En Metal, comme dans tout style créatif majeur, tout est question avant tout de talent. Si vous n'êtes pas bénis par ce cadeau de la vie, il vous faudra capitaliser sur un concept beaucoup plus hasardeux, mais qui a fait ses preuves au fil du temps : la synchronisation. En bon vieux français, le « timing ».

En comédie, il s'agit de la règle numéro un pour ne pas que vos gags tombent à plat. En amour aussi, si vous ne voulez pas être le « rebound » de quelqu'un… Surtout pas celui de Lebron James.

Pourquoi vous parler de timing à propos des Australiens de PORTAL ? Parce que même si, selon ma règle non-écrite sur la maturité artistique, ce cinquième album "Ion" serait sensé représenter sa vraie identité, je me questionne sur l'importance de sa personnalité métallique en 2018. Est-il encore de son temps, lui qui ne jouit pas d'une lignée de fidèles supporteurs comme nombre de combos extrêmes ayant plus d'albums sur le curriculum et qui, chanceux qu'ils sont, ont débuté leur carrière dans une génération moins cruelle et expéditive côté critique… A-t-il encore quelque chose à déblatérer ?

PORTAL a été fondé en 1994 et a sorti son premier LP en 2003. Déjà, on sépare les hommes des enfants. Mais bon, bibi sera le premier à vous dire que "Swarth" était un sacré divertissement dans la catégorie « dépaysement disjoncté » (genre "Spores"), après qu'Enenra et Oncleguud ait généreusement léché les pieds de la créature avant moi. L'effet de surprise a duré si longtemps, eh oui… On a crié génie et victoire devant un tel mur de son saturé, de telles grattes possédées et étouffantes, de tels breaks constants, une telle voix d'outre-« trombe » (ouais, j'aime les jeux de mots, c'est une de mes principales qualités…), qu'on a oublié de penser à long terme. Comment PORTAL allait-il arriver à survivre avec son style asphyxiant à la MITOCHONDRION ?

La vraie question, si vous voulez mon humble avis, est si cette orgie de branchages sonores peut survivre dans ce cruel monde métallique que nous adorons. L'effet de surprise s'est estompé, le wow du début a foutu le camp et ce qu'on prenait jadis pour les grondements issus de la Cité de Dité, sont aujourd'hui bien pâles face à une concurrence tout azimut.

Écouter PORTAL en 2018 est donc anecdotique… C'est comme si un major des années 80 pensait renouveler la musique dansante. Ne poussons plus mémé dans les fucking orties, la pauvre, elle a assez souffert… Soyons sérieux et, si vous êtes du genre à décortiquer et analyser le moindrement, à remettre les choses en contexte, vous serez les premiers à dire que "Ion", en 2018, ne fout pas les jetons à quiconque. C'est un sous-genre de Death voué à l'extinction, qui n'a aucun intérêt capital, aucune accroche et surtout, aucune raison de prétendre à la couronne.

PORTAL, c'est devenu une tempête bruitale, voilà tout. C'est une banalité dans le monde de l'Extrême, qui est devenue beaucoup plus malsaine que les borborygmes gravés par les Australiens une cinquième fois.

Trop de mésententes, trop de flou, PORTAL n'impressionne plus l'initié, que l'éphèbe se pâmant devant un shred asphyxié. Ainsi sonne la glaire du glas. Z'êtes pas d'accord ? Y existe une section commentaires pour expier vos péchés…

Podium : fuck all.

Indice de violence : 3,5/5 et pas toujours pour les bonnes raisons.