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MORK - Det Svarte Juv (2019)
Par PERE FRANSOUA le 9 Décembre 2019          Consultée 1596 fois

MORK est rentré dans la catégorie prestigieuse des groupes dont je vais acheter le nouveau disque sans l’avoir écouté.
Fait banal dans les années 90, combien ai-je acheté de merdes les yeux fermés, c’est devenu totalement exceptionnel de nos jours.
Si t’as lu mes chros de ses précédents méfaits tu sais à quel point MORK c’est bien.
Alors bien sûr j’ai bondi sur "Det Svarte Juv" à sa sortie, prêt pour une nouvelle plongée dans la quintessence du Vrai Metal Noir Norvégien des années 90.

Et franchement dès "Mørkeleggelse" j’ai palpité comme feu Lemmy face à une machine à sous, les quelques notes de violoncelle lugubre qui annoncent le thème, le blast totalement BURZUMien, le son toujours aussi parfait, le break Black'N'Roll bien collant, le retour attendu du blast sur lequel le thème sinistre est memeumé. Efficace, catchy, austère et pas trop long. Nickel.
La suite immédiate semble confirmer. La déprime BURZUMienne de "Da Himmelen Falt", mid tempo cinglant dont les murailles de disto remplissent l’âme de grisaille, me fait déjà pronostiquer une Sélection du Site. J’attends la suite avec impatience, notamment un possible titre irrésistible, le genre qu’on veut se repasser encore et encore, tiens comme ses hommages impitoyables à "Transilvanian Hunger" dont la haine avaient fait mon bonheur sur les deux précédents opus. Petit impatient j’en sauterai presque les pistes jusqu’à dénicher la sale merveille.

C’est d’ailleurs ce que j’ai fini par faire pour finalement m’arrêter sur la piste cinq, "I Flammens Favn", qui commence effectivement par un bon blast prometteur. Du blast coupé par deux fois par du pur MORK grisailleux, très bien, c’est beau les contrastes, il y a une belle basse ronde qui mène sa vie, et, ô surprise, du chant clair totalement à la ENSLAVED, ça rend bien, bonne idée.
[D’ailleurs cet "I Flammens Favn" a eu le droit à un clip vidéo sympa, ce qui ne fera que confirmer qu’il est un des meilleurs morceaux de l’album].0
Il fallait en profiter parce que de passage très rapide il n’y aura plus (à l’exception de quelques bribes).
Et à l’écoute complète de la galette on en ressort vite avec une impression non pas d’avoir eu la complète mais plutôt une recette un peu bourrative. Et pourtant c’est assez diversifié... Au sein d’un même titre, si bien qu’on a l’impression de bouffer toujours un peu la même chose et que chaque titre, en lui-même, manque de cohérence.

Jusqu’à présent j’avais trouvé l’écriture des chansons très habile, efficace, consciente de ses qualités et sachant rebondir. Aujourd’hui avec "Det Svarte Juv", monsieur Eriksen me déçoit un peu. Aux premières écoutes on sent bien que c’est sympa, il y a plein de petits riffs coolos, mais on se perd dans l’ensemble, ça manque de titres clivants à la personnalité bien trempée et on en ressort avec la sensation de ne pas avoir retenu grand-chose. Et là : déception.

Pas méga enthousiasmé j’ai donc laissé l’album et sa chronique de côté, y revenant de temps en temps avec le faux espoir d’y découvrir un plaisir caché telle l’amante incomprise par un conjoint malhabile et tristoune. Et ce fut bien entendu pressé par le calendrier et le risque de voir la nouveauté périmer et être reléguée au rang d’archive (quelle ignominie), n’écoutant que mon devoir de chroniqueur, à la faveur d’une écoute forcenée et méthodique, que j’apprivoisai l’œuvre et sus y voir quelques qualités. Qu'on ne cherche plus la jouissance on se contente de passer un bon moment.

C’est un MORK toujours plus mélancolique auquel nous avons à faire. L’album dans son ensemble distille une tristesse mature, presque sereine, des limbes grises qui n’ont plus l’intention de vous pousser au suicide comme avant, renforcé par l’omniprésence du mid-tempo qui achemine le paquet avec la constance d’une locomotive. Et d’un côté je me dis que MORK ne se ressemble plus qu’à lui-même, enfin mûr, enfin sûr, du genre "à quoi me fait penser ce passage ? Ben à du MORK !". Et puis d’un autre côté on part à la chasse aux références presque autant que sur les albums d’avant, c’est normal c’est un groupe de Revival.

Il y a donc du BURZUM, toujours un peu, du bien visible mais aussi du presque entièrement digéré, du gros DARKTHRONE qui tache, celui qui récite "je vous salue CELTIC FROST" tous les matins en avalant son bol de Celtic Frosties, rien que du très normal, et puis assez vite il y a une autre référence qui vient titiller les oreilles, une nouvelle, une qui se cachait derrière les autres. Une fois qu’on s’en rend compte on ne peut plus voir que ça.

Caché derrière le Black'N'Roll qu’une oreille distraite aurait attribué entièrement à DARKTHRONE, c’est le SATYRICON le plus Rock qui vient faire de gros coucous, assez souvent, et dès le début en fait.
En plus des petites impressions de-ci de-là c’est surtout un seul gimmick qu’on verra apparaître très souvent: le passage lourd et pesant avec effet rebondissant, genre "The Pentagram Burns" ou d’autres puisque c’est typiquement SATYRICONien. C’est particulièrement notable sur "Skarpretterens Øks" ou "Den Utstøtte".

Je dis pourquoi pas, ça va bien dans le paysage, c’est un (gros) clin d’œil qui me fait plaisir, chacun connaissant mon Amour total pour l’œuvre de Satyr et Frost. En poussant la parano j’irais même jusqu’à dire qu’on retrouve à un moment le vieux SATYRICON de "The Shadowthrone" sous la forme d’un air médiévalo-viking sur "Siste Reis".

Un mot tout de même avant la fin sur la vraie nouveauté de ce nouvel album : le chant clair qui fera trois incursions réussies, du viril comme on peut s’y attendre ("På Tvers Av Tidene"), du moins viril, du genre un peu éthéré comme chez ENSLAVED ("I Flammens Favn", on en a parlé), mais aussi du Punk bourré façon Nocturno Culto ("Det Svarte Juv").

Alors voilà, MORK me déçoit, cette fois, pour la première fois, et en même temps c’est moi qui ne vois pas, qui n’ai pas su voir, qui n’ai pas voulu voir que la cuvée 2019 se laissait déguster différemment. Le plaisir n’y est que rarement immédiat mais l’ensemble est cohérent, mature, sérieux. C’est un bon album toujours aussi parfaitement sonorisé, selon les évangiles du Noir Metal norvégien du début des années quatre-vingt-dix, un son qui à lui seul fait le job, justifie l’écoute et nous transporte illico au pays impie où le pentagramme brûle sous une lune funéraire dans le ciel du Nord, jusqu’à ce que la lumière nous prenne.

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   PERE FRANSOUA

 
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- Thomas Ericksen (tout)


1. Mørkeleggelse
2. Da Himmelen Falt
3. På Tvers Av Tidene
4. Den Utstøtte
5. I Flammens Favn
6. Skarpretterens Øks
7. Den Kalde Blodsvei
8. Siste Reis
9. Karantene
10. Det Svarte Juv



             



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