L'aventure musicale de Yossi Sassi continue sans relâche. Le white hat hacker de Microsoft qui a lâché l'école à dix-sept ans pour vivre son rêve en musique (il n'a que seize ans quand ORPHANED LAND sort "The Beloved's Cry" en 1991), maintenant co-créateur de son propre instrument, le bouzoukitara, qui combine bouzouki et guitare en un seul instrument double-manche, largement à l'œuvre sur ce nouveau recueil de compositions. Yossi a souhaité inclure ses fidèles amis musiciens au projet qui désormais répond au nom de Yossi SASSI BAND. Or Lubianiker, déjà bassiste sur "Desert Butterflies", mais aussi Ben Azar, son David Weiner à lui (qui n'a pas à rougir face à Ron Thal), le percussionniste Roei Fridman et le batteur Shay Ifrah. Tous sont au générique officiel avec Sapir Fox, nouvelle venue œuvrant aux vocaux et aux chœurs. De quoi permettre à Yossi Sassi d'avoir un line-up solide pour ses prestations live.

Pour autant il y a toujours des invités, avec notamment Ron Thal qui nous fait encore une démonstration ébouriffante sur "Palm Dance" et son groove obsédant, ou encore le très remarqué Zaher Zorgati qui nous sort le grand jeu sur "The Religion Of Music" avec son timbre si reconnaissable. Et cet album est fait de timbres. Celui de la clarinette sur "Winter" un instrumental de plus de huit minutes où la guitare de Yossi est au summum de son expressivité, celui de la voix plaintive de Yossi pleurant l'être cher sur "Thundercloud" (il dédicace aussi cet album à son père, en rémission d'une crise cardiaque, et qui avait participé à l'album précédent).

Yossi SASSI surprend toujours par la sérénité qui se dégage de sa musique, et qui faisait une bonne partie du charme de "Desert Butterflies". Pour autant, l'artiste israélien ne se répète pas et le Rock oriental instrumental n'est plus du tout la norme, la majorité de l'album étant garnie de vocaux (majoritairement masculins, même si Sapir Fox fait une entrée remarquée avec "Road Less Traveled", sans toutefois épater plus que cela), où la participation de Diana Golbi se fait remarquer sur l'un des meilleurs titres de l'album, dans un style que Steven WILSON ne renierait pas. Mais les guitares sont très présentes, et régulièrement Yossi nous rappelle qu'il a contribué à créer quelques monuments de Metal Oriental avec ORPHANED LAND, ses riffs typiques jaillissant tant à la six qu'à la sept-cordes, titillant cette fibre Prog que l'on espère toujours retrouver au moins par touches dans la musique du guitariste ("Madam TwoSouls", "The Religion Of Music", "Road Less Traveled"), et ils se distinguent notamment à cause de morceaux acoustiques globalement un peu moins inspirés que par le passé.

J'avais seulement peur que cet album n'apporte rien de plus que son prédécesseur, et je suis heureux que Yossi m'ait fait mentir, faisant évoluer son Rock Oriental vers une forme de World Metal tout à fait intéressant, s'enrichissant au contact des musiques traditionnelles, même si je regretterai quand même une trop grande proportion de "juiveries", un peu comme sur les deux derniers ORPHANED LAND, les deux formations semblant, peut-être inconsciemment, forcer un peu le trait. Mais comme je le disais les harmonies sont très variées et permettent de le digérer sans trop de mal. L'artiste israélien prouve humblement qu'il a encore pas mal de choses à dire, et il faut voir ces albums davantage comme le reflet d'expériences multiples de partage entre musiciens que comme un album Metal avec sa propre cohérence intrinsèque.