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BLACK METAL  |  E.P

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DEATHSPELL OMEGA - Drought (2012)
Par ISAACRUDER le 30 Avril 2021          Consultée 1762 fois

Perdu dans le fin fond de la Creuse, un de mes amis habitait une maison du XVIème siècle au charme paysan indéniable, survivance d'un âge révolu. Fanatique de Black Metal, il possédait une collection de cassettes absolument ridicule, qui recouvrait le mur de son salon. Des groupes obscurs fascistes, des païens anti-chrétiens, des premières éditions de MÜTIILATION et autres joyeusetés de néophytes. Sur le côté droit, un élément se détachait de l'ensemble, autel dédié à une œuvre spécifique. Sur ce piédestal ancien récupéré dans une vieille église trônait l'édition complète de l'œuvre de DEATHSPELL OMEGA. Ce superbe objet est décoré d'une couverture de charbon, avec un calice renversé trônant dans le ciel, entouré de nuages-serpents. Ce coffret de collectionneur était la fierté de mon ami, et il faut s'imaginer qu'à l'époque, un bon nombre de fans pensait que l'EP "Drought" était censé conclure l'existence de ce groupe légendaire de la scène.

Paru après l'indétrônable "Paracletus", "Drought" était une bizarrerie dans la discographie de DEATHSPELL OMEGA. Un EP qui devait achever une trilogie conceptuelle démarrée avec "FAS - Ite, Maledicti, In Ignem Aeternum". De fait, ce chant du cygne possède une identité bâtarde, certains ayant assuré qu'il était composé de chutes de studio de "Paracletus", d'autres assumant qu'il ne pouvait être qu'un ovni difficile à assumer suite à ses monstrueux prédécesseurs. Le fait est que "Drought" représentait la fin pour nombre de fans, et qu'il a certainement subi des critiques aliénées par la tristesse de voir ce monstre sacré quitter la scène. La distance me permet de revenir sur cet essai étrange, et de le prendre pour ce qu'il est, en sachant désormais que l'incroyable hydre sataniste est toujours vivante, et plus vile que jamais.

"Drought" est un EP partagé entre le génie et la maladresse. Imbriqués entre deux titres instrumentaux et atmosphériques, les morceaux les plus intenses qui forment ce cœur démoniaque semblent déconnectés, et l'on se pose la question de la cohérence à chaque transition. La belle entrée menée par le jazzy et lancinant "Salowe Vision" ne sauve ainsi pas l'apparition bancale d'un "Fiery Serpents" pourtant impeccable de noirceur, de dissonances maladives et de génie rythmique. Toujours maître dans l'art de l'hypnose et du groove satanique, DEATHSPELL OMEGA déclenche un orage de feu incandescent comme il le faisait avec brio dans l'incroyable "Paracletus". La même ambiance étouffante s'applique sur "Scorpions And Drought", habité par une fièvre rythmique Math dont seul DEATHSPELL OMEGA a le secret. Les Français savent précipiter leur proie dans un tourbillon infernal d'où elle ressortira transfiguré par son venin maléfique. "Drought" ne révolutionne en rien le son de cette entité ténébreuse ; de fait, il pourrait être qualifié de rejeton bâtard de "Paracletus", "Abrasive Swirling Murk" n'apporte ainsi que du déjà-entendu, et repose sur une logique rythmique trop aisée à déchiffrer pour qui connaît le monstre. Néanmoins, certaines atmosphères sortent du lot, notamment l'étrangeté d'un "Sand" partagé entre danse lumineuse et chœurs suppliants ou les chœurs mystiques superbes du morceau final qui s'éteignent en un souffle épique.

"The Crackled Book of Life" forme une boucle avec "Salowed Vision", dans un ouroboros de feu et de ténèbres, comme si DEATHSPELL OMEGA tentait de contenir en une tentative esthétique et formelle le cœur de son sujet pour partir avec gloire. Mais c'est là le principal reproche que l'on peut faire à "Drought". Trop évident dans sa forme, il montre une maladresse et une incohérence. Chaque morceau semble destiné à ne fonctionner que seul, déconnecté du reste. Était-ce là le signe de la décadence d'un groupe qui sentait sa fin proche ? Une nécessité certaine avant sa résurrection des années plus tard sur "The Synarchy Of Molten Bones". Reste un EP de bonne facture, qui souffre de sa comparaison avec ses pères légendaires.

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- Mikko Aspa (chant)
- Hasjarl (guitare)
- Khaos (basse)


1. Salowe Vision
2. Fiery Serpents
3. Scorpions & Drought
4. Sand
5. Abrasive Swirling Murk
6. The Crackled Book Of Life



             



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