Il y a des morceaux comme ça qui vous marquent. Pas parce que c’est juste un excellent morceau (sinon je crois que je n’aurai plus rien qu’une page blanche et c’est une pensée qui me fait un peu peur) mais parce qu’il a réussi a vous glisser quelque chose, un sentiment, une pensée, un message. Ce fut le cas pour "Human Soul", morceau provenant de ce premier album d’HERRSCHAFT, trio (uniquement sur cet album avant de perdre un membre par la suite) français. Le son de guitare ultra saturé sur un riffing urgent qui sert de couche à des sons Électro froids et inhumains, le chant complètement arraché et ce titre évocateur en font pour moi l’illustration parfaite du cyberpunk en musique. Tout ça pour dire, "Human Soul" c’est une tuerie et si vous avez la flemme de lire le reste de ma chronique, contentez vous d’aller écouter ce morceau.

Pour ceux qui restent, parlons un peu plus de "Tesla". Sorti en 2008, c’est un pur album de Cyber Metal qui plonge tête la première dans les codes du genre. Au programme, ambiance cybernétique gouvernée par des guitares au son agressif, froid et inhumain gardant un grain assez présent, de l’Électro tout aussi froid mais tirant plus sur des nappes ambiantes et des mélodies propices aux belles envolées et un chant hurlé absolument dément qui ne laisse rien paraître de l’humanité du groupe.

Sur cette base déjà alléchante, HERRSCHAFT va prendre un malin plaisir à nous écraser la gueule, parce que clairement, on est loin du SYBREED qui nous balance des moments touchants où respirer un peu entre deux instants de violence robotique. Ici, pas de compromis, l’avenir sera sombre, oppressant, déshumanisé et les quelques bribes d’humanité seront des samples soit noyés dans la tourmente sonore ("The Grand Architect") soit terrifiants de par l’inquiétante étrangeté qu’ils véhiculent ("The Defenders"). Et pareillement, il y aura toujours un truc pour vous jeter hors du confort d’écoute que vous pensez acquérir, "The Defenders" sera là pour vous donner un gros coup d’adrénaline après un "Under Perfect Control" qui vous endormait sur son rythme martial ou encore "Nemesis" qui vous berce doucement avec son faux-air de balade inquiétante pour vous surprendre sur un refrain terrifiant.

"Tesla" est redoutable, je n’ai pas d’autre mot, chaque morceau déboîte, les riffs sont à s’éclater la tête contre les murs ("I Am The One", "Apocalypse Child" et "Vortex" pour mes préférés ("Human Soul" est hors concours d’ailleurs)), il y a des mélodies absolument géniales (le clavier de "The Grand Architects" m’obsède) et juste l’ambiance glaciale qui plane sur tout l’album est merveilleuse, c’est loin d’être la plus originale pour le genre mais elle est tellement bien faite que c’est un plaisir de s’y immerger. Et en plus de ça, l’album se permet d’être assez riche et surprenant. Parfois avec des trucs tout simples comme un groove monstrueux venant de la fusion de la batterie et des beats sur "Under Perfect Control" et "Tesla" ou ce chant relativement clair mais quand même bizarre sur "Apocalypse Child" (en plus dans ce morceau y a un petit riff à un moment qui me fait penser à du STATIC-X et ça c’est plaisant). Et après y a des trucs un peu plus étonnants comme ce chant féminin et lointain à sonorités orientales sur "Tesla" ou cette intro au son de guitare clair sur bruit de pluie de "Under Perfect Control".

Je peux résumer "Tesla" en une seule phrase : cet album est une perle du Cyber Metal. Peut-être pas un pilier du genre (quoique, qui peut se targuer de ce titre à part SYBREED ?), mais une œuvre qui arrive à synthétiser tout ce qui me plaît dans le style, une musique froide, mécanique, agressive et à l’ambiance immersive.