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SÓLSTAFIR - Endless Twilight Of Codependent Love (2020)
Par WËN le 18 Mars 2021          Consultée 2383 fois

De ses débuts Black Metal complètement débridés (mid-90), SÓLSTAFIR a progressivement su monter en puissance au gré des productions suivantes pour finalement parvenir à irradier de mille soleils ses ternes plages boréales natales via un éclatant "Svartir Sandar" (2011). Le timide "Ótta", plutôt décevant (à trois titres près), lui emboîtera le pas, mais il faudra encore attendre son successeur de "Berdreyminn", tout en retenue également, pour retrouver sur le devant de sa partition, son amour des grands paysages. Et ça, nous y tenons particulièrement, SÓLSTAFIR faisant définitivement partie de ces formations au caractère si imbibé des essences de leurs régions natales, qu'elles ne délivrent tous leurs charmes qu'avec des conditions d'écoute bien spécifiques. À la manière d'un SAOR qui gagnera en splendeur écouté allongé à flanc de glen ou d'un NEGURĂ BUNGET qui ne se révèlera pleinement qu'entouré des étendues boisées aux senteurs si particulières des Carpates, la formation islandaise prendra une grandiose tournure écoutée perdu dans une bourrasque de neige au milieu de nulle part tandis que les falaises volcaniques déchirées émergent progressivement du voile blanchâtre qui a littéralement avalé le décor (véridique). Cette version "icelendic-western", certes fantasmée, de l'île de feu et de glace, sublimée par le clip de "Fjara" en son temps, est une marque de fabrique dorénavant éprouvée du combo nous permettant une immersion instantanée dans ses fables.

C'est vous dire notre surprise à la vue de la pochette de ce nouveau cru, où s'opère un changement radical par rapport aux précédents travaux contemplatifs d'Adam Burke ou plus stylisés de Kim Holm. Le quartette de Reykjavík est cette fois directement allé piocher dans le patrimoine allemand du XIXème siècle pour en ressortir cette "Lady Of The Mountain" (la "Fjallkonan", une représentation féminine de l'Islande) de Johann Baptist Zwecker, certes à sa place ici, mais plutôt mal fagotée pour une pochette de SÓLSTAFIR, dans ce registre très suranné. Un fait d'autant plus étrange, que la gravure originale dont s'inspire l'Allemand, aurait davantage été appropriée pour ce rôle (*). Un parti-pris qui en vaut un autre, nous direz-vous, mais auquel nous n'adhérons pas plus que ça.

Musicalement, SÓLSTAFIR poursuit sa ronde entamée il y a quelques années de cela, mélangeant son Metal Atmo et contemplatif à cette emphase Rock très 80 (U2, Neil YOUNG) qui lui colle aux santiags depuis toujours. En effet, le parcours des Islandais ne nous paraît guère progresser depuis un trio d'albums, en ce sens où les natifs de la Baie-Des-Fumées semblent davantage se plaire à patauger dans des bassins thermaux de leur région, sautant d'une source d'eau chaude à l'autre au gré de leurs idées du moment, plutôt que de s'en remettre à une voie préalablement tracée, barbotant autour d'un épicentre reconnu et sans plus guère de prise de risques. Cela à son intérêt lorsque la formule fonctionne mais nuisant par là même à toute tentative d'évolution, il ne faudrait surtout pas que la source d'inspiration n'en vienne à se tarir à un quelconque moment.

Et cet "Endless Twilight Of Codependent Love" nous paraît justement - et malheureusement - bien fragile à ce niveau. Cette fois, l'illusion ne sera que de courte durée, le temps de son ambitieuse et épique pièce d'ouverture, la dévergondée "Akkeri", qui nous présente des musiciens entreprenants, sachant alterner ambiances planantes - break éthéré inclus - et riffing directement inspiré des meilleurs moments de bravoure de "Svartir Svandar", toujours menés par la voix inimitable d'un Aðalbjörn Tryggvason en guerre contre les éléments déchainés. Allez, ce "Drýsill" qui lui emboîte le pas, dans ce registre mid-tempo tristounet et rêveur à la "Berdreyminn" est plutôt bien senti également (tout comme son clip, signé Kim Holm, ha, on y revient) ! Malheureusement derrière, l'édifice SÓLSTAFIR va rapidement donner l'impression de vaciller sur ses fondations et ce, dès la fin de l'introduction de cet étonnant "Rökkur" qui, précédé d'un ensemble à cordes, va rapidement se prendre les pieds dedans (les cordes) pour se transformer en un spoken-word balourd et ampoulé. Pas dégueu, non, mais d'une mo-no-to-nie … À ce stade, honnêtement, nous ne savons même pas si nous devons vous mentionner - tant ça ne vole pas haut - ces "Her Fall From Grace" et "Til Moldar", présentant d'ignobles "Nanana nanana nananaaa" avec un Tryggvason que l'on surprend à minauder assez désagréablement sur fond d'instrumentations entendues mille fois chez les Islandais. Plutôt bateau, il faut bien constater - et même si ça nous ennuie de l'avouer - qu'à ce point du disque SÓLSTAFIR nous lasse plus d'une fois.

Alors, on a bien ce "Dyonysus", véloce petit brûlot, Black Atmo à souhait, qui vient à point nommé jeter quelques braises incandescentes sur ce qui ressemble à une inspiration moribonde, ou ce surprenant "Alda Syndanna" à l'improbable intro grungy qui nous fait penser aux SMASHING PUMPKINS des 90s qui auraient bouffé du Neil YOUNG (!). Même si les couplets, plus mid-tempo, ne folichonnent pas tant que ça, ces deux titres parviennent néanmoins à revitaliser le disque au moment opportun. Quelques minutes d'inattendu où ça galope dans les pleines sauvages, c'est très bon et c'est juste ce dont nous avions besoin ! Tout n'est donc pas à jeter sur cet "Endless Twilight…", mais ça, nous nous en doutions. Le problème ici, est que tout se révèle très pépère, semblant frappé du sceau d'une certaine triste nonchalance parvenant bien mal à masquer une formation qui se repose sur ses lauriers… ou en tout cas qui se cherche et qui a bien du mal à se dessertir du carcan de sa formule de base qu'il sait épuisée depuis un trio d'albums maintenant.

Voici un fait pas banal mais révélateur à noter : au fur et à mesure que l'album se déroule, les pièces se font de plus en plus courtes (des dix minutes initiales on tombe sous les 4'30 sept titres plus loin), comme si le groupe avait du mal à cacher qu'il n'a pas grand-chose de magique à nous conter et que les bonnes idées ne semblent pas se bousculer au portillon. Nous parlons bien des 'bonnes idées', car des idées et des tentatives, les Reykjavikois savent en proposer, malheureusement nous n'avons pas souvent l'impression que ce sont les plus judicieuses qui aient été retenues pour cette fois. C'est d'ailleurs assez troublant de constater à quel point l'agencement des morceaux paraît calqué sur celui de "Ótta" (pistes intéressantes au début, puis quelques soubresauts épars perçant avec peine la monotonie ambiante) pour un résultat globalement guère plus inspiré. Objectivement ce cru 2020 va se terminer sur une note quand même plus positive, notamment via un "Or" qui présente une intro et une rythmique plus jazzy un peu dépaysantes et un "Úlfur" nous ramenant sur un terreau plus familier mais sans nous marquer davantage que ça. Deux chansons qui ont ça pour elles qu'elles savent rassurer quant aux capacités du quartette mais qui arrivent hélas un peu tard, passées les quarante-cinq minutes d'attention réglementaires...

Voilà, cette septième livraison marque un peu le pas et ne devrait pas rester dans les annales des musiques électrifiées islandaises. Un brin oisif pour le coup, nous ne pouvons pas dire que SÓLSTAFIR se soit ici tué à la tâche. Un coup de mou, ça peut arriver. Là, au mieux, cet album a tout d'un prétexte pour embrayer sur une ou deux tournées promotionnelles (où trois-quatre titres en seront joués), car nous avons bien du mal à croire que cette mixture proposée ici soit réellement un produit fini et voulu comme tel. C'est beaucoup trop vague ! Par contre, la réelle crainte qui ressort de cette panacée tiédasse, c'est qu'il est fort à penser que, dans son registre, SÓLSTAFIR a peut-être déjà dit tout ce qu'il avait à dire (faites nous mentir, les gars !) et qu'à moins d'y aller franco à l'avenir, ça va vite sentir le fond de cratère roussi dans la team islandaise.

2,5 arrondi à 2, car sans être nul, c'est loin d'être folichon quand même. Mais surtout, c'est globalement décevant.

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(*) https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a7/Arnason-front.jpg

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- Aðalbjörn Tryggvason (guitare, chant)
- Sæþór Maríus Sæþórsson (guitare)
- Svavar Austman (basse)
- Hallgrímur Jón Hallgrímsson (batterie, chœurs)


1. Akkeri
2. Drýsill
3. Rökkur
4. Her Fall From Grace
5. Dionysus
6. Til Moldar
7. Alda Syndanna
8. Or
9. Úlfur



             



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