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- Style : Deathspell Omega, Secrets Of The Moon

SCHAMMASCH - Hearts Of No Light (2019)
Par DARK BEAGLE le 2 Avril 2020          Consultée 1726 fois

Nous attendions les Suisses de SCHAMMASCH avec un nouvel EP inspiré par l’œuvre de Lautréamont après "The Maldoror Chants : Hermaphrodite", c’est avec leur quatrième album studio qu’ils sont revenus lors de la fin d’année 2019. Et, à la surprise générale, ils ont simplement proposé un seul disque, de 67 minutes certes, quand les deux derniers opus étaient des œuvres longues en plusieurs parties, comme "Triangle" qui se vivait de trois façons différentes selon la façon dont vous écoutiez l’œuvre. Pour le coup, c’en serait presque décevant. Un album qui ne tient qu’en une heure et des poussières ? Ridicule, voyons ! Vraiment ? Ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

Mais avec SCHAMMASCH, il n’est jamais évident de savoir dans quel univers nous nous apprêtons à pénétrer. Sa pochette nous l’annonce pourtant. Nous sommes en chemin pour le Jugement Dernier, l’ange a sonné dans sa trompe et les flammes dévorent déjà tout. Et l’Apocalypse selon SCHAMMASCH n’est pas la plus tonitruante qui soit, mais elle est indéniablement esthétique. À l’image de sa pochette donc. Avec les Suisses, il ne faut pas s’attendre à une déflagration de violence, ni à ce qu’elle soit contenue ; ils ne s’expriment pas de la façon la plus évidente, du moins pas celle que nous attendons d’eux. Pouvons-nous parler d’avant-gardisme dans ce cas ? Non, pas franchement. Mais il est indéniable que le groupe porte son regard au loin, au-delà des clivages habituels du Black Metal.

Aussi les musiciens vont faire appel à quelques invités pour donner à leur œuvre des nuances différentes, des directions auxquelles nous n’aurions pas franchement pensé même si nous savons que SCHAMMASCH ne se ferme aucune porte, l’évolution graduelle de "Triangle" vers la lumière étant à ce titre remarquable. Alors, sommes-nous seulement surpris d’être accueilli par un piano lugubre sur "Winds That Pierce The Silence", interprété par la pianiste classique Lillian Liu, que l’on retrouve également sur "A Bridge Ablaze", morceau introspectif par excellence ? Sommes-nous étonnés de constater que l’excellent "Ego Sum Omega" démarre doucement après et qu’il pourrait s’agir d’un morceau de Heavy épique ? Oui, nous le sommes, parce que SCHAMMASCH, une fois de plus, trouve le moyen de se réinventer, de chercher de nouvelles lignes de dialogue avec son public, de l’étonner.

Aussi, les riffs typiques du groupe reviennent à la charge ; "Ego Sum Omega" reprend tous ses droits et C.S.R. intervient de sa voix qui ressemble à une brouette de gravillons que l’on viderait dans une cuve en métal. Elle n’est pas que cordes vocales à vif, elle dégage une froideur qui colle parfaitement à l’ambiance. Nous attendons l’explosion, elle ne vient pas et c’est peut-être ce qu’il y avait de plus intelligent à faire avec ce titre, l’élaborer comme une douce frustration qui pourtant nous met gentiment à mal avec la noirceur viscérale qu’elle dégage. Ici, et qui planera d’ailleurs tout du long des 67 minutes de ce "Hearts Of No Light".

La simplicité aurait été de reproduire les formules appliquées à "Contradiction" et "Triangle", afin d’assurer une avancée logique et implacable. Nous retrouvons quelques-uns de ces éléments d’ailleurs, comme un chant proche de la psalmodie religieuse habitée, et de longs morceaux qui prennent leur temps pour se dévoiler complètement, au point où ils nécessitent souvent plusieurs écoutes attentives. Puis il y a la seconde partie de l’album, qui prend une toute autre dimension parce qu’elle part dans l’expérimentation. Le groupe construit continuellement sa subtilité et elle peut prendre bien des formes, souvent inédites, comme cet aspect psychédélique que nous découvrons sur "I Burn Within You", qui parvient à rester sinistre avec l’intervention de Aldrahn de THORNS, qui vient apporter un côté schizophrénique à l’ensemble. De quoi préparer le terrain au superbe "A Paradigm Of Beauty", de loin le titre le plus étonnant.

"A Paradigm Of Beauty" est assurément l’un des meilleurs titres de SCHAMMASCH, toutes périodes confondues. En moins de huit minutes, les musiciens écrivent une page superbe, qui allie les résonances typiquement Black, leur ADN premier, qui se mêle à des relents Gothiques, pas si éloigné de cela dans l’idée de ce que pourrait proposer les SISTERS OF MERCY dans leurs heures les plus noires, des passages où le chant de C.S.R. nous étonne par sa douceur vocale. La plage idéale pour "Katabasis" qui vient nous faire un résumé de cet album, avec ses changements d’ambiances habilement amenées, entre assauts typiquement Black et ambiances plus planantes.

Et finalement, le point noir de ce "Hearts Of No Light" résiderait dans sa pièce finale, un long instrumental d’une quinzaine de minutes qui peine à réellement décoller. Il nous colle au sol, le visage dans la boue, mais il n’y a pas ce côté domination/soumission entre le groupe et nous, son public. "Innermost, Lowermost Abyss" est certes écrasant, mais il manque cruellement de relief et ce ne sont pas ses guitares hispanisantes qui vont provoquer plus d’émoi que cela. Et c’est franchement dommage parce que si cela renvoie dans l’idée au troisième disque de "Triangle" qui œuvrait dans l’Ambient/Atmosphérique, nous ne retrouvons pas ici cette montée en puissance, ce défilement logique qui conduit à la lumière. En même temps, vous me direz, c’est dans le titre de l’album. Pas de lumière à espérer, seulement les ténèbres.

Encore une fois, SCHAMMASCH tape fort, mais surtout, il cible juste. Avec son Black Metal qui se nimbe d’une aura noire mais, quelque part, urbaine, le groupe suisse n’a certainement pas fini de nous étonner et provoque autant la curiosité que l’adhésion à son discours où les chœurs liturgiques se disputent à la rugosité d’un Black qui, décidément, n’a rien de classique. SCHAMMASCH exploite avec brio son passé pour en faire le tremplin de ses idées. Nous retrouvons donc ce qui fait le charme de la formation, mêlé à de nouvelles sonorités, des envies qui ont pris corps et qui s’avèrent pertinentes, élargissant le spectre musical et émotionnel et conduisant au final à un opus varié, mais qui pourtant se tient parfaitement. Il est juste dommage que la vision orgueilleuse de l’art pour les Suisses ait conduit à cet instrumental final qui ne tient pas toutes ses promesses.

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- C.s.r. (chant, guitare)
- J.b. (guitare)
- M.a. (guitare)
- A.t. (basse)
- B.a.w. (batterie)


1. Winds That Pierce The Silence
2. Ego Sum Omega
3. A Bridge Ablaze
4. Qadom's Heir
5. Rays Like Razors
6. I Burn Within You
7. A Paradigm Of Beauty
8. Katabasis
9. Innermost, Lowermost Abyss



             



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