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AETERNUS - Heathen (2018)
Par T-RAY le 29 Avril 2019          Consultée 1627 fois

AETERNUS a toujours été l'un de mes groupes fétiches. Et le relatif anonymat dans lequel il évolue ne fait que renforcer mon attachement. Vous le savez bien et l'expérimentez sûrement : on chérit toujours davantage les artistes que l'on sait ne pas être trop connus… Et la discrétion dont ils font preuve nous permet de les garder pour nous et nous préserve de les voir appartenir au plus grand nombre. Dans le documentaire "Centuries Of Torment", consacré aux vingt premières années d’existence de CANNIBAL CORPSE, Jonathan Davis, leader de KORN, explique d'ailleurs très bien ce phénomène d'exclusivité totalement subjectif et irrationnel que le fan ressent par rapport à l'une de ses formations favorites lorsque la carrière de celle-ci est encore confidentielle. Et confidentielle, la carrière d'AETERNUS le sera toujours. C'est comme ça, le point de non-retour a été atteint depuis longtemps par Ares et sa troupe.

Difficile de dire, toutefois, si le leader et unique compositeur d'AETERNUS a un jour cherché la célébrité ou une large reconnaissance médiatique. À voir la façon dont le bonhomme et son groupe se sont stylistiquement distingués d'entrée de jeu sur la scène Black Metal norvégienne, cela semble peu probable. Hurler avec les loups ? Pas vraiment son truc. Aussi, en accueillant son retour avec "Heathen", son huitième album studio, toujours épaulé du batteur Phobos, présent depuis 2007, et du petit nouveau, Eld, à la basse, on sait déjà que l'on aura droit à un Metal Extrême à nul autre pareil, seulement comparable à un autre opus d'AETERNUS. Alors justement, comparons : de quel L.P. celui-ci se rapproche-t-il ? À regret, c’est peut-être de l'oubliable "Hexaeon" qu'il tient le plus, à force d’écoutes…

Car celles-ci laissent un sentiment mitigé. Et parce que l'album, relativement court avec ses 35 minutes, donne l'impression qu'Ares ne va pas au bout de ses intentions, une impression qui s'installe sur plusieurs morceaux. Parce qu'AETERNUS n'est jamais aussi bon que lorsqu'il prend le temps d'installer ses atmosphères mystiques au fur et à mesure que les riffs s'étirent, on est souvent pris de court sur "Heathen", et désappointé de voir les morceaux se terminer un peu trop tôt ou, du moins, les meilleures parties de plusieurs d'entre eux ne pas durer assez longtemps. Ainsi en va-t-il de "Hedning", morceau d'ouverture prometteur mais qui s'interrompt brutalement aux deux tiers de son cours alors que son riff principal semblait commencer à progresser de façon intéressante...

Il en va de même pour des titres comme "The Sword Of Retribution" et "`Illa Mayyit" qui, pour des raisons différentes, donnent le sentiment qu'AETERNUS n'exploite pas suffisamment les idées qui sont les siennes. Le premier de ces deux titres, qui aurait pu constituer une longue pièce de Doom Death agrémentée de parties plus mélodiques et contemplatives, comme Ares sait si bien en composer, se trouve finalement être un petit morceau sans relief, facilement oubliable… Le deuxième tente de tromper la vigilance de l'auditeur en jouant la carte orientale, mais si les riffs de guitare ont vaguement un petit air d'Orient, l'introduction et la coda, franchement orientales pour le coup, avec ces instruments traditionnels à cordes pincées, donnent le sentiment de n'être pas totalement rattachées au morceau… Dommage.

Heureusement, des exemples de développements pertinents et prenants des riffs de guitare existent sur "Heathen". Et nulle part mieux que sur "Conjuring Of The Gentiles", si lourd et lent qu'il paraît plus Doom Metal que Death. Voire presque Sludge, tellement les riffs sont gras ! Or, lorsque la guitare lead se met à tisser des motifs plus sombrement mélodiques, bien soutenue par la basse, AETERNUS nous emporte dans son univers, qui se pare d'une lumière Folk sur l'ultime minute du morceau. Apaisant... Plus loin, "How Opaque The Disguise Of The Adversary" s'avère presque aussi réussi, malgré son côté Folk moins prononcé. Car même s'il attaque ce morceau bien plus fort, en mode clairement Death Metal - ce Blackened Death Metal brûlant qu'on le sait pratiquer depuis longtemps - AETERNUS calme ensuite ses ardeurs pour nous faire voyager sur des notes de guitare clean qui accompagnent la musique vers des ambiances un peu plus intimistes.

Même sur le frustrant "Hedning", il y a matière à prendre plaisir, car l'on y retrouve le talent d'Ares pour faire passer son Metal d'une couleur sombre et pessimiste à une lueur d'espoir, quoique toujours fortement teintée de mélancolie. C'est assez palpable ici, grâce à ces mélodies de guitare clean, riches d'un écho mystique et de belles harmonies, ce solo de gratte au-delà de la fameuse cassure aux deux tiers du morceau, ce rugissement toujours aussi profond d'Ares… Il y a de quoi passer par des émotions radicalement opposées sur ce titre d'ouverture ! "Boudica", plus épique et sous des atours Folk, encore, est ce même genre de morceau : capable de faire ressentir à l'auditeur des sentiments a priori très différents mais qui se complètent idéalement.

Ce qui n'empêche pas, cependant, de sortir avec un goût d'inachevé de l'écoute de "Heathen", avec la sensation d'avoir parfois affaire à des versions de travail. Beaucoup de bonnes idées l'habitent, le savoir-faire d'Ares en matière de composition n'ayant pas disparu, mais l'exécution de l'ensemble relève d'une certaine paresse, d'un laisser-aller répréhensible… D'autant plus répréhensible lorsque l'on sait manier autant de couleurs sur la palette du Metal Extrême que le leader d'AETERNUS ! Cela se ressent même sur la structure de l'album : être d'ordinaire aussi habile dans l'agencement des titres et proposer, en plein milieu du disque, une composition aussi banale que "The Significance Of Iblis", alors que la dynamique de "Heathen" semblait lancée, relève de l'erreur de jugement.

Peut-être bien que tout "Heathen" relève de l'erreur d'appréciation, d'ailleurs… Ares n’aurait-il pas dû faire de cet album déjà court un simple E.P., quitte à revenir un peu plus tard avec un album reprenant les titres de celui-ci, entourés de versions mieux finies des morceaux les moins réussis ? Certainement. Cela lui aurait permis de garder uniquement le meilleur de ce disque et d'en concentrer les atouts, au lieu de les diluer et de faire apparaître ainsi les faiblesses de l'ensemble. AETERNUS est devenu trop rare, de nos jours - cinq ans depuis son précédent album - et si l'on doit attendre longtemps ses nouvelles œuvres, autant qu'elles soient le plus abouties possible. Ce qui n'est pas le cas de "Heathen", en dépit d'indéniables qualités.

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   T-RAY

 
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- Ares (guitare, vocaux)
- Phobos (batterie)
- Eld (basse)


1. Hedning
2. The Sword Of Retribution
3. Conjuring Of The Gentiles
4. The Significance Of Iblis
5. How Opaque The Disguise Of The Adversary
6. Boudica
7. `illa Mayyit



             



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