C'est qu'il faut s'armer de patience pour déguster son grand cru australien ! Après un "Distant Is The Sun" qui s'est fait désirer tout en nous récompensant largement pour l'attente, quid de son successeur, qui en d'autres circonstances aurait pu sortir nettement plus tôt ?

Il faut commencer par rappeler que la musique est un hobby pour les membres de VANISHING POINT et que malgré leur talent et le sérieux mis dans leur art, les musiciens doivent gérer leur vie au quotidien. Et quand Silvio Massaro enchaîne les pépins de santé, perd en deux ans ses deux parents, ainsi que sa voix pendant près d'un an et demi à cause d'un granulome, que l'effectif peine à tenir la distance (la section rythmique toute neuve de ce sixième opus), c'est Chris Porciancko qui écrit le nouvel album pendant deux ans avant que les comparses puissent se rejoindre enfin et donner vie à "Dead Elysium".

Et Dieu que cet album fait du bien ! À une période où le moral des artistes et acteurs du spectacle est en berne à force d'être muselés, le nouveau VANISHING POINT est un rayon de lumière à la fois blafard mais incroyablement éblouissant. "Dead Elysium" continue à faire honneur à cette écriture où riffs, orchestrations au clavier, subtilité d'écriture Prog et chant si instantanément identifiable qui font la réputation de VANISHING POINT se rendent la pareille. Et le quintette déborde tellement d'inspiration qu'il peut se targuer de proposer une suite logique à "Distant Is The Sun" sans accuser le poids de la comparaison. Il ne bénéficie certes pas vraiment de l'effet de surprise, mais rappelons qu'il a fallu huit ans pour que ce "Dead Elysium" arrive dans les bas, porté par AFM Records, une éternité dans le monde actuel, et l'assurance d'éroder son souvenir hormis chez les adeptes les plus fidèles du combo.

L'avantage de VANISHING POINT c'est que ses albums vieillissent très bien, ne perdent pas de leur impact, et n'accusent pas le poids des années. Avec une carrière qui prend réellement de l'ampleur avec "Embrace The Silence" et une succession d'œuvres de très haut niveau, "Dead Elysium" trouve parfaitement sa place, en proposant toujours des mélodies chiadées et interprétées avec conviction par Silvio Massaro ("Dead Elysium", "Salvus, "The Fall", "The Healing", je pourrais bien tous les citer je crois), une écriture qui sait à la fois nous caresser et surprendre, avec une limpidité de chaque titre qui force le respect, VANISHING POINT fait plus que confirmer tous les espoirs longtemps placés en lui.

À mon désarroi car le monde semble ainsi fait, VANISHING POINT ne sera jamais en tête de gondole des disquaires, bien qu'il ait enfin décidé de confier son développement à Octane, qui pourra assurément faire davantage que le duo Silvio/Chris pour promouvoir le groupe. Mais tel un trésor bien gardé, la formation australienne ne semble aucunement souffrir des affres du temps, parvient à rester à la page techniquement (production aux standards actuels, rythmiques béton, tous les instruments audibles) et continue d'enfiler les perles. Je continuerai mon prosélytisme avec ce groupe qui mérite bien davantage les honneurs que pas mal de ses confrères souvent plus commercialement exposés (je pense notamment à KAMELOT) et pas toujours aussi bons loin de là.

Je pourrais terminer cette bafouille en évoquant le fait, comme pour "Distant Is The Sun" qu'il sera sans doute compliqué de trouver aussi bien en Power Prog cette année, puisqu'il aura déjà fallu attendre fin août pour tomber sur cette perle de "Dead Elysium" dont les parties de piano introductives sont déjà en train de me revenir en tête. Sa postérité me fera-t-elle mentir cette fois-ci ?

Note réelle : 4,5/5.