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POWER MÉLODIQUE  |  STUDIO

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WITHERFALL - A Prelude To Sorrow (2018)
Par HAPLO le 30 Novembre 2019          Consultée 2391 fois

Pour notre chère humanité, qui a une fâcheuse tendance à mettre un mouchoir sur son passé (et surtout sur les leçons qu’il contient !), à ne pas savoir apprécier le présent et à anticiper laborieusement l’avenir, la Mort revêt légitimement des aspects angoissants voire effrayants.
La fin brutale de ce que nous sommes et de notre environnement demeure pour nous une subtile interrogation que nous tentons de repousser quotidiennement, souvent inconsciemment, au-delà de notre horizon… Mais qui nous rattrape et nous frappe parfois sans prévenir !
De leur côté, beaucoup d’artistes ont tenté de personnifier la mort : peu y sont parvenu intelligemment et encore moins à la rendre attachante. Le génial et loufoque Terry Pratchett, dans son odyssée du Disque-Monde (kit de survie humoristique ; trois chapitres le soir en prise quotidienne !) a pourtant réussi ce tour de force : grand squelette dégingandé et au visage trouble que les vivants ne reconnaissent pas mais que ceux qui viennent de mourir identifient immédiatement, la Mort Pratchétienne suit avec patience et tendresse cette humanité en adoptant parfois ses coutumes et jusqu’à ses sentiments ou ses petites manies…

Bref, chacun en fonction de son talent, figure ou s’exprime sur le sujet : les écrivains et les poètes la narrent, les peintres / dessinateurs l’illustrent elle ou ses ravages, et les musiciens quant à eux tentent de nous donner à écouter ce que nous ressentons face à elle.

Or, la mort, la vraie, a durement touché les membres de WITHERFALL.

L’axe majeur du combo californien est formé par le couple de bourlingueurs talentueux que sont respectivement le chanteur à la voix douce-extrême Joseph Michael (MIDNIGHT REIGN/SANCTUARY et ex-WHITE WIZARD) et le guitariste virtuose Jake Dreyer (JAG PANZER, DEATHRIDERS, ICED EARTH et également ex-WHITE WIZARD). Le lecteur attentif aura donc rapidement identifié le groupe de rencontre de nos deux magiciens blancs ! Sur la même longueur d’onde musicale, Michael et Dreyer conçoivent donc une formation à l’énergie et à la patte unique pour laquelle ils s’entourent d’un bassiste discret mais redoutablement efficace (Anthony Crawford) et d’un batteur capable de suivre ce train Speed Mélodique en la personne d’Adam Paul Sagan : le bébé WITHERFALL est né ; nous sommes en 2013-2014.
Doucement mais sûrement, la formation peaufine son art et son style qu’elle immortalise sur une première offrande studio titrée "Nocturnes And Requiems" dont l’enregistrement s’étalera sur 2016. Coup du sort, un cancer du sang emporte Adam Paul Sagan quelques semaines à peine avant la sortie officielle de l’opus prévue début 2017. Aussi, les nombreuses critiques saluant un album profond, nerveux et surtout doté d’une empreinte artistique unique, passent quelque peu au-dessus des oreilles de nos Californiens légitimement embourbés dans leur deuil. Chargé de toute cette peine vis à vis de la perte de l’un de ses membres, le combo va décider de s’atteler à ce qu’il sait faire de mieux : composer et jouer sa musique !
Ayant raccroché à leur projet un nouveau batteur en la personne du talentueux Steve Bolognese (BAPTIZED IN BLOOD, DEATH DEALER…) ainsi que le guitariste Fili Bibiano, les musiciens vont donc laisser aller leur peine et leurs émotions sur un album qui va de ce fait réunir toutes les facettes que peut nous inspirer la disparition d’un être cher… Et aussi ce que nous imaginons pour lui.

Proposant un Power Metal mélodique riche, teinté d’accélérations portées par des riffs tranchants et martelants, "A Prelude To Sorrow" (qui reprend les initiales de l’ami regretté) doit s’approcher avec respect, sous peine de se prendre une grosse porte en bois massif dans le nez et de ne pas comprendre pourquoi ça saigne… Car cet opus ne s’attaque pas comme n’importe quel galette, armé d’une naïveté narquoise ou d’une belle envie d’en découdre à coups de tête entre potes devant un couscous en boîte. Non. Il s’aborde pour ce qu’il est : une larme et un cri. Un moment émotionnel et artistique unique dont les conditions d’écriture ne se réuniront plus jamais et qu’il faut donc approcher, plus que toute autre œuvre, avec tout le respect dû à une petite dose d’immortalité mise en musique…
À l’image de la quasi-totalité des morceaux qui le composent, "A Prelude To Sorrow" est un album de contrastes et de transitions où une voix très douce côtoie des montées à la limite du hurlement et du discordant, où des arpèges sur guitare acoustique sont suivis de riffs effilés et accélérants appuyés par une double-grosse caisse martelante, ou la vie et la mémoire se mêlent à la mort et à l’oubli …
Et là se situe justement le réel talent des musiciens (en dehors de la parfaite maîtrise tant vocale qu’instrumentale) c’est que ces variations, loin de donner un album disloqué, s’imbriquent parfaitement dans une cohérence artistique que peu de productions studio m’ont fait ressentir jusqu’à aujourd’hui...

Aussi, les trois titres magistraux "We Are Nothing", "Shadows" et "Vintage" semblent constituer la structure fondamentale de l’album en offrant ce qui ressemble à une progression dans le ressenti des membres de WITHERFALL. De la colère discordante au refrain obsédant introduite avec "We Are Nothing" muni de son solo magnifique tout en feeling, les musiciens nous guident au fond du désespoir et de l’effroi nauséeux qui émergent du puissant "Shadows" au refrain pourtant si accrocheur… Pour finir sur ce qui ressemble à une certaine forme d’acceptation de la perte et l’adieu fait à l’ami sur l’époustouflant "Vintage" dont la montée mélodique et le solo final viennent magnifiquement clôturer cet album.

Ceci étant dit, les autres compositions de "A Prelude To Sorrow" ne sont pas en reste : complétant admirablement le triangle magique cité plus haut, l’agressif "Moment Of Silence" avec ses rythmiques complexes et ses vocalises haut-perchées, le contrasté "Ode To Despair" aux arpèges hispanisants, ou encore le tourbillonnant "Communion Of The Wicked" avec ses montées en puissance, viennent alimenter et enrichir le panel d’émotions transmis par les musiciens.

Ces derniers, utilisant ainsi leur maîtrise accomplie pour des morceaux à la mise en place irréprochable, n’hésitent pas à faire s’entremêler des passages au tempo élevé aux limites du Death suivis de transitions fleurtant avec le Prog Mélodique dans ses plus belles heures… Le tout voguant au fil des émotions qu’ils souhaitent nous faire passer. Un album au son unique à apprivoiser par étapes lors de moments choisis donc...

WITHERFALL ne fait pas partie de mes groupes de prédilection. Et pourtant, les émotions portées par la (très bonne) musique de "A Prelude To Sorrow" associées à la patte si particulière de cette formation m’ont vraiment touché et fait apprécier cet album pour ce qu’il est : une traversée de ce que nous percevons de nous-mêmes et des autres face à ce qui semble être la fin de toute chose. Les dix titres qui meublent cet offrande s’écoutent comme la traversée d’une page de vie, avec ses questions et ses révoltes, pour finir sur ce qui semble constituer l’acceptation du départ et l’hommage émouvant à l’ami. La virtuosité tant individuelle que collective des membres de WITHERFALL accompagne magnifiquement ce voyage initié par la douleur… Et la larme devient diamant. Il reste à souhaiter pour cette brillante formation que l’inspiration ne soit pas commandée par les circonstances et que le niveau demeure identique sur ses futurs albums !

Proche de réunir tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un opus studio, c’est donc avec le plus grand respect que je dépose un 5/5 à l’entrée du mausolée "A Prelude To Sorrow", dissimulé sous la végétation au fin fond de la grande forêt sombre de WITHERFALL. Ce moment a été unique. Il s’avère réellement talentueux.

… Et en plus, la pochette : elle est belle.

- pour ne pas mourir idiot : "We Are Nothing" / "Shadows" / "Vintage".
- pour continuer à se faire plaisir : le reste de l’album...

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   HAPLO

 
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- Joseph Michael (chant, claviers)
- Jake Dreyer (guitare)
- Fili Bibiano (guitare)
- Anthony Crawford (basse)
- Steve Bolognese (batterie)


1. A Prelude To Sorrow
2. We Are Nothing
3. Moment Of Silence
4. Communion Of The Wicked
5. Maridian's Visitation
6. Shadows
7. Ode To Despair
8. The Call
9. Vintage
10. Epilogue



             



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