Électro de boîte de nuit, bah ça ne me touche pas des masses (pourtant, la bonne Électro bien dansante, j’adore ça).
Si je déballe un peu ça c’est juste pour dire qu’après un album excellent plongé dans de l’Électro cybernétique en 2008, HERRSCHAFT m’avait un peu laissé sur ma faim avec son "Les 12 Vertiges" qui partait à l’assaut des clubs en 2013. Aujourd’hui, en 2019, le groupe est resté sur sa piste de danse mais curieusement, le résultat s’avère plus positif.

D’abord, là où "Les 12 Vertiges" péchait énormément avec des morceaux trop lourds et pas assez accrocheurs, "Le Festin Du Lion" a revu sa copie. On a toujours droit à un mélange de morceaux ultra efficaces et accrocheurs et d’autres beaucoup plus lents, lourds et baignés dans une ambiance Techno du plus bel effet. Mais là, HERRSCHAFT a su trouver les accroches qui manquaient à l’album précédent.
Déjà, niveau tubesque, les deux premiers morceaux "Techosatan" et "How Real Men Do" sont des tueries à prise rapide. Dès la première écoute vous allez scander des « Hail Technostan » avec le groupe et la mélodie Électro de "How Real Men Do" va s’accrocher à vos tympans. Ou encore ce "New World Order" dopé à la Drum’N'Bass, vraiment efficace. Non mais sérieusement, les titres tubesques des "12 Vertiges" étaient les meilleurs de l’album, mais là, tous sont renvoyés chez eux par les nouveaux, et je n'ai pas tout dit, je vous laisse le plaisir de découvrir le reste qui est tout aussi très réussi et varié.
Et pour les morceaux plus ambiancés ? Et bien si ils sont logiquement moins directs et marquant que leurs confrères sur le court terme, c’est au fil des écoutes qu’ils révèlent toute leur puissance d’accroche et des instants absolument fabuleux, notamment sur la doublette "But I Know" au final grandiose et quasi symphonique et "Le Festin Du Lion" avec son break planant absolument trippant. Après attention, ce ne sont pas deux catégories bien cloisonnée, certains morceaux peuvent vous surprendre (je pense par exemple à un "The White Russians" qui devient très vite assez tendu).

Ainsi les titres s’enchaînent avec d’autant plus d’aisance qu’aucun n’est à jeter et arrive toujours à maintenir l’attention grâce à une variété dans les morceaux des plus bénéfique. Les guitares, si elles servent surtout à sortir de rythmique ou des murs de son, sont toujours utilisées intelligemment et savent quand faire parler la poudre et quand laisser l’Électro et le chant s’exprimer. Et croyez-moi quand je vous dis que l’Électro a des choses à dire, elle se faufile entre différents styles allant de l’ambiant brumeux à la Drum’N'Bass en faisant un détour par la Techno cybernétique teinté de New Wave, le tout en restant toujours à propos et en maintenant une cohérence plus que solide. De son côté, le chant, sans être non plus révolutionnaire, arrive à se montrer engageant en utilisant moult types de chant différents, du hurlement qui arrache la corde vocale au chant clair faussement Pop, la palette est large et colle toujours à la musique.

Donc voilà, si aujourd’hui je serais toujours à siroter une bière ou toute autre boisson alcoolisée au bar plutôt que d’aller m’amuser sous les néons de la piste, HERRSCHAFT a réussi avec cet album à me donner envie de m’y lancer. Donc qui sait, peut-être que vous aussi je vous verrais au club.