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- Style + Membre : Rammstein

EMIGRATE - A Million Degrees (2018)
Par DARK BEAGLE le 31 Mai 2020          Consultée 1186 fois

Un an avant que RAMMSTEIN remette le couvert avec l’album à l’allumette, Richard Z Kruspe se rappelait à notre bon souvenir avec un nouveau chapitre de son projet solo EMIGRATE, intitulé "A Million Degrees". La pochette nous montre la tête du guitariste sous forme de cristal facetté et rappelle vaguement la jaquette du premier essai paru en 2007. Mais ce nouveau disque tire plus sur le précédent, "Silent So Long", avec toujours cette volonté de proposer quelques duos, histoire de passer du bon temps avec des amis. Entreprise louable, mais qui ne fonctionne pas toujours.

Alors nous allons commencer avec ce qui ne va pas sur ce disque. Comme ça nous en sommes débarrassés et nous terminerons sur une meilleure note. Il y a donc ces duos, qui s’avèrent un peu problématiques. Ils n’apportent pas grand-chose à l’ensemble et font vraiment gadget, à l’image de "Let’s Go" qui œuvre dans une Électro assez ennuyeuse et qui propose un duo entre Kruspe et… Till Lindemann, ce dernier chantant en allemand tandis que le guitariste de RAMMSTEIN évolue en anglais. Il n’y a pas grand-chose qui s’en dégage, Till chante comme s’il appréhendait une ballade pour le groupe berlinois, du travail propre et sans fioritures, qui ne voit clairement pas plus loin que le bout de son nez.

Autres déceptions, les passages de Tobias Forge sous les traits de Cardinal Copia et de Ben Kowalewicz (BILLY TALENT) ne sont pas aussi sympas que prévu. Prenons "1 2 3 4" (comprenez ein, zwei, drei, vier) en compagnie du gentil keupon canadien. Niveau riff, Kruspe amène son invité dans sa zone de confiance, avec un titre qui tire sur du Punk Rock façon scène gentillette américaine des années 2000 (tout ce qui est BLINK 182, etc…) mais les voix des deux chanteurs sont trop proches l’une de l’autre pour que l’on puisse réellement les différencier. Finalement, c’est en regardant le clip de la chanson gentiment remuante que l’on comprend bien qui s’occupe de quelle partie. Quant à "I’m Not Afraid", c’est le genre de titre qui s’oublie aussi vite qu’il a été écouté, il n’y a pas la petite étincelle qui ferait que le morceau sorte du lot et cela donne plus l’impression que Kruspe a essayé de donner du cachet à l’album en faisant venir une personnalité influente du Metal actuel.

En revanche, "Lead You On" est loin d’être désagréable. Le duo que forme Kruspe avec Margaux Bossieux fonctionne plutôt bien et il est aisé de se laisser aller à taper du pied sur cette chanson qui s’apparente pas mal à de la New Wave mâtinée d’Indus pour atteindre un certain palier de robustesse (difficile quand même de parler de violence sur un disque d’EMIGRATE, ce n’est absolument pas le propos recherché par Richard, qui se laisse plutôt aller vers ses penchants pour les musiques plus mainstream, ce qui en fait sa qualité, mais on en reparlera plus tard, là on cause des trucs qui fâchent). Pas le titre du siècle, mais il remplit parfaitement son office.

Mais là où Richard est dans le mal, c’est quand il s’essaye à une espèce de Rock californien enrobé de quelques effets plus Indus sur l’ignoble "You Are So Beautiful", avec des paroles que Bob Seger n’aurait jamais osé, même entre deux bouteilles de Jack Daniels. Imaginez Kruspe en père divorcé qui est sur la route avec sa fille et qui va petit à petit la délaisser au profit d’une jeune femme qui occupe la chambre à côté au motel où ils ont élu résidence, avec… Comment dire… Des moments très gênants pour la petite et pour le type qui regarde le clip en essayant de comprendre pourquoi Richard porte une perruque blonde de surfeur. C’est confondant de niaiserie et de WTF? en même temps. Limite, mieux vaut l’écouter sans voir le clip, il y a moyen d’en tirer quelque chose, sinon c’est foutu.

Mais il y a aussi de bonnes choses sur ce disque. Déjà, encore une fois, Kruspe ne se contente pas de nous faire du RAMMSTEIN bis, ce qui aurait été la solution de facilité. Ici, il est le seul maître à bord quand il doit partager la composition avec cinq autres personnes chez R+ et il peut explorer des voies qu’il ne pourrait se permettre d’aborder avec le monument berlinois. Si l’on retrouve bien évidemment des touches d’Indus, l’aspect martial n’est pas présent, et musicalement, EMIGRATE se veut bien plus abordable. Pour certains, ce serait forcément un défaut : sans un certain degré de violence, sans un mur du son, est-ce que cela peut seulement être intéressant ? Oui, parce que ça en dit beaucoup sur son principal architecte, qui aime des musiques plus posées et qui tente des choses, essaye de se les approprier sans y apposer une marque trop germanique.

Aussi, un morceau comme "War", ça le fait bien. Un Rock Indus dynamique, volontiers lancinant, qui ouvre à merveille un album qui va jouer sur les couleurs et même sur les émotions (oui, le Richard en est capable. Il n’est pas que l’homme à la cigarette). Bon, ok, avec le terme émotion, j’y vais un peu fort, (remember "You Are So Beautiful"), mais il va quand même proposer des morceaux plus nuancés ("We Are Together", le titre le plus long du disque et également l’un des plus posés). Donc d’un côté nous avons l’aspect rentre-dedans (attention, ça reste à prendre avec des pincettes. Nous sommes très loin de RAMMSTEIN dans l’esprit), à l’image de "War" ou "Spitfire", les ballades ("We Are Together") et l’aspect plus Punky/Pop qui le fait quand même bien ("1 2 3 4" qui malgré la platitude du duo, est pétri de bonnes intentions). Il est à noter que le chant de Kruspe s’améliore également, il semble plus à l’aise dans ce rôle.

Alors non, "A Million Degrees" n’est pas un très bon album. Ceux qui s’attendent à quelque chose de virulent seront forcément déçus tant le disque dérive très peu vers des contrées plus radicales. Il faut le voir comme un patchwork des envies du moment de Kruspe pour qui RAMMSTEIN ne représente pas le son définitif. Il explore, il essaye et rien que cela est louable. Il est juste dommage que le tout semble un brin décousu et que de nombreux titres viennent tirer l’ensemble vers le bas, les bons n’étant pas suffisamment forts pour maintenir l’effort au-dessus de la moyenne. Kruspe semble bien s’amuser, mais il est indéniable qu’il lui manque l’alchimie ici qu’il a(vait) avec les membres de R+.

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- Richard Z Kruspe (chant, guitare, programmation)
- Sky Von Hoff (basse)
- Arnaud Giroux (basse, chant)
- Sascha Moser (batterie)
- Possi Possberg (batterie)


1. War
2. 1 2 3 4
3. A Million Degrees
4. Lead You On
5. You Are So Beautiful
6. Hide And Seek
7. We Are Together
8. Let's Go
9. I'm Not Afraid
10. Spitfire
11. Eyes Fade Away



             



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