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BLACK METAL  |  STUDIO

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2016 Den Vandrende Skygge
2017 Eremittens Dal
2019 Det Svarte Juv
2024 Syv
 

- Style : Darkthrone
 

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MORK - Syv (2024)
Par PERE FRANSOUA le 20 Novembre 2024          Consultée 217 fois

C’est surprenant de constater à quel point certaines choses qui nous ont jadis passionnées finissent parfois par nous produire que du désintérêt.

Hey, MORK sort un nouvel album ! Quoi, déjà ? Oh, les critiques se jouissent dessus, les magazines et sites parlent d’une des sorties majeures du Black Metal de l’année, peut-être que ça vaut le coup de s’y intéresser. Car après m’avoir fait puissamment frétiller, l’enchaînement des sorties similaires m’a fortement désamouraché et fatalement démotivé à vous en parler ici.

Alors nous y voilà. On s’était arrêté ici en 2019 avec un "Det Svarte Juv" sympa mais qui s’éloignait déjà pas mal de la pureté Trve Norwegian grésillante et glauque qui me catapultait trente ans en arrière. Le fringant Thomas Eriksen n’a depuis cessé de pondre du disque, avec une sortie par an, "Pesta" (EP, 2020), "Katedralen" (LP, 2021), "Den svevende festning" (EP, 2022), "Dypet" (LP 2023.) Entre la sortie de deux merdes de DARKTHRONE, il faut bien que Peaceville s’occupe.

Au fil des sorties, l’entité de Thomas n’a pas vraiment changé mais a tout de même évolué en une bête étrange, de moins en moins mystérieuse et de plus en plus ça ne se joue pas à grand-chose. Une voix trop en avant, moins de brume et de disto sur les guitares, moins de primitivismes et plus de raffinement, le minimalisme de la batterie qui n’est plus justifié par la pureté de la haine, des accélérations peu convaincantes, le règne toujours plus grand du mid-tempo pépère, nous ne sommes plus très loin d’une mixture Rock, certes toujours assez noire.
On ne parle même plus de Black N'Roll, généralement groovy, pour lequel il faut un batteur qui puisse envoyer de la double pédale et des intonations brûlantes. N’est pas Frost qui veut.
Thomas n’est pas un grand batteur de Metal Extrême. Mais, alors qu’il évolue sur scène depuis des années avec tout un groupe, il aurait pu pour une fois nous surprendre en y faisant jouer son batteur, ce qui aurait amené à n’y pas manquer beaucoup de dynamisme et d’agressivité.
S’en tenir au dogme de l’obscur one-man band ça fonctionne tant qu’on se contente d’un projet studio nimbé de mystère. Mais MORK joue partout, fait les grands festivals, avec un line-up stable depuis des années.

Il n’y a plus guère que les vocaux venimeux de goules de cavernes qui rattachent encore franchement MORK à l’extrême. Ceux-ci, toujours râpeux, avec les "r" âprement roulés du norvégien, sont clairement en avant dans le mix, au point supplanter les guitares. Les effets classiques de réverb’ ont disparu, donnant aux vocaux une présence matte et lisible.
À la rigueur "Ondt Blod" se manifestera comme le seul morceau franchement Metal. En sandwich entre l’intro très rapide et son décalque en conclusion, on alterne les riffs rythmiques légèrement alambiqués, entre ENSLAVED et SATYRICON.
J’abuse un peu. Il y a bien quelques rares trémolos (fin de "Med Døden Til Følge") ou des murs de sons de-ci de-là, et si beaucoup de riffs de guitare semblent se dandiner vers des intentions plus complexes (voire Prog ?), nul doute qu’avec une batterie plus complète et sportive, l’ensemble nous aurait paru nettement plus Black Metal. La basse, quant à elle, toujours ronde et libre, continue de se distinguer des canons du genre. Elle ne viendra donc pas au secours de l’agressivité attendue et tirera l’ensemble vers de plus subtiles modulations. C’est comme ça depuis longtemps chez MORK et c’est plutôt un de ses atouts.

Alors, est-ce que c’est raté ?
Déjà, même s’ils sont plus alambiqués, les riffs de guitares sont de qualité. On pensera donc parfois franchement à du ENSLAVED (ce riff rythmique typique, au cœur de "I Tåkens Virvel", par exemple). Leur composition est généralement élaborée. Cela dit, l’adjonction de riffs, bons pris individuellement, ne constitue pas une composition générale. Quand une entité Black Metal jouant sur le minimalisme s’extirpe de la brume et s’expose ses atours au grand jour, il faut avoir une écriture qui tient la route. Enchainant les titres et les disques sans interruption, les compos de Thomas s’exposent fatalement à nos jugements. Un bon titre bien construit s’impose, peu importe le style. "Heksebål" passera le test, les différentes parties s’écoulant aisément les unes dans les autres, autour du thème soutenu par le violon qui revient avec évidence. Mais assez souvent les ficelles de composition s’exposeront, habitués que nous sommes à les voir revenir, opus après opus. Une intro et une outro similaires, un thème principal un peu rabâché, et un petit cœur très différent façon break. On n’a pas l’impression qu’on nous raconte une histoire pleine de surprise. C’est plutôt une démonstration de riffs, toujours sympas, qui cohabitent dans une même chanson.

Dans ces conditions, seules des surprises peuvent apporter la fraicheur nécessaire. Y en-a-t-il ? Oui, plutôt. Le titre pénultième, "Til Syvende Og Sist", assez sympa, est totalement instrumental, où le violon distingué apporte un vrai intérêt. Pour une fois un voyage nous est offert, avec une belle progressivité, et des émotions peuvent émerger.
L’album finit sur un titre Folk, guitare acoustique et chant clair en norvégien. Une fin toute tranquille, à la mélancolie mignonne, avec un apport discret du violon. Là pour le coup, c’est assez inédit, mais était-ce bien nécessaire ?
Le violon, parlons-en. S’il ne constitue pas une vraie surprise puisqu’on l’avait déjà entendu sur d’anciens disques, il devient tout même un épice de choix qui donne beaucoup de personnalité aux quelques titres sur lesquels il apparaît, que ce soit comme surligneur discret des notes jouées par la guitare ("Eksebål"), comme exhausteur de goût sur "Tidens Tann" ou comme conducteur impérieux de la mélodie principale du très Folk Metal "Holmgang".
On notera aussi des chœurs clairs en fond qui viennent appuyer les cris sur des refrains, mais, là non plus, ce n’est pas spécialement nouveau chez MORK.

Thomas Eriksen, le stakhanoviste du Black, a commis son disque annuel. Dans la droite lignée des autres productions, "Syv" n’est ni moins bon ni franchement meilleur que les deux ou trois opus avant lui. Plus assez nettement Black Metal pour s’imposer sur une scène repoussant de nouvelles limites, notamment à cause d’une batterie surlignant une tendance Rock que ne viendront pas contredire les incursions inspirées de violon. MORK, le LOUISE ATTAQUE du Black norvégien ? ⁷
Il aurait été judicieux d’incorporer ses musiciens de concert afin d’apporter un souffle nouveau, au risque de changer sa signature sonore, ou de bouleverser ses habitudes de composition avec, par exemple, l’apport de l’inspiration de ces camarades, afin que ses gimmicks de compositions soient un peu dilués. Néanmoins, une fois digérés et acceptés ces éléments, je reconnais que je passe un assez bon moment. Ce n’est plus le MORK glacial et magique des premiers disques, en particulier le fabuleux "Den Vandrende Skygge" qui me subjugue encore, mais ça reste tout à fait plaisant. Ce n'est plus le grand amour mais peut-être une jolie et paisible amitié.
Thomas, un conseil, laisse-toi un peu plus de temps avant ta prochaine grosse commission, peaufine, retravaille, sélectionne, et étonne-nous. Merci par avance.

Note réelle : 3,5/5 et je suis dur.

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   PERE FRANSOUA

 
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- Thomas Eriksen (tout)


1. I Tåkens Virvel
2. Holmgang
3. Heksebål
4. Utbrent
5. Med Døden Til Følge
6. Ondt Blod
7. Tidens Tann
8. Til Syvende Og Sist
9. Omme



             



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