Après avoir cultivé tous les stéréotypes possibles et imaginables du Grunge sur "Frogstomp", SILVERCHAIR en rajoute une couche avec "Freak Show". Le deuxième disque des Australiens révèle donc les retombées négatives de leur succès et des conséquences destructrices qu’elles ont eues sur le trio. Après tout, il n’est pas toujours évident de gérer adéquatement le succès. Il faut dire qu’en Australie, "Frogstomp" a connu un succès monstre et a précipité SILVERCHAIR directement sous le feu des projecteurs.

On a donc droit à une deuxième ronde de subtilité frôlant le zéro absolu avec des titres tels que "Abuse Me", "Slave" ou "Freak". Daniel Johns explique à quel point il se sent abusé et dépendant des tournées du groupe. La relation difficile avec certains fans est mise à contribution afin de mettre sur papier des pensées peu subtiles. Le sens des paroles de "Rape Me" de NIRVANA est repris et éparpillé un peu partout sur "Freak Show".

Si je semble me moquer ouvertement de Johns et de l’image du poète maudit qu’il semble vouloir dégager, je n’ai pourtant aucun doute sur l’impact négatif de la renommée du groupe : atteindre un tel niveau de popularité en pleine adolescence n’est pas chose facile. Les conséquences se font rapidement sentir. C’est à ce moment que le leader développe une problématique qui le suivra toute sa vie : un trouble de comportement alimentaire nommé anorexie. Le chanteur ne mange que le strict minimum afin de rester en vie : ces moments lui donneront d’ailleurs l’inspiration afin d’écrire l’un des meilleurs titres de la carrière du groupe présent sur le disque suivant : "Ana’s Song".

Recentrons-nous sur "Freak Show" : si on réussit à faire abstraction des clichés du Grunge sur certains titres, il est tout de même possible de voir une lueur au bout du tunnel. Oui, le second essai des Australiens a quelque intérêt. Tout d’abord, la musique est plus lourde, plus Heavy que sur "Frogstomp". La linéarité de la musique est moins présente, permettant à l’auditeur d’apprécier des moments plus calmes. C’est le cas avec "Cemetary" : la voix de Daniel est tout simplement touchante. L’ajout d’un orchestre permet d’ajouter ce petit quelque qui place le titre vers un classique. "Roses" et "The Closing" ont également retenu mon attention avec des allures un peu plus tournées vers le Rock. Encore une fois, il faut faire abstraction des paroles très cliché.

Pour Daniel Johns, "Neon Ballroom" est considéré comme le premier "vrai" album du groupe. Après avoir écouté les deux premiers disques de SILVERCHAIR, il est facile d’être en accord avec lui tellement le recyclage de riffs et d’idées tinte NIRVANA à plein nez. Malgré tout, "Freak Show" peut-être vu comme une avant-première intéressante. Les sonorités sont plus personnelles, les gars se démarquant et se libérant tranquillement mais sûrement du moule de "Grunge" dans lequel ils s’étaient eux-mêmes modelés.

Morceau préféré : "Cemetary".