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- Style + Membre : Rammstein

EMIGRATE - The Persistence Of Memory (2021)
Par DARK BEAGLE le 23 Décembre 2021          Consultée 1587 fois

Aborder ce nouvel album d’EMIGRATE n’est pas une chose aisée. Parce qu’à la base, cela ne devait pas être un album dans le sens classique du terme, les titres ayant été composés à divers moments de la vie d’artiste de Richard Kruspe, tête pensante de RAMMSTEIN et leader de ce projet solo qui lui permet, comme il aime à le dire, à présenter sa part de féminité, ce qui est en soi la plus grosse qualité de EMIGRATE au final. À l’origine pensé comme un disque de bonus pour un coffret réunissant les trois opus de la formation, ce LP s’avère assez… étrange.

Quand j’ai vu la pochette pour la première, c’était en petit format sur une news sur je ne sais plus quel site internet et je me suis dit « tiens, Richard n’a pas mis sa tronche cette fois-ci ! ». Raté ! Il est dans la nébuleuse ! Mais il s’agit de (très) loin la plus belle pochette qu’ait eu EMIGRATE jusqu’à présent, les autres étant parfois un rien trop too much dans leur finition. Le contenant se veut donc plutôt sympathique dans sa terminaison, il donne presque envie de s’intéresser sans plus attendre au contenu.

Mais là, on déchante très vite. Ce qui immédiatement prime, quand on achève la première écoute, est que tout cela semble pour le moins décousu. Certes, les morceaux ont été écrits sur une période de vingt ans, mais le fait qu’ils aient été retravaillés pour l’occasion permet d’avoir une unité de son (la production est d’ailleurs plutôt bien foutue), mais d’un point de vue purement musical, on passe rapidement du coq à l’âne, où les bonnes idées sont rapidement annihilées par des plus mauvaises. Un yin et yang dont aucune couleur ne parvient à prendre le dessus en quelque sorte.

Ensuite, il est toujours délicat de savoir si EMIGRATE est du Metal Indus adouci par des éléments Pop ou s’il s’agit de Pop musclée à l’Indus. Chacun se fera son avis, parce qu’au final, le résultat n’est pas le même. Kruspe exprime ici des idées qu’il ne peut amener et jouer au sein de RAMMSTEIN (quoique "Always On My Mind"... Mais nous y reviendrons), cette fameuse part de féminité qu’il ne peut associer à la virilité de son autre groupe selon lui et cela ne consiste pas seulement à arrondir les angles où à sortir du carcan « groβ Deutsche Musik » pour lisser le propos.

Parce que la guitare est bien présente et elle se veut par moments bien mâtinée Metal ("Freeze My Mind", premier single et compo qui date du premier essai sous le nom d’EMIGRATE), ou encore sur "Hypothetical", qui amène très bien la petite perle qu’est "Blood Stained Wedding", avec une montée en puissance discrète mais efficace, qui donne corps à ce projet solo qui vire petit à petit vers quelque chose de moins Rock dans l’esprit. Et à ce niveau, l’équilibre est souvent bancal, l’aspect Electro prenant souvent le dessus sans une contrepartie qui pourrait lui donner le relief escompté.

À ce titre, "Rage" fait office d’introduction catastrophique, morceau mou du genou au possible avec des lignes vocales hasardeuses. Kruspe n’est pas forcément très bon derrière le micro, on sent qu’il apprécie l’exercice, mais également qu’il doit s’en foutre de ce que le public en pense, tant il est parfois limité à ce niveau. Il ne parvient ainsi pas à sauver "Come Over", qui aurait pu fonctionner avec un chant plus modulé. Là, nous sommes juste dans le ventre mou d’un album qui l’est déjà à la base, ce qui est assez contrariant. Et chaque nouvelle écoute devient plus pénible que la précédente parce que nous anticipons ces moments où il ne se passe rien de bien excitant.

Et il y a aussi le cas de "Always On My Mind", sur laquelle apparait Till. Lindemann bien sûr. Ce qui pose une première question : pourquoi ne pas avoir fait de cette cover d’Elvis Presley un single de RAMMSTEIN façon "Das Modell" ou "Stripped", même si ici la reprise n’est pas très bonne. Alors oui, la réappropriation est totale. De ballade, nous passons à du Metal Indus, porté par la grosse voix de Till, qui venait de faire un petit tour du côté de chez Zaz. Finesse ? Zéro. Intérêt ? Proche du néant également. Question subsidiaire : pourquoi avoir fait appel à Till et ne pas avoir contacté Dero Goy (ex OOMPH!) qui est capable de faire le crooner ou – soyons fous ! – Michael Kiske qui est un fan du King ?

Et finalement, est-ce que cela valait la peine d’ouvrir tous ces vieux cartons et de fouiller dedans ? En période de pandémie, Kruspe aura finalement été bien occupé, entre l’enregistrement du prochain RAMMSTEIN et le dépoussiérage de ces vieilles bandes. Une activité due à cette impossibilité de tourner, pas toujours très salutaire. Là où un EP aurait au final suffi, l’option d’un album a été choisie et c’est peut-être là la plus grosse erreur de Richard concernant ce nouveau EMIGRATE, vu qu’il nous confronte à un certain vide artistique. Après tout, si ces titres ont été écartés à l’origine, il devait bien y avoir une raison ?

Un album de plus pour EMGRATE et encore une fois, difficile d’en tirer réellement du positif, Kruspe en solo étant bien souvent très décevant. Et là, difficile de savoir où il veut en venir exactement, ce qu’il cherche à mettre en avant. Peu rassurant du côté Rock, très banal pour le penchant Electro, "The Persistence Of Memory" est un disque raté qui ne partait pas sur les meilleures bases, il est vrai. Il est juste dommage que Richard, qui a réussi de grandes choses avec RAMMSTEIN, ne semble pas capable de se sublimer en solo. Peut certainement mieux faire.

Note réelle : 1,5/5.

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- Richard Kruspe (chant, guitare, claviers)
- Sky Van Hoff (basse)
- Arnaud Giroux (basse)
- Ufo Walter (basse)
- Jens Dreesen (batterie)
- Mikko Sirén (batterie)
- Henka Johansson (batterie)
- Till Lindemann (chant, invité)


1. Rage
2. Always On My Mind
3. Freeze My Mind
4. I'm Still Alive
5. Come Over
6. You Can't Run Away
7. Hypothetical
8. Blood Stained Wedding
9. I Will Let You Go



             



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