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- Style + Membre : Rammstein

EMIGRATE - Silent So Long (2014)
Par DARK BEAGLE le 31 Août 2019          Consultée 1427 fois

Pendant longtemps, le projet EMIGRATE passait pour être un one-shot. Un album unique pour le guitariste de RAMMSTEIN, Richard Kruspe, qui évacuait ainsi certaines frustrations et qui en avait fait la catharsis de sa créativité bridée, pour un résultat loin de combler toutes les espérances. Les critiques avaient fusé, mettant littéralement cet album en pièces, pour sa ressemblance un peu trop marquée avec le style RAMMSTEIN. Puis plus rien, pendant sept ans. Sept années que Richard Zven aura mis à profit pour enregistrer "Liebe Ist Für Alle Da" – également malmené par la presse spécialisée et une partie des fans et tourner abondamment, ce qui se traduira par le DVD "Völkerball" puis par la suite, par la compilation "Made In Germany". Mais là encore, le besoin de créer s’était fait ressentir. En 2012, des bruits de couloir commencent à filtrer, Kruspe se serait remis au travail en solo, ce que le guitariste confirme en 2013. L’album ne sortira au final qu’en 2014 et s’intitule ironiquement "Silent So Long".

Il peut paraître frustrant, quand, s’intéressant au projet solo d’un guitariste, celui ne s’exprime que finalement à minima avec son instrument. Bien entendu, nous savons que Kruspe n’est pas Joe Satriani ou Steve Vai, que son toucher est bien plus rugueux, minimaliste et, quelque part, rustique. Ses riffs au sein de RAMMSTEIN sont assez éloquents : simples mais efficaces, durs et abrasifs (surtout aux débuts du groupe). Ne vous attendez donc pas à des morceaux fous, façon guitar heroes des années 80. Richard n’est pas un shredder et ne le sera jamais et il ne faut pas s’attendre à des prouesses techniques de sa part. Si c’est ce que vous recherchez, optez plutôt pour Malmsteen ou l’un des autres cités un peu plus haut. Non, Richard a une vue d’ensemble de sa musique et elle ne passe pas par un travail explosif à la guitare.

Revenons-en à ce "Silent So Long", à la pochette très sobre, avec ce logo assez simple en définitive, une sorte d’Étoile de David tronquée de deux branches. Vous souvenez-vous du clip vidéo de "Haifisch" ? Nous assistions à l’enterrement de Till Lindemann et l’on voyait le reste du groupe réfléchir à la personne la plus apte à le remplacer avec un jeu de photos. Si vous voulez, "Silent So Long" contient les pistes d’essais de ces prétendants possibles, même si James Hetfield ne fait pas d’apparition ici. En effet, plus de la moitié des titres voit des invités de marque les agrémenter – et comme de par hasard, ce disque contient onze morceaux. Les mecs de RAMMSTEIN sont des footeux qui s’ignorent…). Kruspe rassemble un casting assez impressionnant, ce qui est à la fois la force et la faiblesse de cet album.

Commençons par les faiblesses. Kruspe réalise ici un travail de mimétisme. Il va adapter sa musique pour coller aux univers de ses invités. Ainsi, "Rock City", qui voit l’intervention d’un Lemmy déjà très diminué, colle parfaitement à l’univers de MOTÖRHEAD avec son côté Rock’N’Roll speedé et grinçant, mais ce qui ne l'empêche pas d'avoir les atours de l'intrus sur ce disque tant sa dialectique diffère du reste. "Hypothetical" n’aurait pas dépareillé sur un opus de MARILYN MANSON. Le révérend évolue quasiment en terrain connu, il donne la réplique à un Richard Zven Kruspe qui sait s’effacer pour que chaque invité puisse briller et apporter sa plus-value. La palme reviendrait toutefois à Jonathan Davis (KORN) qui a droit non seulement au title-track, mais également à la chanson la plus longue, qui approche le style des albums de KORN les plus expérimentaux. Alors oui, Kruspe a réalisé un job énorme et prouve qu’il n’est pas focalisé que sur un style, mais au final, cela nuit à la personnalité de son projet solo, qui devient un brin quelconque dans la multitude.

Les titres sans featurings sont généralement plus posés et ne manquent pas de qualités, mais ils finissent tous par sonner de façon trop policée, trop propre, comme si le but non avoué était d’en faire des hit-singles. Voilà qui est dommage parce que des morceaux comme "Rainbow" ou "Born On My Own" auraient mérité un peu mieux avec des guitares plus heavy. Parce que "My Pleasure" s’avère bien plus crédible, avec son mur de riffs qui nous tombe dessus, ponctué par une rythmique bien appuyée. Mais il s’avère que lorsque Richard est seul derrière le micro, il manque d’ampleur avec sa voix un brin nasillarde, même s’il convient de noter qu’il a réalisé des progrès depuis le premier album et qu’il tend nettement moins à la trafiquer, à la noyer sous des effets qui ne servaient en définitive pas à grand-chose. Ou, au moins à le faire de façon plus discrète.

Et de ce fait, les pistes les plus accrocheuses sont celles avec des invités. "Get Down", en compagnie de Peaches (chanteuse canadienne un peu spéciale) s’avère plutôt réussi, œuvrant dans une Electro plutôt sensuelle avant un final qui retrouve la furia Rock et un Richard pour le moins convaincant derrière le micro, rageur et visiblement à l’aise dans ce registre. "Eat You Alive" se veut également très réussie avec l’apport de Frank Dellé du groupe SEEED, combo germanique de Reggae virant au Hip Hop, qui donne des couleurs particulières à ce morceau qui fera également l’objet d’un clip pour le moins étrange. Et à défaut d’avoir des morceaux infaillibles, il y a de quoi passer un bon moment malgré tout.

Parce que c’est certainement cela qu’il faut retenir au final de ce "Silent So Long". L’album fonctionne plutôt bien dans son ensemble, même s’il manque parfois d’un peu de peps. Mais Richard a su se défaire du son de RAMMSTEIN, décrocher de ses habitudes pour proposer quelque chose de plus personnel et de plus intéressant que ce qu’il avait produit sur son premier essai solo. En revanche, s’il commence à trouver sa voie en solo, il peine toutefois à trouver le bon équilibre entre la force de frappe et une finesse souvent un peu molle, alors qu’il montre à plusieurs reprises qu’EMIGRATE a du mordant et que, sous son impulsion, ce projet pourrait avoir une existence pleine et entière. À lui de la trouver et l’injecter dans sa musique et il se pourrait qu’il finisse par briller en-dehors de RAMMSTEIN. Car pour l’instant, l’ombre de l’ogre allemand l’écrase toujours quelque peu.

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- Richard Zven Kruspe (chant, guitare, claviers)
- Arnaud Giroux (basse)
- Mikko Siren (batterie)
- Margaux Bossieux (chœurs, chant - invitée)
- Frank Dellé (chant - invité)
- Peaches (chant - invitée)
- Lemmy Kilmister (chant - invité)
- Marilyn Manson (chant - invité)
- Jonathan Davis (chant - invité)


1. Eat You Alive
2. Get Down
3. Rock City
4. Hypothetical
5. Rainbow
6. Born On My Own
7. Giving Up
8. My Pleasure
9. Happy Times
10. Faust
11. Silent So Long



             



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